Les oies cendrées hivernantes en France appartiennent à deux populations

Les oies hivernant en Camargue, et probablement une partie de celles hivernant sur le cours du Rhin, font partie de la voie de migration centrale européenne, qui hivernait historiquement jusqu’en Tunisie et se reproduit en République tchèque, Pologne, et jusqu’au sud de la Finlande. Les oies cendrées hivernant sur les façades de la Mer du Nord, de la Manche et de l’Océan Atlantique, ainsi que celles très nombreuses hivernant dans les grands lacs champenois (Lac du Der notamment) appartiennent à la population nord-ouest/sud-ouest européenne, qui se reproduit jusqu’en Scandinavie et hiverne jusqu’en Espagne. Cette population nord-ouest/sud-ouest européenne est elle-même scindée aujourd’hui en deux unités de gestion :

- une unité composée d’oies sédentaires se déplaçant très peu au cours du cycle annuel, nichant dans le nord de la France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, en Allemagne et au Sud de la Suède,

- une unité composée d’oies migratrices se reproduisant essentiellement en Scandinavie (Norvège et Suède), et hivernant du sud de ces pays jusqu’en Espagne, et donc en France.

En 2012, à dire d’experts, les effectifs nicheurs étaient estimés autour de 200 couples. En 2021/2022, l’enquête « Limat », visant à estimer, sur le terrain, les tailles de populations nicheuses d’anatidés et de limicoles en France, fournissait une évaluation de l’ordre de 2500 couples.

 

Réglementation

Statut juridique :

- statut commerce international : aucun statut (Convention Cites),

- statut européen : espèce de faune protégée - annexe III (Convention de Berne),

- statut communautaire (UE) : espèce pouvant être chassée - annexe II (Directive Oiseaux),

- statut national : espèce gibier dont la chasse est autorisée (arrêté du 26 juin 1987).

 

Précisions sur la chasse :

- chasse possible de l’ouverture de la chasse au gibier d’eau (variable selon la zone, domaine public maritime ou pas) et jusqu’au 31 janvier,

- chasse devant soi/chasse à la passée/chasse de nuit dans certains départements (avec appelants), y compris sur les domaines publics maritime et fluvial,

- commercialisation interdite ( arrêté du 20 décembre 1983),

- emploi de la grenaille de plomb interdite en zone humide.

 

Observation, étude et gestion

L'OFB a, par le passé, bagué et marqué (à l’aide de colliers d’identification) quelques oies cendrées lors des opérations de capture d’anatidés. L’établissement contribue sur certains sites aux recensements du 15 janvier, coordonnées en France par la LPO pour le compte de Wetlands International. L’OFB et la LPO ont également mis en place l’enquête Limat, qui permet d’estimer la taille de population nicheuse des anatidés (y compris oie cendrée) et limicoles en France, sur la base d’un processus d’échantillonnage stratifié rigoureux. L’établissement assure également un rôle d’appui scientifique auprès de la délégation française à l’European Goose Management Platform. Cette plateforme dépend de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) et vise à mettre en place une gestion adaptative concertée à l’international de la population Nord-Ouest/Sud-Ouest européenne.

 

Estimation des prélèvements

La dernière enquête nationale sur les tableaux de chasse date de la saison 2013-2014. Le prélèvement d’oies cendrées par la chasse était alors estimé à 10 614 oiseaux, avec un intervalle de confiance compris entre 6 817 et 14 411 individus. Le tableau de chasse de nuit est rapporté annuellement par les pratiquants, et était estimé à 2 383 oies cendrées pour la saison 2022-2023. Les chasseurs peuvent dorénavant déclarer leurs prélèvements d’oies sur l’application Chassadapt. Sur la base de ces déclarations, la FNC informe le ministère en charge de l’écologie, qui rapporte à l’European Goose Management Platform de l’AEWA. Depuis la saison 2018-2019, le prélèvement national ainsi déclaré a oscillé entre 4 420 et 10 735 oies cendrées. En réponse aux problèmes causés par cette abondance d’oies cendrées, l’European Goose Management Platform a produit un plan international de gestion visant à réduire les effectifs à un niveau tolérable par les agriculteurs, réduire les risques, etc. Ce plan repose sur une gestion adaptative de la population. Une concertation internationale régulière fixe des objectifs partagés, des suivis précis des effectifs d’oies, de leur impact et des prélèvements. La gestion adaptative permet aussi d’améliorer constamment la compréhension du fonctionnement de cette population. (Source : OFB).