Ce sont les estimations du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), qui s’appuie sur la tendance des dix dernières années au cours desquelles, en moyenne, 20 000 hectares de terres agricoles sont délaissés tous les ans. « Globalement, entre 2,7 et 3 millions d’hectares de terres agricoles seraient en état d’abandon, l’équivalent d’un peu plus de 10% des surfaces travaillées pour l’agriculture » précise le CGAAER dans un rapport intitulé « Stratégies d’usage des terres en France dans l’objectif d’assurer la souveraineté alimentaire et de préserver la biodiversité ». Pour les hauts fonctionnaires, cet abandon est un angle mort du débat sur « l’usage des terres agricoles et son optimisation », dans lequel plane une certaine inquiétude sur l’insuffisance du foncier agricole pour nourrir une population croissante. Ces terres sans usage, hors artificialisation ou reboisement, pourraient-elles retourner à l’agriculture ? « On n’est pas sur les mêmes qualités de terrain » a souligné Nicolas Agresti, directeur des études à la Fédération nationale des Safer, qui distingue trois types de friches :
- les parcelles qui sont devenues définitivement inexploitables, comme des terrains pollués,
- les parcelles où l’agriculture a eu des difficultés à maintenir sa présence (terrains en coteaux, petites parcelles difficiles d’accès, recul d’une activité d’élevage),
- les parcelles liées à la rétention foncière, notamment en bordure de zone urbaine, avec des propriétaires qui espèrent que leur terrain sera un jour classé dans la catégorie « terrain à bâtir.
Pour le CGAAER : « dans le débat sur les usages des sols, en particulier en faveur de la biodiversité, on ne peut négliger ces terres abandonnées, ni celles qui retrouvent un état forestier… ».
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