Laurent Thévenez, taxidermiste

L’oie cendrée (Anser anser) : vol à vue...

De la famille des anatidés, comme les canards et les cygnes, l’oie cendrée est la plus commune et la plus grande des espèces d’oies grises présentes en France, ainsi que l’ancêtre de la plupart des variétés d’oies domestiques. Connue pour ses longues migrations et ses vols en « V », elle vit en grands groupes bruyants et les couples se forment pour la vie.  Bien que les zones humides soient son habitat traditionnel (baies, estuaires, marais, lagunes, prairies humides), on constate que, depuis les années 1980, les oies cendrées se sont massivement reportées sur les habitats agricoles.  Historiquement, le régime de l'oie cendrée était surtout constitué de racines, bulbes et tubercules de macrophytes (plantes aquatiques à semi-aquatiques comme les joncs, les scirpes, etc), mais, de plus en plus, l’espèce s’alimente dans les milieux agricoles, où elle est capable d’utiliser à peu près toutes les cultures (prairies, céréales, légumes), que ce soit sous forme de tubercules, graines, jeunes pousses ou feuilles. L’oie cendrée est une espèce typiquement monogame, chez laquelle les deux partenaires sont en général unis pour la vie et restent ensemble durant tout le cycle annuel. Elle niche au sol, dans la végétation, principalement de mi-février (installation des premiers nicheurs) à juillet (envol des derniers jeunes) en France. Les oisons sont nidifuges et prennent leur envol à l’âge de 50-60 jours. Espèce sociale et bruyante, tant en vol migratoire qu’en hivernage, donc facilement observable, l’oie cendrée est beaucoup plus discrète durant la reproduction. Du fait du changement climatique, les conditions d’hivernage au nord de l’Europe deviennent de plus en plus favorables, conduisant les oies à raccourcir leurs trajets migratoires et hiverner à des latitudes de plus en plus élevées (phénomène appelé short-stopping). Une grande proportion des oies cendrées sont même devenues sédentaires, passant toute l’année dans une zone comprenant les Pays-Bas, le Danemark, une partie de l’Allemagne et le sud de la Suède. A contrario, la proportion d’oies cendrées migrant jusqu’en Espagne est devenue très faible, et plus aucune n’hiverne en Tunisie...

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​​​​​​​Le rut du renard

Ennemi héréditaire des chasseurs de petit gibier (quand il y en avait encore), le renard a résisté à toutes les tentatives de destruction. Aujourd’hui, malgré une régulation nécessaire en certains lieux, il se porte bien à la campagne, mieux encore en ville où il tire, sans grande fatigue, sa pitance. Son taux de reproduction est en général bon, sauf les années où une trop grande humidité règne dans les terriers. Courant janvier, la saison des amours bat son plein, et elle se poursuivra jusqu’à mi-février. Pendant cette période, les testicules des mâles grossissent, atteignant parfois 5 à 6 fois leur volume normal, et au cours de l’œstrus des femelles, qui dure trois semaines, la fécondation ne sera possible que trois jours seulement. Leur vulve est alors enflée, rose, humide, et lors de l’accouplement, le « verrouillage » qui suit la copulation dure jusqu’à 90 minutes. Pendant la saison des amours, les renardes aboient dans la nuit, à l’écoute des réponses des mâles. Quand tout s’est bien passé, les renardeaux naitront dans un terrier, après 52 à 54 jours de gestation. Ils seront, chez les femelles adultes, 4 ou 5, ce qui ne posera pas de problème d’allaitement puisque la renarde aura 8 mamelles à leur offrir. Comme pour toutes les espèces, l’abondance de la nourriture influencera l’importance de la portée, la seule dans l’année. Un renardeau pèse une centaine de grammes à la naissance et un sex-ratio de 1/1 est attribué à l’espèce. A quatre semaines, les jeunes effectueront leurs premières sorties à l’air libre, en restant cependant très proche de la gueule de terrier. Puis, la confiance venant, ils s’en éloigneront, mais toujours sous la surveillance de la renarde, surveillance qu’elle exercera jusqu’à ce que ses petits aient atteint leur maturité, vers l’âge de 8 à 9 mois.

Les migrations « transmises » vont-elles à l’encontre des migrations « apprises » ?

Bien que des décennies de recherches aient enrichi notre compréhension des déclencheurs immédiats et des moteurs profonds des migrations pour divers taxons, les mécanismes par lesquels les populations établissent ces comportements migratoires restent largement énigmatiques. Cependant, des études récentes ont commencé à mettre en lumière l'interaction entre les migrations génétiquement héritées, et celles acquises par apprentissage, offrant ainsi une perspective pour examiner comment la migration peut être apprise, instaurée et maintenue. Malgré ces avancées, dans le cas des espèces migratrices où l’apprentissage joue un rôle manifeste, les scientifiques ne disposent toujours pas d’un cadre complet pour expliquer comment les populations apprennent des itinéraires précis, et affinent leurs trajectoires migratoires au fil du temps. L’étude s'appuie sur les progrès en écologie comportementale et en écologie du mouvement, pour proposer un cadre intégratif décrivant comment une population peut évoluer d’un mode de vie sédentaire vers un comportement migratoire. Elle relie les recherches cognitives sur les signaux perceptifs à petite échelle, et les décisions de mouvement, à la littérature sur l’apprentissage et la transmission culturelle, dans le contexte des modèles émergents de migration. Les divers mécanismes et processus cognitifs, permettent aux populations de répondre aux contraintes saisonnières sur les ressources, d’encoder dans leur mémoire des informations spatiales et environnementales sur la disponibilité de ces ressources, et de s’appuyer sur l’apprentissage social pour naviguer efficacement dans leurs paysages. Dans un contexte marqué par une intensification des efforts de réintroduction à l’échelle mondiale et par les transformations rapides des signaux environnementaux et des paysages sous l’effet des activités humaines, il devient plus crucial que jamais de comprendre les origines de ces comportements migratoires menacés.

Le sanglier à poils de jarre : cela va de soies !

La toison du sanglier, avant tout protectrice, est composée de deux types de poils. Au plus près de la peau, une première couche de poils de jarre, fins et laineux, constitue la bourre. Ce duvet joue un rôle essentiel dans l'isolation thermique, aussi bien contre le froid que contre le chaud, grâce à sa capacité à emprisonner de l'air. Chez les suidés en général, et chez le sanglier en particulier, l’épiderme est peu pourvu de glandes sudoripares, ce qui limite leur transpiration. Cette particularité complique l’évacuation de la chaleur corporelle, rendant la souille indispensable. Contrairement au cerf, que l'on peut voir « blanc d’écume » après une course, le sanglier ne présente pas ce phénomène. À l’image de nos chiens, il régule sa température interne par une polypnée thermique, augmentant la fréquence de sa respiration pour haleter et se rafraîchir. La deuxième couche de poils, les soies, est moins dense, mais composée de poils raides et robustes. Ces soies assurent une protection mécanique, permettant au sanglier de traverser des milieux denses et difficiles. Elles déterminent également la couleur générale de l’animal, qui varie selon la proportion de teintes plus claires (blanc, gris, roux) sur leur partie supérieure. Les soies, souvent bifides à leur extrémité, sont plus longues et abondantes sur les épaules et l’échine, contribuant à la silhouette imposante des mâles adultes, particulièrement lorsqu’elles sont hérissées...

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Le pécari à collier (Pecari tajacu) ajouté au système de cotation du BCC

La proposition, élaborée par un groupe de travail regroupant des gestionnaires de la faune des États-Unis (Texas, Nouveau-Mexique, Arizona) et du Mexique, ainsi que d'autres organisations de conservation, a été soumise au comité des records de gros gibier du BCC. Lors de sa réunion annuelle à Charlotte, en Caroline du Nord, le comité a voté à l'unanimité en faveur de l’inclusion du pécari, amorçant un processus visant à définir des protocoles de mesure et des scores minimaux. Dans leur proposition, les agences ont souligné l’importance du pécari à collier, également connu sous le nom de javelina, en tant qu’espèce de gros gibier dans le sud-ouest des États-Unis et au Mexique. « L’éthique de la chasse équitable, promue par le Boone and Crockett Club, exige un profond respect pour les espèces de gros gibier uniques. Ajouter une catégorie dédiée au javelina dans les Records of North American Big Game reconnaît cette espèce distincte et renforce l’intérêt croissant pour sa chasse. Les chasseurs ayant capturé un spécimen éligible ressentent une grande fierté, ce qui se traduit par une motivation accrue à préserver cette espèce et son habitat », précise la proposition. Les critères pour inclure une nouvelle catégorie au registre sont rigoureux  : l’espèce doit occuper une vaste aire géographique, disposer de populations abondantes et bénéficier d’un soutien scientifique ainsi que de l’approbation des agences de gestion de la faune concernées. La dernière inclusion d’une nouvelle espèce remonte à 1998 avec l’ajout des wapitis de Tule en Californie. Kyle Lehr, directeur des archives de gros gibier du club, ajoute : « Alors que nous travaillons à définir les scores minimaux, nous collaborerons avec les États et le Mexique pour établir un équilibre entre la reconnaissance d’un spécimen mature exceptionnel et une bonne représentation de l’espèce dans son ensemble. Nous devrons également déterminer si un pécari mature du Texas est significativement différent, d’un point de vue mesurable, d’un spécimen mature d’Arizona ». Avec cette décision, le Boone and Crockett Club poursuit son rôle de leader en matière de conservation, en encourageant des pratiques de chasse responsables et en célébrant les espèces emblématiques de l’Amérique du Nord.

Mortalité anormale des chevreuils : le réseau SAGIR alerte…

Depuis plusieurs semaines, sur quasiment la totalité du territoire métropolitain, de nombreux signalements de mortalité de chevreuils ont été rapportés. Ce qui distingue cette année par rapport aux précédentes, c'est la proportion significative d’animaux adultes concernés. Bien que certains soient en bon état corporel, la majorité présente des signes de maigreur avancée et un autre constat apparait également : beaucoup de chevrettes adultes ne sont pas suitées. Le réseau SAGIR communique : « Nous n'avons pas encore eu le temps d'analyser en profondeur les données d'Epifaune (qui sont incomplètes), ce qui nous empêcherait de dresser un comparatif avec les années précédentes. Cependant, nous étudions minutieusement les rapports de nécropsie et d'histologie dès leur réception, dans les départements où les alertes ont été émises par l’ITD et la LVD, et où nous avons accompagné le diagnostic. À ce jour, aucune infection sous-jacente majeure, comme la CWD, n’a été identifiée, bien que quelques cas isolés de Metarhizium granulomatis aient été relevés. De même, la FCO et la MHE ont été détectées mais sans impact morbide significatif. Les animaux sont très maigres, mais les réservoirs gastriques sont remplis et un contenu intestinal (diarrhée, bien que non systématique) a été observé, ce qui indique que les animaux continuent à s’alimenter et qu’il n’y a pas de stase digestive…

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Sanglier : avec un peu de retard, le rut enflamme les grands mâles

C’est d’évidence le moment d’en parler puisque le rut du sanglier est déclenché. A l’arrière du sanglier mâle, les attributs sexuels ont longtemps alimenté bien des fantasmes. Les testicules du sanglier sont situés à l’extérieur de la cavité abdominale, et sont protégés par une poche cutanée, le scrotum, formé de 2 couches (la peau, puis une couche interne nommée fascia superficiel). Cette position leur permet de rester à une température légèrement inférieure à celle du corps, condition indispensable à la formation de spermatozoïdes viables. Ils sont donc les principaux organes de la reproduction chez les mâles, et assurent la fabrication des spermatozoïdes. La maturation de ces derniers se fait en quelques jours durant leur cheminement de l’épididyme vers l’ampoule déférentielle, où ils sont stockés jusqu’à l’éjaculation. Les testicules produisent aussi une hormone, la testostérone. Celle-ci assure diverses fonctions dont un rôle prépondérant dans le développement des caractères masculins. Elle stimule également le développement des organes annexes de l’appareil reproducteur, et possède un effet stimulant sur l’anabolisme des protéines. Comme chez tous les mammifères, la reproduction sexuée se caractérise par une fécondation interne qui nécessite une introduction des gamètes mâles et femelles. Le développement embryonnaire est donc en étroite relation avec l’organisme de la mère. Il est l’aboutissement de la viviparité, qui est une acquisition des mammifères, quand ils se sont affranchis du milieu aquatique pour la reproduction, qui devient possible à partir de la puberté, avec la mise en action des gonades. L'émission de sperme par éjaculation résulte d'une stimulation nerveuse centrale adrénergique, entraînant une contraction des muscles lisses des épididymes, des canaux déférents, des vésicules séminales et de la prostate, de telle sorte que les spermatozoïdes arrivent dans l'urètre (où ils se mélangent aux sécrétions des vésicules séminales et de la prostate) d'où ils sont expulsés en jet. Chez les animaux, il y a synthèse d'un peu de DHEA dans les surrénales, sans sécrétion. Seul l'homme et les singes supérieurs (gorilles et chimpanzés) ont une sécrétion surrénalienne importante de DHEA. L’exception naturelle vient de notre sanglier, qui sécrète également un peu de DHEA et ce phénomène est encore inexpliqué (Baulieu E.E., Fabre-Jung, 1967 « A secretory product of the boar testis » …

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Un gibier sud-américain dont on parle peu : le pécari

Au Paraguay, dans l’enfer vert de « Gran Chaco » une région qui s'étend du sud de la Bolivie au nord de l'Argentine, le pécari ne s’en laisse pas conter. Cet animal à sang chaud a dû être fait pour les chasseurs à sang-froid, tellement son agressivité en a fait reculer plus d’un… Les pécaris appartiennent à la famille des Tayassuidae. Il en existe trois espèces : le pécari à collier, le pécari à lèvres blanches et le pécari du Chaco. Cette dernière espèce n’était pas connue avant 1975, si ce n'est à l'état fossile, un crâne ayant été découvert dans le nord-ouest de l’Argentine ce qui avait valu à l’espèce le nom de Platygonus wagneri. Et ce n’est qu’en 1975 que des sujets vivants ont été identifiés dans le sud-est de la Bolivie et l’ouest du Paraguay. Bien qu’ils n’aient pas la taille imposante du sanglier, les pécaris pèsent, pour les plus imposants, une quarantaine de kilos, mais attention, ils ont de la ressource et surtout un instinct d’entraide exacerbé. Ils vivent donc en groupes très soudés, souvent composés de plusieurs dizaines d'individus, et lorsqu'ils se sentent menacés, ils adoptent des comportements défensifs collectifs, formant une barrière compacte qui leur permet d'intimider leurs prédateurs. Face à un danger, ils n'hésitent pas à charger et à utiliser leurs dents aiguisées pour se défendre. Ils ont aussi des canines acérées (les défenses) qui peuvent infliger des blessures sérieuses à l’agresseur, qu’il soit animal ou humain. Leur petite taille leur confère une rapidité et agilité exceptionnelle, qui les rend capables de réagir rapidement à une menace. Dans certaines cultures d'Amérique centrale et du Sud, d’où ils sont originaires, les pécaris sont perçus comme des animaux potentiellement dangereux à cause de leur tempérament protecteur, et leur instinct de défense peut rendre une rencontre avec eux risquée, si l'on se trouve trop près de leur groupe ou de leurs petits.

Et comment vont nos grands tétras vosgiens ?

Venus de Norvège, et six mois après avoir été relâchés dans la réserve naturelle nationale du Grand Ventron par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, les grands tétras semblent se plaire dans leur nouveau cadre de vie vosgien. Ils étaient neuf dans ce premier apport, mais victime d’un prédateur, l’un d’eux a disparu. Ils ne sont donc plus que huit aujourd’hui à porter les espoirs de revoir cette espèce emblématique dans les Hautes-Vosges. L’expérience, menée pour la première fois dans la région a pourtant fait couler beaucoup d’encre, un vent de contestation s’étant levé dans quelques associations de défense de la nature (« SOS Massif des Vosges », « Oiseaux nature », « Vosges nature environnement », « Avenir et patrimoine 88 » et « Paysage nature et patrimoine de la montagne vosgienne ») sans doute vexées de voir que, malgré l’opposition manifestée par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel qui dénonçait une opération aussi inutile que coûteuse, le Parc naturel régional tenait bon et obtenait le feu vert pour lancer l’opération. Equipés de balises, les oiseaux sont suivis au jour le jour, et tous leurs déplacements sont enregistrés. « Presque casaniers, ils se déplacent autour de leur zone de réintroduction et y reviennent régulièrement. Trois oiseaux ont cependant exploré les lignes de crêtes à l’est, au nord et au sud.  Partis pour un mois voire plus, ils ont parcouru jusqu’à 30 kilomètres, jusqu’aux ballons comtois pour l’un d’entre eux, avant de revenir » précise Fabien Diehl, coordinateur du programme de renforcement qui déplore cependant que, lors de la période de reproduction, les œufs ont été incubés pendant 26 jours, mais quelques-uns ont été prédatés entre la mi-mai et début juin. Selon le coordinateur : « le taux de survie, malgré la perte d’un oiseau, est très satisfaisant, six mois après leur arrivée… ».

Ça chauffe en montagne : le chamois face au changement climatique

Avec la hausse des températures et les changements climatiques, les chamois sont poussés vers des altitudes plus fraîches en montagne. Ce changement d'habitat pourrait toutefois ne pas suffire à assurer leur survie à long terme. Initié par le Conseil international pour la conservation de la faune sauvage, et coordonné par le professeur Klaus Hackländer, le projet « Chamois et changement climatique » vise à étudier :

- la manière dont les chamois s'adaptent au réchauffement climatique,

- de mieux comprendre leur changement de comportement,

- de développer des stratégies de gestion durable pour protéger à la fois l'espèce et les écosystèmes alpins qu'ils habitent.

Avec la hausse des températures, les chamois se déplacent vers des altitudes plus élevées à la recherche de climats plus frais, mais ils passent aussi plus de temps dans les forêts de basse altitude. Si cette migration a entraîné une augmentation de leur nombre en forêt, elle présente également de nouveaux défis. Les écosystèmes forestiers, déjà mis à rude épreuve par les sécheresses et les infestations de scolytes, sont désormais confrontés à une pression accrue due à la croissance des populations de chamois, entrainant des besoins de reforestation dans ces zones plus urgents, car ces forêts jouent un rôle crucial dans la protection des infrastructures humaines…

Sanglier : la discrétion des solitaires

Chez les sangliers, au moment du rut qui s’étale de mi-octobre à mi-janvier, les mâles se remisent souvent dans une enceinte proche de celle où se trouve la compagnie. Durant cette époque, les animaux sont souvent sur pied de jour, faisant fi de leur prudence habituelle. Il en est de même pour les mâles, moins discrets qu’à l’accoutumée. Erratiques, à la recherche d’une laie consentante, ils se déplacent loin de leurs remises habituelles, créant souvent la surprise en des lieux désertés par eux, le reste de l’année. Ces animaux ne sont pas faciles à approcher, et encore moins à pousser vers la ligne des fusils postés. Cependant, il arrive souvent qu’un chasseur en aperçoive un qui vient vers lui. Alors, il épaule, attend que l’animal franchisse la ligne… attend et attend encore ! C’est à croire que, plus ils sont gros, plus ils disparaissent facilement. Paradoxalement, quelques-uns se font occire banalement, en retour, dans les dernières minutes de la battue, lorsqu’on ne les attend plus. Les traces d’un grand solitaire donnent un pied large aux pinces bien fermées, bien nettes, les gardes pointues. Même au cœur des battues, confiant dans sa force, il ne quitte pas sa bauge s'il n'y est pas inquiété. C'est la raison pour laquelle les traqueurs doivent être volontaires pour pénétrer les ronciers les plus épais, afin de le déloger. Il est donc impératif de ne négliger aucun roncier, même s’il semble trop petit pour en abriter un…

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Sangliers : après avoir vu rouge, peut-être n'y voient-ils que du bleu...

Le docteur Heinz Meynhardt, éthologue allemand, a vécu quotidiennement pendant seize ans au contact des sangliers. Sa proximité était telle, qu’il a même réussi à se faire adopter par une compagnie. Son expérience scientifique, mondialement reconnue et saluée, sa thèse de doctorat, le prix Leibnitz décerné en 1981 par l’Académie des Sciences de l’ex Allemagne de l’Est, le hissent au niveau des plus grands. Publié en 1991, son livre « Ma vie chez les sangliers » est une mine de réflexions et d’informations pour tous ceux qui sont passionnés par les bêtes noires. Ce qu’il dit de la perception des couleurs par les sangliers laisse perplexe les habitués que nous sommes à entendre affirmer que les animaux ne distinguent pas les couleurs. Ainsi, il écrit : « Il est bien connu que les sangliers ont, en général, une mauvaise vue, les avis étant partagés quant à leur capacité à distinguer les couleurs. Portzig décrit les séries d’essais de Klopfer et Westley (1954), selon lesquels des porcs domestiques éprouvaient de très grandes difficultés pour différencier le noir et le blanc. Sur 18 animaux testés, 3 seulement furent capables de faire cette distinction. D’autres essais effectués plus tard par Klopfer et Butler (1964), permirent d’affirmer qu’ils distinguaient bien le bleu, le vert, le jaune et le rouge. Ces divergences d’opinion m’ont incité à faire quelques essais avec mes sangliers…

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La bosse du garrot chez le cerf

Cette proéminence, située à la pointe des omoplates, n’est pas sans éveiller la curiosité. Baptisée « bosse du garrot » ou « bosse des ânes », elle devient visible chez le cerf dès sa cinquième année. Le mégacéros, il y a plus de 10 000 ans, portait déjà une bosse très saillante, située juste à la verticale des omoplates, comme le montrent certaines peintures rupestres. D’ailleurs, une dizaine de spécimens, trouvés dans les tourbières d’Irlande au 18e siècle, attestent également de la présence de cette particularité. En art pariétal, cette excroissance est souvent représentée dans une couleur plus foncée que le reste du corps. Chez le cerf élaphe, de multiples évènements ont fait que cette bosse est devenue, au fil du temps, plus saillante. En cette période de brame qui commence à être sonore, les observations vont se multiplier, une bonne occasion d’en apprendre un peu plus sur notre roi de la forêt…

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Cerf : la période du brame est-elle identique à celle du rut ?

Rut et brame, chez le cerf, sont évidemment indissociables, bien que... Si l’on se réfère à la définition du rut, on lira : « Période au cours de laquelle la fécondation est possible chez les mammifères ». Pendant cette période dite « des chaleurs », les animaux recherchent donc l’accouplement. Selon cette première partie de définition, tirée du « Petit dictionnaire de la Médecine du gibier » de Bernard Colin, publié aux éditions du Gerfaut, le rut est lié à un phénomène physiologique, à savoir les chaleurs. La définition se poursuit en ces termes : « Chez la femelle, le rut correspond à la phase d’œstrus, au cours de laquelle il y a ovulation. Le rut, chez les mâles, n’existe que si les femelles de la même espèce sont elles-mêmes en rut. Cette période, chez le cerf, correspond au brame ». Pourtant, on peut constater que le brame commence parfois très tôt, alors que les biches ne sont pas encore en chaleur, c’est-à-dire en rut. Dans l’ouvrage « Le cerf » (de Guy Bonnet et François Klein, aux éditions Hatier), il est indiqué que « le cri du mâle constitue la manifestation la plus caractéristique de la période de reproduction. Le vocable « brame » désigne d’ailleurs à la fois l’époque du rut et le cri du cerf ». D’où cette question : le brame est-il inclus dans la période du rut, ceci dans le sens où son apogée se situe au milieu de la période du rut et que, de part et d’autre de ce temps fort, il débute et se termine avec des fréquences de raire bien plus faibles ? C’est ce qu’ont observé les auteurs de l’ouvrage (Clutton-Brok, Guinness et Albon) : « Le cerf élaphe : comportement et écologie des deux sexes ». Ils ont consigné, au cours de 118 heures d’observation, le nombre de séquences de raires d’un cerf de 9 ans entre le début, le milieu et la fin du rut, respectivement du 20 septembre au 1er octobre, du 1er au 15 octobre, et du 15 au 25 octobre. Ces dates paraissent un peu tardives pour nous, mais précisons qu’elles concernent la population de l’île de Rhum, en Ecosse, où les études menées là-bas, confirment bien que le brame est inclus dans la longue période de rut...

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