Comment mesurer l’impact du loup sur la grande faune sauvage ?

Si, apparemment, la prochaine saison de chasse se présente relativement bien, une ombre plane cependant sur les départements où la présence du loup est avérée. Souci majeur pour les FDC de ces départements, elles voudraient bien connaitre l’impact des grands prédateurs sur le gibier, et principalement sur les cervidés (grands et petits), les chamois, les isards et les mouflons. Dans le bulletin loup n° 40, que vient de publier la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes, on apprend que, pour l’année 2022, la protection des troupeaux a fait ouvrir 3 391 dossiers, pour une dépense de 32,7 M€, et les indemnisations des dommages (pour 4 181 constats et 12 526 victimes) s’est élevée à 4,01 M€, soit au total, et rien que pour le loup, 7,28 millions d’€ à la charge des contribuables… (Quand la Fondation Brigitte Bardot crie au scandale à propos de la loi de 2019 qui, écrit-elle : « entraine une dépense de 40 M€ de la part de l’Etat pour les chasseurs », elle oublie de préciser que la législation a modifié les missions des FDC, les chargeant des tâches administratives qui étaient auparavant assumées par les DDT et DDTM. Fermez le ban !). Cela étant, et si on reprend les chiffres annoncés, à part les 162 loups tués légalement dans le cadre du protocole d’intervention et les 7 détruits illégalement, plus rien ne filtre sur l’estimation totale du nombre de loups en France. Seuls les chiffres communiqués par l’OFB faisaient état de 906 loups « identifiés », en sortie d’hiver 2022/2023. La division est donc simple à faire : chaque loup coûte aux contribuables un peu plus de 8 000 € par an. Quant à l’impact sur la faune sauvage, il faut rappeler que chaque loup tue, en moyenne, une centaine de proies par an. Les 906 loups « identifiés » consomment donc, au total, 90 600 proies, dont 12 526 sont des proies domestiques et principalement des ovins. On peut donc en déduire que la part des proies « gibier » se monte à environ 78 000 têtes pour la France, l’extrapolation pouvant se faire de la même façon par département. Compte tenu des tableaux de chasse réalisés (environ 1 500 000 grands animaux) l’impact des loups « identifiés » serait de l’ordre de 5,5%. Pas grave diront les bobos. Certes, mais ces 906 loups… que l’on voit désormais partout, ont un sacré appétit !

 

Pour voir le bulletin Info-Loup n° 40 : c’est ICI

Chamois et isards : gourmandise des grands prédateurs…

Depuis la réintroduction des grands prédateurs, les « chèvres des montagnes » sont en mauvaise posture, et même en péril dans certains massifs alpins. Le chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra) et son proche cousin des Pyrénées, l’isard (Rupicapra pyrenaïca pyrenaïca) sont des bovidés (caprinés) ruminants artiodactyles. Les deux sexes portent des cornes très caractéristiques de l’espèce. Elles sont en forme de crochets, plus grands et plus recourbés pour les mâles. C’est un gibier très apprécié des spécialistes, qui le chassent presque exclusivement à l’approche. Le chamois, qui mesure de 75 à 80 cm au garrot et dont les boucs pèsent entre 40 et 50 kilos, est sensiblement plus gros que l’isard (30-40 kg). Très adaptés à la vie rude de la haute montagne, les chamois et isards ont un cœur volumineux permettant un flux sanguin important et des poumons très développés. La longueur des pattes est au moins égale à la moitié de la hauteur totale de l’animal ce qui lui donne toute l’aisance nécessaire pour se déplacer dans des lieux très escarpés ou enneigés…

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Sangliers : les racines du mal…

Comme les années précédentes, après le calme apparent dû à la discrétion des sangliers occupés à élever la nouvelle génération, la fin de la période de lactation a ramené les bêtes noires dans la plaine, et dans bien des départements, les dégâts de grand gibier font débats. Entre les décisions prises dans les FDC, mais peu respectées sur le terrain, la situation ne s’améliore guère. Le seul point de mesure d’une éventuelle surdensité de grands animaux se trouve donc dans le porte-monnaie, avec tous les inconvénients et risques que cela comporte… Dans le département de la Meuse, champion de France en matière de dégâts avec une enveloppe qui avoisine les 4 millions d’€, on est au bord de l’explosion… car la mutualisation des dégâts se fait au niveau des massifs ou unités de gestion. Christian Busseuil dénonce cette sorte de racket, qui oblige les petites sociétés de plaine à mettre la main à la poche, n’ayant la visite des bêtes noires que la nuit quand elles viennent viander en plaine, regagnant au petit matin les grands espaces forestiers, où sont réalisés les gros tableaux…

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Une population de mouflons à manchettes sur le Grand site Concors à Sainte-Victoire

Plus de cent mouflons à manchettes ont été dénombrés sur le Grand site Concors Sainte-Victoire, un territoire de quelque 35 000 hectares aux portes d'Aix en Provence, qui comprend la montagne Sainte-Victoire, la montagne du Cengle, les massifs de Concors, une partie de la montagne de Vautubière et leurs environs. Sur 14 communes, il s’étend de la vallée de l’Arc jusqu’à la Durance au nord, et des portes d’Aix-en-Provence au département du Var à l’est. Plus grand espace boisé des Bouches-du-Rhône, il abrite une surprenante population de « chèvres du sable », désormais bien établie. Originaire d’Afrique du Nord, ces mouflons à manchettes ont été introduits, dans les années 1980, dans une réserve de chasse privée située dans le massif du Concors. Quelques sujets s’en sont échappés, et ont suivi la continuité écologique forestière du Concors pour atteindre la montagne Sainte-Victoire où ils se sont reproduits. Depuis 2017, la Métropole Aix Marseille Provence s’est vu confier la mission de préserver et valoriser le patrimoine paysager, naturel et culturel du Grand Site du Concors Sainte-Victoire, et c’est dans ce cadre que, durant quatre jours et en collaboration avec des équipes de l’ONF, de la FDC13, de la réserve naturelle de la Sainte-Victoire, des sociétés de chasse, des jeunes en service civique et des gardes nature du Grand Site de France, que le dénombrement a été fait.

Myxomatose : la « loi de la virulence décroissante » mise à mal…

La myxomatose est une maladie virale qui provoque des nodules cutanés (myxomes), des œdèmes de la tête et des paupières, des lésions au niveau des oreilles et des troubles respiratoires. Au départ, le virus en cause était tellement virulent qu’il décimait, en deux semaines, 99% des lapins infectés. Néanmoins, au fil du temps, le virus s’est atténué, ne tuant plus que 60% des lapins infectés et sur une période plus longue. C’est à partir de ce constat que la « loi de la virulence décroissante » a été avancée, suggérant que les virus s’atténuent naturellement avec le temps. Les scientifiques, qui ont étudié l’évolution du virus se sont penchés sur trois variants. L’un des trois a induit une réponse différente chez les lagomorphes : un gonflement plus important des tissus cutanés à la base des oreilles et autour des paupières, précisément là où les moustiques sont le plus susceptibles de piquer. L’immunosuppression induite par le virus semble donc être une adaptation évolutive de ce dernier, et surtout révèle une forte corrélation avec une virulence et une transmissibilité augmentées. Alors, non, le virus de la myxomatose n’a pas faibli ces dernières décennies, il est juste entré dans une course d’adaptation évolutive avec les lignées de lapins sauvages. Il y a probablement là, une explication à la recrudescence de la mortalité observée chez les lapins depuis une vingtaine d’années.

Le gibier le moins connu de l'hémisphère occidental : le daguet rouge (Mazama temama)

Il s’agit d’un petit cerf rouge, d’une discrétion extrême, de la sous-famille des Capreolinae, identifié pour la première fois par Robert Kerr, en 1792. Autrefois considéré comme une sous-espèce de daguet rouge (Mazama americana), ce cerf est aujourd'hui classé comme une espèce distincte (Mazama temama). Une description récente lui donne un caryotype variable avec 2n allant de 48 à 54, suggérant qu'il représente plusieurs espèces. Son habitat de prédilection se trouve dans les forêts tropicales primaires et secondaires, à des altitudes allant du niveau de la mer jusqu’à 2800 mètres. Les scientifiques le pensent menacé par la chasse et la déforestation, mais le manque de connaissances à son sujet fait qu’il reste classé dans la catégorie « Données insuffisantes » sur la Liste rouge de l'UICN. L’aire de répartition exacte de ce petit cerf est encore inconnue à ce jour, mais des indices de sa présence ont été relevés dans le sud du Mexique, au nord et au centre du Belize, au Guatemala, au Salvador, au Costa Rica, au Nicaragua, au Honduras, au Panama, et pourrait évoluer jusqu'à l'ouest de la Colombie. Il occupe la forêt pérenne, sub-vivace et sèche basse, mais peut cependant se trouver sur les sites transformés (forêts secondaires et terres cultivées). Sa préférence pour les sites intacts semble être une stratégie de protection, où il peut rester immobile et se cacher dans l'épaisse végétation lorsqu'un prédateur s'approche, ou courir à travers celle-ci sans être facilement capturé. La chasse non encadrée est une menace majeure dans certaines régions, en particulier dans et autour des zones protégées. Dans l'état actuel, les mesures de protection recommandées comprennent, entre autres, un complément d'information sur l'état de l'habitat, la distribution exacte de l'espèce et son abondance, augmenter les recherches sur l'écologie ainsi que la mise en œuvre de plans et de législations aux niveaux national et international.

Le castor, un hydraulicien pas toujours bien vu…

Grâce à son statut d’espèce protégée, à la réhabilitation des zones humides, et à la faveur d'opérations de réintroduction, les populations de castors sont en expansion en France. Les derniers chiffres communiqués font état de 15000 individus. Toujours est-il que, protégé depuis 1909, le plus gros rongeur d'Europe a quand eu du mal à se maintenir, avant de se développer. Le castor d’Europe (Castor fiber) a donc progressivement recolonisé des cours d'eau à partir des années 1970, ce qui n’a pas toujours été bien accepté par ceux qui subissaient les hausses de niveau d’eau que créaient les barrages. Bien présent dans le bassin de la Loire, du Rhône, des Cévennes, de Lorraine, l’architecte des cours d’eau construit, toujours et encore…

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​​​​​​​Perdrix : n’attrapez pas le bourdon !

Dans les plaines céréalières, la perdrix a bien du mal à survivre et refaire des effectifs. Avril est le mois de la ponte et le début de la couvaison. Quelle que soit la densité naturelle, on constate souvent un excès de coqs au moment de la formation des couples. Ces « célibataires » nuisent à la tranquillité pendant la couvaison et l’élevage des jeunes. Jadis, les gardes particuliers pratiquaient la reprise des coqs surnuméraires à l’aide de cages et de  « chanterelles », ou même l’écoquetage par le tir sélectif. Aujourd’hui, ces pratiques n’ont plus lieu et pour multiplier les couples, le mieux est de lâcher une poule perdrix adulte en provenance d’élevage, dans le secteur où a été localisé un « bourdon ». Généralement, le couple se forme rapidement. La ponte se fait sur deux, voire trois jours, puis les œufs sont couvés pendant 23 jours. Les oisillons, nidifuges, pèsent environ 20 grammes au moment de l'éclosion de leur œuf, et quittent rapidement le nid. Pour l’observation, la matinée est donc la plus favorable, puisque dans la journée, les oiseaux sont immobiles, couchés dans la plaine ou cachées dans un couvert. Si la perdrix adulte est avant tout végétarienne, les jeunes se nourrissent exclusivement d'une nourriture animale, recherchant au cours des deux premières semaines des larves ou des insectes à carapace molle, très digestibles. A partir de la troisième semaine, la quantité d'insectes consommés diminuera, laissant plus de place aux végétaux riches en verdure de toute sorte. Puis, dès la 4ème semaine, l’alimentation devient presque exclusivement végétale (95% environ), le reste n’étant plus qu’une infime proportion de charançons, de sauterelles et d'araignées.

Petit gibier : y a-t-il encore de l’espoir ?

A voir les populations de petit gibier moribondes, dans des plaines altérées par l’agriculture intensive et les accidents climatiques, il y a effectivement de quoi douter. L’année 2022 a été l’une des plus mauvaises en termes de reproduction, que ce soit pour les perdrix, les faisans, les lièvres et même les chevreuils. Pour la perdrix grise, dans les territoires de référence suivis par les FDC et l’OFB, il a été constaté, là où l’eau était rare, que deux poules sur trois étaient sans progéniture. Quant aux faisandeaux, ils n’ont pas résisté à la chaleur et la sécheresse, comme les levrauts et les chevrillards, dont les survivants présentent des faiblesses corporelles rédhibitoires. Cependant, quelques indicateurs donnent encore quelques raisons d’espérer…

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​​​​​​​Introduire du faisan sur son territoire : est-ce une bonne idée ?

Il ne s’agit pas de lâcher quelques cocottes, mais d’implanter une population sauvage et viable, permettant ensuite la pratique de la chasse. A la question posée, la réponse est donc oui, sans aucune hésitation. Quand les écolos auront compris que cela fait partie de la chaine alimentaire, et que toute la faune en profite également, ils auront fait un grand pas en avant. La méthode suggérée consiste à lâcher des oiseaux, auparavant acclimatés en volières bien réparties sur le secteur concerné. Les lâchers s’effectueront en juillet/août, sur 3 à 4 années, selon les résultats obtenus…

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Le « chat-renard » est bien un félin spécifique à la Corse…

Connu de longue date des bergers corses, ce petit mammifère intrigue les scientifiques depuis des années. Mais la recherche avance et les dernières analyses génétiques ont confirmé la lignée génétique spécifique de cet animal. L'analyse « permet clairement de séparer les prélèvements de chats sauvages corses des prélèvements de chats forestiers continentaux, de chats domestiques (de Corse et du continent) et de chats de Sardaigne… » indique l'OFB dans un communiqué. Le félin, connu sous le nom corse de « ghjattu volpe » (chat-renard) en raison de la longueur de son corps et de sa queue, fait de longue date partie de la mythologie des bergers locaux. « Ils racontaient que ces chats forestiers s'attaquaient aux mamelles de leurs brebis et chèvres. C'est à partir de ces récits, transmis de génération en génération, qu'on a commencé nos recherches » expliquait en 2019 Carlu-Antone Cecchini, chargé de mission chat forestier à l'ONCFS, devenu depuis OFB. Pour les scientifiques, l'histoire a commencé plus récemment, après la capture accidentelle d'un chat de type sauvage dans un poulailler à Olcani, dans le Cap Corse, en 2008. La publication par l’OFB et le laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (CNRS-Université Claude Bernard Lyon 1) des résultats d’une étude génétique comparant les profils de chats vivant à l’état sauvage en Corse, en France métropolitaine et de chats domestiques, apporte donc un éclairage nouveau, et plusieurs partenaires institutionnels sont engagés dans ce programme en soutien (financier, technique, humain) à l’OFB, qui le coordonne : Collectivité de Corse, Office de l’Environnement de la Corse, Office National des Forêts, DREAL de Corse. Les travaux scientifiques vont se poursuivre, d’une part pour identifier différentes zones de Corse où ce type de chat sauvage est présent, et d’autre part, acquérir de nouvelles connaissances sur l’écologie de ce chat. (Photo OFB)

Est-ce la renaissance du lapin de garenne ?

Ils sont, affirment les témoins, des milliers à envahir, dès le crépuscule, les terres agricoles situées à l’est de Montpellier. Douze communes sont impactées par ce phénomène tout récent, mais impossible encore à endiguer. « Je n’ai jamais vu ça de ma vie », a déclaré Laurent Jaoul, maire de Saint-Brès, qui ajoute : « Ils causent des dégâts considérables et les agriculteurs, maraîchers et viticulteurs sont désemparés ». La préfecture de l’Hérault a confirmé cette invasion inédite et pour l’heure inexpliquée. Classé « ESOD » par arrêté préfectoral sur les communes de Baillargues, Candillargues, Lansargues, Le Crès, Marsillargues, Mauguio, Montpellier, Mudaison, Saint-Aunès, Saint-Brès, Saint-Just et Saint-Nazaire-de-Pézan, le lagomorphe a déjà détruit, depuis le début de cette année, plus de 1400 ha de grande culture et de vignes. La période de tir a donc été prolongée jusqu’au 31 mars 2023 et le piégeage est autorisé jusqu'au 30 juin 2023 (uniquement par des piégeurs agréés, et avec l'accord des propriétaires des terrains). Les lapins repris par furetage seront expatriés vers la garrigue à Saint-Gély-du-Fesc, « là où les chasseurs n'ont pas de lapin et où il n'y a pas de culture »...

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Sanglier : quand l’agrainage fait débat…

Glands, châtaignes, maïs, pois fourragers… Pour le sanglier, tout est bon, mais pas en permanence. Il a, comme tous les omnivores, des nécessités et… des préférences. Tous les spécialistes de la bête noire sont d’accord sur ce point : lors des années de fortes glandées, le rut du sanglier est plus précoce. Cette avance sur la nature, déclenchée par les qualités nutritives très particulières des glands de chênes, aura une forte incidence sur l’état des populations au cours de l’année suivante. Ce petit fruit forestier est incontestablement le met préféré des sangliers, à un point tel que notre bête noire est capable de délaisser tous les autres apports, y compris le maïs, quand le sol des forêts regorge de cette manne. Cependant, il faut être parcimonieux si, au printemps suivant, on apporte ce maïs en complément, car on pourrait donner aux marcassins un élan de croissance qu’ils n’auraient jamais eu dans un biotope naturel. Cette valeur nutritionnelle ajoutée favorise le développement corporel des jeunes animaux dont les effets « bénéfiques » auront une forte incidence sur la reproduction...

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