Brésil : la peur de l’autoroute transamazonienne…

Le 18 décembre dernier, le projet de loi (PL 4994/2023) a été inscrit à l'ordre du jour de la séance plénière de la Chambre des députés (chambre basse du Congrès national du Brésil) sous un régime spécial « d'urgence » qui garantit un débat minimal et un vote rapide. Le sujet, d’importance s’il en est, concerne la construction de l’autoroute BR-319. Les défenseurs du projet affirment que cette voie devrait réduire l’isolement des deux états connectés : Amazonas et Rondonia, Manaus n’étant accessible que par voie fluviale et aérienne depuis le reste du Brésil une bonne partie de l’année, mais pour les opposants, cette brèche géante dans la forêt amazonienne pourrait déclencher une vague de déforestation illégale. Une voie autoroutière avait bien été construite dans les années 1970 par un gouvernement militaire cherchant à peupler l’Amazonie, mais elle a été rapidement abandonnée. Puis, à la fin des années 1980, la majeure partie de l’autoroute qui s’étendait sur quelque 900 kilomètres entre Porto Velho, dans l’État de Rondonia, et Manaus, dans l’État d’Amazonas, s’était désintégrée en un chemin de terre défoncé. Une grande partie de la route est désormais impraticable pendant la saison des pluies, et les véhicules qui tentent de le faire pendant les mois secs rampent le long du trottoir accidenté, évitant d’énormes nids-de-poule et les débris de la jungle. Les spécialistes affirment que si la voie est repavée, cela déclenchera une explosion de la déforestation dans l’État d’Amazonas, qui abrite la majeure partie de la forêt tropicale la mieux préservée du Brésil en raison, justement, de ce manque de routes.

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