Les bâtisseurs du printemps

La période des giboulées annonce la renaissance de la nature. C'est aussi le temps des architectes ailés,  plus précoces que les terrestres, donc les plus pressés de restaurer ou de bâtir le berceau de leur future progéniture. Pour qui connaît une corbeautière ou une héronnière, c'est un signe qui ne trompe pas. Avec le retour des propriétaires de ces nids hauts perchés, le printemps n'est pas loin, même si l'hiver tarde à lui laisser la place. Si les corvidés, grâce à l'augmentation des surfaces ensemencées depuis l'automne, en tirent l'essentiel de leur nourriture, l'échassier gris, en raison de son statut de protection, est plus à la peine et a dû s'adapter, de même que sa cousine blanche, l'aigrette. Mais cela irrite parfois, car leur démographie galopante pose désormais le problème d'une cohabitation délicate avec l'homme. « De plus en plus de colonies de freux ont tendance à se déplacer de la campagne vers les parcs urbains, ce qui occasionne pas mal d'ennuis pour les riverains de ces corbeautières, surtout si elles dominent des parkings de stationnement. Pour tenter d'y remédier, un peu partout en France, des municipalités ont pris des mesures drastiques (enlèvement des nids, effarouchement), pour inviter les indésirables à pondre ailleurs. En revanche, le problème est différent pour les hérons cendrés. Comme les héronnières se trouvent généralement dans des secteurs boisés en campagne, les intéressés ne salissent pas les véhicules, mais leur appétit prononcé pour la faune halieutique n'est pas du goût des associations de pêche, des pisciculteurs... et des chasseurs, car le grand bec absorbe également tous les levrauts, perdreaux et faisandeaux qu'il rencontre. Selon le dernier inventaire de l'avifaune de l'Hexagone, l'éminence grise des marécages a connu un boom démographique impressionnant. Avec environ 10 000 couples nicheurs sur le territoire national dans les années 1980, ses effectifs ont été quasiment multipliés par cinq. Aujourd'hui, l'oiseau semble préférer s'installer en petites colonies de quelques dizaines de couples au détriment des gros rassemblements d'autrefois. Outre ces deux espèces grégaires, la période de mi-mars à mi-avril sonne le temps des amours, ou du réveil pour bien d'autres hôtes.

 

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