Son œuvre, très importante, fut honorée lors d’une exposition au musée de Gien, en 1993… Celui à qui avait été décerné le titre du « Buffon du 20e siècle » était gaucher. Un gaucher peu contrarié, puisqu’il dessinait, d’un coup de crayon magique, des deux mains. Et quand le médecin opère, quelle aisance du bistouri… L’origine alsacienne de la famille Oberthur est transcrite par le « ¨ » sur le « u », qui fut conservé jusqu’en 1942. C’est son grand–père qui fonda la célèbre imprimerie à son nom. Elle employa, à Rennes, plus de 1 000 personnes. C’est donc dans cet environnement breton de la haute bourgeoisie que grandit Joseph, fils de Charles. Son père cumula charges et honneurs. Maire de Monterfil où la famille avait une propriété d’avant la Révolution, premier adjoint de la municipalité de Rennes, administrateur de la Banque de France, président de la Chambre de Commerce… Cet attachement à sa province d’origine fut viscéral. Dès qu’il pouvait fuir Paris, il sautait dans le premier train pour sa Bretagne. Il ne sera pas attiré, ni par la gestion de l’entreprise familiale, ni par l’entomologie, où ont brillé ses deux parents qui avaient constitué de magnifiques collections. Il opta pour la profession libérale. Aussi, ce fut vers la médecine que s’orienta le jeune Joseph. L’étude de l’anatomie développa son goût du dessin. Il put même profiter des conseils d’Oliver de Penne, peintre animalier reconnu. Durant ses études de médecine, Joseph arrondissait ses fins de mois délicates de modeste carabin, grâce à la vente de ses œuvres auprès des galeries parisiennes. Ses réalisations furent exposées, de 1911 à 1914, sur les cimaises avec celles d’Edouard Doigneau, Paul Tavernier, Jules Bertrand Gelibert, toutes bonnes signatures recherchées. C’est dans la spécialité de neurologie et d’orthopédie qu’il débuta à l’hôpital de Berck, avant la guerre. Puis, dans les années 1920, il prend son envol et dirige l’établissement d’Hydrothérapie d’Auteuil.
Par Louis-Gaspard Siclon

Il n’est pas de bon journal sans une pléiade d’excellents journalistes, pleins de verve et de talent… Collaborateur du « Journal des Chasseurs », et auteurs de nombreux textes sur la chasse, au milieu du 19ème siècle, Joseph Lavallée fut de ces écrivains qui se consacrèrent entièrement à leur passion. C’est le 8 Août 1801, que naquit, à Paris, Joseph-Félix Lavallée, marquis de Bois Robert. Après une bonne formation juridique, puis la connaissance de la littérature classique, il s’inscrivit au barreau de Château-Thierry. Mais notre avocat et avoué jettera rapidement sa robe aux halliers pour vivre sa passion, la chasse. Malheureusement, nous n’avons aucun portrait de cet auteur aussi discret que la licorne qu’il portait dans son blason. En 1836, il fut attiré par l’entregent de Léon Bertrand qui lançait ce fameux « Journal des Chasseurs », bible de la chasse de cette époque. Il y sera un collaborateur assidu et remarqué. Sa culture juridique lui fera écrire sur le braconnier, nouvelle dénonçant ce fourbe trop souvent absout par le public. Ces pages sont publiées dans l’encyclopédie éditée par Curner « Les Français peints par eux–mêmes ». Ensuite, il se livrera à une analyse complète de ce grand texte fondateur de notre chasse moderne, la fameuse loi de 1844.
Ce Français « américanisé », né à Aix en Provence en 1816, avait répondu à l’appel des grands espaces du pays des bisons, qui avaient nourri son imagination. C’est donc lors de sa vie aux Etats-Unis qu’il rencontra l’écrivain américain connu sous le nom de Capitaine Mayne-Reid, dont il devint l’ambassadeur–traducteur. Pourtant, rien ne prédisposait ce méridional à quitter les rives de la Méditerranée, lui qui était issu d’une honorable famille d’Aix en Provence. Son père était un peintre bien coté, et son frère fit une brillante carrière d’architecte, puisqu’on lui doit la construction de la cathédrale de Marseille. Bénédict-Henry décéda à Paris après s’être effondré, victime d’un malaise, dans une pharmacie de la rue de Phalsbourg, en juin 1882. Mais entre ces deux dates, il avait vécu le bouillonnement de l’aventure américaine, et s’était fait un nom dans les lettres...
C’est une belle histoire que celle du « Triple Hallali », contée par le Marquis de Brissac. Nous sommes en forêt de Rambouillet, en 1771, le 3 novembre, fête de Saint-Hubert. Louis XV, sexagénaire gaillard, découple, et après trois heures de chasse, son cerf va à l’eau. Les trompes royales sonnent, auxquelles, à l’étonnement de tous, d’autres font écho, car voici un deuxième dix-cors, puis un troisième qui rejoignent le premier dans l'onde, suivis par deux autres meutes et veneurs galopant sur les rives. On reconnait la tenue rouge à parements bleus du duc d’Orléans, venu de Dourdan, et la tenue ventre-de-biche, parements amarante, du Prince de Condé, venu de Chantilly. « Que mes Cousins se présentent à moi », dit le Roi.
Or, Condé et Orléans sont quelque peu en disgrâce auprès du Bien-Aimé. A la faveur du triple hallali, c’est la réconciliation dans l’apothéose des prises, sur un fond de futaie reflétant les ors de l’automne dans le miroir des eaux… De cette belle histoire, le peintre Develly en réalisera une gouache en 1842, pour décorer un vase de Sèvres offert par le duc d'Aumale au Bey de Tunis. Oui, une belle histoire que les écrivains et les conférenciers se repassent en l’enjolivant à chaque fois, mais une belle histoire de fond de boutique rambolitain, toujours narrée… mais fausse, car inventée de toutes pièces…
Quelle chance de pouvoir intégrer, dans les auteurs cynégétiques, celui qui entra au Panthéon en novembre 2002, pour le bicentenaire de sa naissance. Compagnon de lectures pour enchanter nos soirées, ce brave Alexandre a eu quatre vies. La première fut celle d’aventurier, puisqu’il vécut l’épopée des Mille de Garibaldi, dans le sud de la botte italienne. La deuxième était celle d’un mondain, jetant ses écus dans les folles constructions de ses châteaux. Puis vint celle d’écrivain, dont les nombreux succès en font un des représentants de la littérature française pour le monde entier. Enfin, la quatrième fut une vie de chasseur et c’est celle qui nous intéresse, car il y démontre sa capacité de nemrod, mais aussi de gourmet qui honore son gibier...
Né en 1898, Paul Vialar nous rattache, par ses romans, à cette France d’avant le plan Marshal et les « Trente Glorieuses ».
Ecrivain d’un seul récit de chasse, mais réédité six fois, Charles-Laurent Bombonnel (1816/1890) fut chasseur de tout gibier en Bourgogne et traqueur passionné de la panthère algérienne et du lion des Atlas. Après avoir acquis, en huit ans, une certaine fortune dans le commerce/trafic aux franges du Far-West entre Indiens et colons, Bombonnel rembarque des Etats-Unis pour couler une douce retraite en Bourgogne. Notre imagination dessine toujours notre coureur de prairie en hercule, en force de la nature. Il n’en est pourtant rien : « petit, fluet, il n’a pas les apparences de la force » écrit-on sur lui. Effectivement, pas très grand, brun et nerveux, Bombonnel a un corps de fer avec des mains minuscules, et, chose bizarre, des pieds de géant dans des bottes à semelles débordantes…
Peut-on être chasseur, écrivain cynégétique et homme du monde en une seule vie ? Celle du comte d’Osmond, sous le brillant règne de Napoléon III, peut en être l’incarnation. « Le 24 Juin 1828, nos vœux furent comblés par la naissance de Rainulphe Marie Eustache d’Osmond. S’il tient ce qu’il promet à 8 ans, il y a espoir qu’il devienne un homme distingué ». C’est en ces termes prémonitoires que la marquise de Boigne parraina l’entrée de Rainulphe Marie Eustache dans le monde. Et ce monde était la haute noblesse parisienne qui tournoyait dans l’orbite de la cour de Charles X. Dès son âge le plus tendre, Rainulphe fut fasciné par la chasse. A 8 ans, monté sur son poney, il coursait, assisté d’un bull-dog, les daims du parc familial. Osmond fut initié par le comte de Plaisance, bouton de la très célèbre Société de Rambouillet dont les membres appartenaient à la fine fleur de l’aristocratie et insufflaient un sang neuf à la vénerie renaissante, dans le sillage des Mac Mahon, La Ferté, Mérinville, Greffulhe… Légitimistes, ils durent, après avoir refusé les offres de la cour bourgeoise de Louis-Philippe, trouver un dérivatif à leur inaction forcée. Ce fut la chasse et le turf. Simultanément, ils virent s’ouvrir, par adjudication, les forêts du domaine royal, à la vènerie.
C’était l’époque où la France se définissait de Dunkerque à Tamanrasset… Florian Pharaon de Balbaac est né à Marseille, le 21 janvier 1827. Il était le petit-fils de l’ancien interprète qui servit Bonaparte durant la campagne d’Egypte, et le suivit en France pour y faire souche. Son patronyme fit germer un jeu de mot dans la bouche de Théophile Gautier : « C’est le nom d’une bergerie au pied des pyramides ». Dans sa préface de « La vie en plein air », Cherville prouve que la finesse du sang oriental de Florian Pharaon, qui coule dans les veines de cet algérien de Paris, l’a merveilleusement servi. Sous le Second Empire, il eut les fonctions d’interprète aux Affaires Algériennes, puis de secrétaire particulier de Napoléon III, ce qui lui valut, en 1869, la Croix de la Légion d’Honneur. Ceci explique, dans sa bibliographie, les deux relations des déplacements du monarque, le premier dans le Nord et le second en Algérie.
Il ne faut surtout pas ranger cet ancien de la Grande Armée Impériale dans les « vieilles peaux », celles dont on subit la présence lors des dîners de chasse… Né en 1788, Blaze vibra, comme de nombreux jeunes français, à la gloire de l’Empire. Aussi, après une formation à l’Ecole Militaire de Fontainebleau, il servit comme officier d’infanterie de 1807 à 1814. Il s’illustra à Wagram, en Espagne, et durant le siège de Hambourg. Toutes ces pérégrinations n’altérèrent pas son caractère jovial. Elles permirent à son esprit avisé d’enregistrer moult histoires et expériences, et ensuite de les rapporter sans emphase. Après l’enthousiasme de l’Empire, la retraite forcée du demi-solde fut dure à vivre. Aussi, l’activité cynégétique fut, pour lui, un dérivatif puissant. « La chasse est le seul amusement qui fasse diversion aux peines, chagrin, affaires… ». Cette phrase sera le fil conducteur de son œuvre cynégétique. Voilà donc notre officier sans son briquet au flanc, qui troque son fusil de guerre pour une arme plus civile, le fusil de chasse. Ecrivain cynégétique, mais aussi savant qui se constitua une superbe bibliothèque dans laquelle il puisa l’érudition qui affleure souvent dans ses écrits. Il fut l’un des premiers à exhumer les textes plus anciens écrits au Moyen Age sur la chasse, tel « Le livre du Roi Modus et de la Reine Ratio » qu’il mit à la portée de ses lecteurs dans une édition en caractères gothiques…
Le sang bouillant de cet Irlandais, qui rêvait de forêts et d’aventures, chose impossible dans la verte Erin, le fit s’embarquer pour le Nouveau Monde. Comme de nombreux compatriotes, il cingle à fond de cale vers un avenir qui ne peut être que meilleur que celui attendu dans cette Irlande ruinée par la maladie de la pomme de terre. Adieu la robe de clergyman jetée aux genêts des grèves irlandaises, vive les guêtres du trappeur… Notre héros, dont le prénom est une déformation de Maximus, débarque donc, à 22 ans, à la Nouvelle Orléans, porte ouverte pour remonter cette artère vitale qu’est le Mississipi. En 1840, les grandes plaines sont parcourues par les tribus indiennes. Elles suivent la transhumance des bisons et vivent à leur rythme…
Un auteur dont la vie, fort mouvementée, ressemble à ce 19e siècle… « Mais quel est donc ce cavalier à la mine altière, à la taille d’escrimeur, qui parcourt faucon au poing les futaies de Villers-Cotterêts ? Oui, il porte bien le bouton de l’Administration de la Couronne. Quelle prestance, ce doit être un homme important ». Voilà la réflexion, étonnée et admirative du promeneur, en ces années 1840, à laquelle nous apportons notre réponse. Monsieur de La Rüe est né dans la Marne, au Mesnil sur Oger, commune viticole champenoise. Après des études forestières en Saxe, qui à l’époque était le haut lieu de la sylviculture raisonnée, il prend son premier poste, chargé de la gestion de la forêt de Compiègne, qui était dans la liste civile de la famille de Louis-Philippe. Une précision importante doit être faite : le titre d‘inspecteur des Forêts que porte M. de La Rüe, le rattache à la gestion des biens fonciers immenses détenus par la famille d’Orléans. Ces forêts étaient l’un des joyaux de l’apanage créé par Louis XIV pour son frère Gaston d’Orléans, puis qui furent augmentées par les héritages du duc de Penthièvre, ce qui explique certaines inimitiés avec l’administration des Eaux & Forêts, dont le personnel, formé pour la gestion des forêts domaniales et communales, sortait de l’Ecole Forestière de Nancy…
Un vrai collectionneur de trophées : ours, cerfs, sangliers, il en avait des centaines, soigneusement étiquetés, parfois retouchés pour paraître plus grands. Il chassait comme il gouvernait : avec excès, vanité et mise en scène. En 1986, lors d’une tournée diplomatique en Afrique australe, Ceau
Les deux hommes partageaient le goût du pouvoir absolu et des discours fleuves. Mais Ceau