Le vautrait de Ménéhouarne (1834-1907)

En ce jour de la Saint-Hubert, rendons hommage à feu Monsieur le comte Hubert de Pluvié. Dans ses souvenirs, il relate l’histoire du vautrait de Ménéhouarne qui, durant trois quarts de siècle, de 1834 à 1907, chassa loups et sangliers dans la plupart des forêts de Basse-Bretagne. Véritable trésor de souvenirs, cet extrait est un retour dans l’époque où la chasse était encore une raison de vivre, et un loisir majeur dans les campagnes. Ainsi a-t-il écrit : « De temps immémorial, il y eut à Ménéhouarne quelques couples de chiens dans la voie du loup et du sanglier. Dès 1817, mon bisaïeul était lieutenant de louveterie. Son fils, puis son petit-fils lui succédèrent dans cette fonction. Cependant, tant que vécut M. du Botdéru, les châtelains de Ménéhouarne se contentèrent de découpler avec lui. Parmi les grands chasseurs du siècle dernier (ndlr : 19e) qui ont laissé des noms célèbrent dans l'histoire de la vénerie, celui du comte du Botdéru est sans doute l'un des plus légendaires de tous. Ayant émigré durant la révolution de 1793, il ne voulut pas porter les armes contre la France, et se contenta de faire la guerre aux grands animaux. Rentré en Bretagne sous le Consulat, il vint se fixer à 3 km de Ménéhouarne, au château de Kerdrého qui lui venait d'une grand-mère de Pluvié. L'un des théâtres de ses exploits était le massif des forêts de Conveau et Kerjean, où un monument a été élevé à son souvenir. Le comte du Botdéru mourut en 1834 sans enfants. Il avait pourtant épousé successivement deux sœurs, « ayant été encanaillé deux fois… » disait-il. Il légua à son neveu, le comte Ernest de Fournas, son château de Kerdrého, une fortune très ébréchée, et son excellent équipage dont la renommée était universelle. C'est de cette souche que sont sortis les chiens de Ménéhouarne. Les deux meutes chassaient toujours ensemble, et, à la mort de M. de Fournas, en 1851, elles furent réunies par mon arrière grand-père, qui avait alors 4l ans. La tenue de l'équipage était verte, à col, parements et gilets amarantes, le bouton portait une hure de sanglier entourée d'un ceinturon sur lequel était inscrit : « Rallie Camors, pique à mort ! »

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