Se faire un prénom, quelle chose ardue lorsqu’on reste dans le domaine des lettres dominé par un homonyme, François-René de Chateaubriand… Effectivement, il n’y a nulle parenté entre le grand écrivain et homme politique François-René de Chateaubriand, et le sujet de cette chronique, Alphonse de Châteaubriant. C’est en 1693, que la famille Van Bredenbeck, d’origine flamande et déjà installée en France, acquiert le fief de Châteaubriant en Anjou. L’enracinement local se fait génération après génération, et, tout naturellement, est gommé le patronyme flamand. La famille est installée dans les environs de Nantes, et c’est là qu’il nait, le 22 mars 1877. Comme tous les fils de bonne famille, Alphonse fait ses humanités au lycée de Nantes. Il y sera le condisciple du musicien Paul Ladmirault, de l’illustrateur graveur Jean-Emile Laboureur, qui pourtant ne travaillera pas pour ses romans, de Clément Huntziger, futur général. Il y prépare le concours de Saint Cyr, mais ne poursuit pas dans cette voie et opte pour la carrière littéraire. Après la guerre de 1914, qu’il fait dans les services de Santé, sa notoriété d’écrivain s’établit. Peu de livres, mais déjà de grands succès de librairie, puisque « Monsieur des Lourdines » reçoit le prix Goncourt 1911, et « La Brière » est couronné du Grand Prix du Roman de l’Académie Française, en 1923. Le voilà donc catalogué candide défenseur et illustrateur d’un monde provincial de l’ouest, en train de faire sa mue…
Par Louis-Gaspard Siclon