En octobre 1875, alors que l’automne réhaussait les couleurs des vastes forêts de Bohême, l’empereur François-Joseph Ier, souverain de l’Empire austro-hongrois, se rendit à Konopiště, l’un de ses domaines de chasse favoris. Situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Prague, ce château, entouré de milliers d’hectares de forêts giboyeuses, offrait le cadre idéal pour l’une des passions les plus ardentes de l’empereur : la chasse. François-Joseph, âgé de 45 ans à cette époque, était connu pour sa discipline militaire, sa sobriété personnelle, et une dévotion presque religieuse à ses devoirs d’État. Mais, loin de Vienne, dans la solitude des bois, et au cœur du fracas d’une battue, il retrouvait une autre forme de concentration et d’accomplissement.
Depuis sa jeunesse, il nourrissait une passion pour les armes à feu, en particulier les fusils de chasse de précision, et suivait avec intérêt les innovations en matière de mécanismes à répétition, de canons rayés, ou encore de munitions modernes à percussion centrale. En cette journée claire d’octobre, la battue rassemblait une suite impressionnante : officiers de la cour, nobles hongrois et autrichiens, gardes forestiers, rabatteurs, et valets de chiens. Mais, au centre de cette assemblée, se tenait l’empereur lui-même, vêtu sobrement d’une veste de chasse de loden vert foncé, une casquette rigide sur la tête, et un fusil à deux canons superposés sur l’épaule, un modèle spécialement commandé chez Ferlach, la fabrique d’armes autrichienne, déjà célèbre...
Côté Loisirs, La Littérature...