C’est à la chasse que le sanglier donne toute la mesure de ses remarquables qualités et de ses capacités de survie. A l’affût ou à l’approche, jusqu’au début de l’automne, sa quête semble facile quand les animaux sont en confiance. Les bêtes rousses baguenaudent bruyamment, jouent et commencent à s’affronter, ne laissant aux laies, harcelées par les marcassins, que le soin d’éduquer, quelquefois fermement, les plus intrépides, jusqu’à ce qu’ils acceptent de se coucher, là où elles sont, pour donner la tétée, offrant à l’observateur une scène réelle d’amour maternel. Qu’une balle soit tirée à ce moment et tout bascule. Après la fuite, s’ils doivent revenir parce qu’ils jugent l’endroit particulièrement attractif, leur comportement sera différent. Les geais trahiront leur présence, bien évidemment, mais pas que… Un étranger dans cet environnement sera aussi instantanément dénoncé par ces aboyeurs du ciel, invitant les bêtes noires à l’immobilité et au silence absolu. Ils resteront longtemps invisibles et silencieux avant qu’un éclaireur ne montre le bout de son groin et il fera très sombre quand ils se risqueront enfin à découvert. Le sanglier a une vue médiocre, certes, mais elle est compensée par une ouïe et un odorat, exceptionnels. Cette particularité explique son goût marqué pour les endroits où la végétation est inextricable, là où la vue précisément n’a que peu d’intérêt, privilégiant de fait l’odorat et l’ouïe. En battue, rien n’est jamais écrit, même avec une compagnie finement rembuchée. Toute la troupe se range à l’expérience des anciens et imitent leur comportement. Que le vent change, que l’animal dominant ait un doute sur la sécurité, la compagnie disparaitra, ne laissant au chasseur que des regrets, et… les traces de son passage...
Par Christian Busseuil