Durant des siècles, des chercheurs se sont demandé comment, lors de leurs vols appelés poétiquement « murmures », les étourneaux formaient ces magnifiques nuages multiformes. Spectacle étonnant de voir ces milliers d’oiseaux virevolter comme s’ils ne faisaient qu’un. En 1931, l’ornithologue Edmund Selous décrivait un vol d’étourneaux comme « une danse folle dans le ciel », manifestation évidente de leur télépathie. « Les oiseaux doivent penser de manière collective, tous en même temps », écrivait-il. Mais, dans les années 1980, les physiciens ont commencé à apporter les preuves du contraire.
Ils ont créé des modèles informatiques dans lesquels des individus virtuels interagissaient selon des règles étonnamment simples, tout en se déplaçant comme ces nuées coordonnées. Ces simulations étaient convaincantes, mais les scientifiques manquaient de données qui leur auraient permis de comparer leurs modèles aux événements réels. C’est en 2005 qu’une équipe de physiciens basés à Rome, menée par les époux Andrea Cavagna et Irene Giardina ont photographié pendant trois ans les vols, et, en utilisant ces images, sont parvenus à une reconstitution 3D de la position de chaque individu, dans un « murmure » qui en comprenait plusieurs milliers. L’équipe a constaté que, peu importe la taille du « murmure », chaque étourneau n’interagit qu’avec sept de ses voisins, le maximum que peut supporter le cerveau de l’oiseau. Les oiseaux changent incessamment de position, mais les étourneaux ne s’occupent pas de ces alliances fluctuantes...
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