Gite : Chez Papé et Mita

Les prochaines étapes pour la conservation et la gestion du loup en Europe

L'intergroupe « Biodiversité, chasse, campagne » du Parlement européen, en collaboration avec la Fédération européenne pour la chasse et la conservation (FACE) et l'Organisation européenne des propriétaires fonciers (ELO), a organisé, la semaine dernière, un événement en ligne qui a été suivi par plusieurs centaines de personnes, preuve que le loup est, partout en Europe, au centre des préoccupations. Un panel d'intervenants de haut niveau composé de membres du Parlement européen, de la Commission européenne, d'experts en conservation de la faune sauvage et de parties prenantes concernées ont partagé leurs points de vue sur les défis et les opportunités pour la conservation et la gestion du loup en Europe. Une grande partie des discussions a tourné autour de la proposition de la Commission européenne visant à modifier le statut international des loups dans le cadre de la Convention de Berne. Les mots forts des intervenants :

 

- Alberto Arroyo Schnell, responsable du programme et des politiques au Bureau européen de l'UICN, modérateur de l'événement : « Grâce aux efforts de conservation réussis, les populations de loups ont considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies. Compte tenu du rôle important qu’ils jouent dans nos écosystèmes, nous devons réfléchir à la manière de coexister avec eux... ».

- Elsi Katainen (Finlande), députée européenne : « J'accueille chaleureusement la proposition de la Commission sur le changement de la Convention de Berne... En tant que décideurs politiques, nous nous souvenons toujours des connaissances scientifiques et des développements et améliorations récents. C'est aussi la question qui se pose aujourd'hui avec les populations de loups [..] et la situation est très différente de celle d'il y a 30 ans. Assurer une gestion strictement réglementée et durable […] serait un outil supplémentaire pour assurer l’inclusion et l’autonomisation des populations rurales tout en garantissant la conservation du loup »…

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Les faits divers de la semaine

- Ardèche : le procès de Manuel Merlhiot, soupçonné d'avoir tué sept chiens de chasse le 20 décembre dernier à Chanéac, devait se tenir mardi dernier 19 mars, au Tribunal judiciaire de Privas. Mais compte tenu de l’ampleur de l’affaire, il a été repoussé au 19 novembre 2024, au motif que ce procès risque de durer plus longtemps que prévu, vu le nombre de parties civiles, et les nouveaux éléments que la défense souhaite apporter.

 

- Bouches du Rhône : probablement lâchés volontairement à Marignane il y a une quinzaine d’années, des porcs se sont reproduits, et ensauvagés à moitié, sous les regards bienveillants des protecteurs des animaux qui les nourrissaient. Mais leur prolifération a poussé les plus curieux toujours un peu plus loin, y compris dans la ville, près d’une zone commerciale. Acculée, la mairie de Marignane avait organisé une vaste opération de castration pour tenter d’endiguer la prolifération de ces animaux. Un partenariat avait même été passé avec l’association « Krokmou », spécialisée dans la protection des animaux abandonnés et errants, pour tenter d’enfermer les bêtes dans des enclos, mais sans succès. Le problème était donc loin d’être réglé, puisque, selon la mairie de Marignane, en décembre dernier, pas moins de 600 cochons ont été dénombrés dans la ville. Craignant que ces divagations ne causent des accidents de la route, la municipalité avait finalement procédé à l’euthanasie de 350 cochons sauvages en décembre dernier. Le cœur sur la main, et la main en quête de dons de généreux donateurs, la Fondation Brigitte Bardot, fière de cet exploit, a pris en charge 125 de ces cochons, et a placé ces animaux « qui ne sont pas à jour du point de vue sanitaire, qui ne sont pas vaccinés, pas suivis, pas identifiés » dans une exploitation du nord du département… Légalement, on devrait pouvoir mieux faire ! D'après nos information, il y en aurait encore une centaine en divagation...

 

- Dordogne : leur précédente lettre envoyée à la FDC étant restée sans réponse, une trentaine de responsables de sociétés de chasse ont signé un nouveau courrier pour dénoncer les augmentations financières, notamment celles liées aux dégâts de grand gibier. Lancée fin février dans le Bergeracois et le Montponnais, la fronde des présidents de société de chasse ne s’est pas calmée, loin de là. Motif de la fronde : une hausse de 300 %, pour certains, de la contribution territoriale due au titre des dégâts du grand gibier.

- Gard : dimanche dernier, dans la matinée, les sapeurs-pompiers ont procédé à un sauvetage un peu particulier. Quatre sangliers étaient piégés dans le canal BRL, entre Bellegarde et Saint-Gilles. Mais l'équipe animalière, ce sauvetage accompli, a dû faire face à une vindicte passagère, puisque les bêtes noires, peu reconnaissantes des efforts déployés pour les sortir de l’eau, ont chargé leurs sauveteurs. Tout le monde est reparti de son côté sain et sauf, même les sangliers qui ont rapidement rejoint les couverts environnants.

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Les Français disent « oui » à la chasse

Dans la série des enquêtes consacrées à la chasse dans les pays européens, la dernière en date, menée par YouGov, a dévoilé des informations significatives sur la perception qu'a le public français de la chasse, y compris les pratiques qui consistent à conserver des parties d'animaux chassés légalement comme souvenirs, souvent appelées « trophées ». Cette enquête, commandée par la Fédération Nationale des Chasseurs, en coopération avec la FACE, cherchait à comprendre l'acceptation générale de la chasse dans les cadres légaux et réglementaires en France et à l'étranger. Dans ses principales conclusions, YouGov précise :

- Acceptation générale de la chasse : une majorité de la population française, avec 70% d’avis favorables, se déclare d'accord ou neutre, et soutient l'idée de la chasse, à condition qu'elle soit pratiquée légalement et dans le respect des lois et réglementations locales. Cela démontre un niveau considérable d’acceptation et de compréhension de la chasse en tant qu’activité réglementée dans le pays.

- Familiarité avec les pratiques de chasse : plus de la moitié des répondants (54%) ont déclaré être au moins assez familiers avec les pratiques et les lois de chasse en France, soulignant une conscience générale de la chasse en tant qu'élément du paysage culturel et juridique.

- Soutien à la chasse et à la conservation internationales : interrogés sur l'acceptabilité de ramener chez soi des parties d'animaux chassés légalement à l'étranger (peaux, bois, cornes, dents…), à condition que ces pratiques contribuent aux efforts de conservation et respectent les réglementations internationales, 58% des personnes interrogées étaient d'accord ou neutre. Cela reflète une compréhension et une acceptation nuancées du rôle de la chasse dans les efforts de conservation et de ce que l’on appelle souvent la chasse aux « trophées »…

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Les agriculteurs ont boudé l’Elysée, mais se sont rendus à Matignon…

Au Salon de l’Agriculture, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous aux agriculteurs « dans trois semaines ». Ce délai écoulé, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a donc fait savoir que la réunion prévue le mardi 19 mars à l’Élysée avait été reportée par l’exécutif car «  les conditions pour sortir de la crise agricole n’étaient pas réunies ». Emmanuel Macron renonçait à recevoir les représentants syndicaux avant que la crise ne soit réglée. « Les choses ont pris plus de temps » justifiait, le dimanche 17 mars, une source ministérielle, précisant que cette réunion à l'Elysée avait surtout pour but de « bâtir la stratégie nationale et européenne avec également les inter-professions et les filières ». Cela n’a pas empêché Arnaud Rousseau de rencontrer le Premier ministre, Gabriel Attal, pour lui présenter ses priorités afin de sortir de la crise agricole. Cinq « blocs » ont été abordés :

- l’élevage, avec une mise en route jugée poussive du plan élevage annoncé,

- les moyens de production, notamment le stockage de l’eau et l’usage des pesticides,

- la compétitivité », avec des mesures fiscales réclamées pour les éleveurs,

- les mesures de trésorerie : prêts bonifiés et accompagnement pour les entreprises nécessitant une restructuration,

- la dignité du métier, avec une clarification attendue sur les retraites agricoles.

Le terrain ne peut plus attendre a redit le patron de la FNSEA. Quant au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, il ira clôturer, le 28 mars prochain, le congrès du premier syndicat agricole français, signe évident que les négociations sont sur la bonne voie. 

Du côté de l'OFB, qui avait été la cible de nombreuses protestations, la FNSEA avait demandé son désarmement au gouvernement, lors des contrôles opérés dans les exploitations. C'est par un refus catégorique qu'a répondu Olivier Thibaut, directeur de l'OFB, qui a précisé : « Pour nous, c'est une ligne rouge. La police de l'environnement, c'est une police qui doit avoir les moyens de faire respecter ses missions. Nos agents sont régulièrement en situation de vrai risque », rappelant les 85 agents tués dans l'exercice de leurs fonctions.

Un rarissime éléphant rose photographié en Afrique du Sud

Un éléphanteau, de couleur rose, a été observé et filmé dans le parc national Kruger, en Afrique du Sud. D’après un article de la revue « Live Science », ce jeune mâle, âgé d’environ un an, doit sa couleur de peau, ainsi que ses poils blancs, à un cas d’albinisme héréditaire et rarissime. L’albinisme est une maladie génétique interrompant la production de la mélanine, molécule responsable de la pigmentation des yeux, des cheveux et de la peau. Comme l’a rappelé Théo Potgieter, l’organisateur de safari qui a capturé l’image de l’animal, l’albinisme « ne se produit qu’une fois sur 10 000 naissances » chez les mammifères sauvages. L’éléphanteau rose avait été repéré à plusieurs reprises depuis la fin de l’année 2023. Au sein de son troupeau, le jeune mâle semble encore parfaitement accepté par ses congénères, avec lesquels il joue et grandit. « Lors des deux observations récentes, le reste du troupeau semblait très protecteur et patient face à la présence de ce jeune individu », a indiqué l’organisateur de safari. Ce n’est malheureusement pas le cas de tous les animaux atteints d’albinisme, qui sont souvent rejetés par leurs congénères pour l’attention qu’ils attirent sur le groupe. Abandonnés, ils vivent alors une vie de solitaire, en proie à tous les dangers.

La chasse en France

Ce sont les dernières données concernant la chasse en France, communiquées par le ministère de la Transition écologique au début de ce mois de mars 2024. On peut y lire : « La France compte près d’un million de pratiquants de la chasse et le poids économique de ce secteur est estimé à 2,2 milliards d’euros. Au-delà des chiffres, le monde de la chasse est un monde passionnel et multiple, souvent difficile à appréhender. Il existe de nombreuses pratiques de chasse qui ont chacune leur tradition, leur implantation locale, leurs particularités techniques à prendre en compte dans la réglementation. Les espèces chassables, en France, sont au nombre de 89, réparties entre gibier sédentaire, gibier d’eau et oiseaux de passage. C’est l’arrêté du 26 juin 1987 qui fixe la liste des espèces chassables. Un arrêté du 2 septembre 2016 vise à inscrire dans un arrêté distinct les espèces exotiques envahissantes qui peuvent être piégées ou détruites à tir. Il existe actuellement un moratoire sur la chasse de la barge à queue noire, du courlis cendré, de la tourterelle des bois et du grand tétras compte-tenu de leur état de conservation…

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Demain, journée internationale des forêts

Organisée pour la première fois en 2011, l’Organisation des Nations unies a souhaité pérenniser cette journée qui met les forêts à l’honneur. Le 21 mars, jour du printemps, a donc été proclamé « Journée internationale des forêts », et partout dans le monde, sont organisés des événements pour les protéger, les valoriser et les célébrer. En France, ce sera l'occasion de sensibiliser à la multifonctionnalité de ces massifs qui rendent de nombreux services, tant pour l’environnement, l’économie ou la société, ce qui en fait une ressource essentielle pour le développement durable. Jusqu'au 24 mars 2024, des centaines d’activités auront lieu partout dans le pays métropolitain et ultramarin, pour emmener le grand public à la découverte, ou redécouverte, des arbres, pour des moments conviviaux et éducatifs. Collectivités, associations, établissements publics, professionnels de la filière forêt-bois, propriétaires forestiers ou particuliers participent à cette journée internationale, en organisant des activités ludiques.

 

Pour voir les manifestations qui seront organisées près de chez vous, c'est ICI

Voyageurs sans bagage…

D’après les observations des bagues et autres marques alaires posées pour étudier le comportement de la perdrix, on a pu constater que ce gibier sédentaire, en deux ou trois ans, pouvait, au plus, se décantonner d’une vingtaine de kilomètres. En revanche, une étude des reprises de bagues d'oiseaux migrateurs posées en Grande-Bretagne, fait apparaître une dispersion de certaines espèces en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et même… en Australie. Le gibier d'eau migrateur qui nous concerne, prépare activement son retour à l'ouest du Ienisseï, ligne de partage de la nidification Orient/Asie. Mais il peut y avoir des dérapages, tel celui constaté de ce milouin mâle, bagué le 22 décembre 1967 dans la réserve ornithologique indienne de Kadadéo Ghana, à Barathpur, en Rajahstan. Il fut tué le 23 juillet 1969, en baie de Somme. L'hypothèse la plus vraisemblable, pour cet étonnant périple, tient probablement dans la rencontre, en Asie moyenne, d'une séduisante « milouine » occidentale. Au moment de la migration de retour, le mâle a probablement suivi sa belle par-dessus le « rideau de fer », quand celle-ci regagna l’ouest. Autrement dit, il peut y avoir interpénétration ou échange dans les sous-populations définies par leur stratégie territoriale habituelle. Le baguage à la patte, extrêmement intéressant, fournit donc de précieux renseignements et des enseignements sur le comportement des migrateurs, surtout quand il est apposé sur des poussins au nid. On sait alors exactement d'où ils viennent, où ils passent, où ils hivernent et l’âge qu'ils peuvent atteindre. Jusqu'à la fin mars, les vols vont se succéder, aidés par les vents venus du sud qui pousseront les oiseaux vers leurs lieux de nidification. Dans tous les cas, si vous récoltez un oiseau bagué, faite suivre la marque, précieuse de renseignements, à votre FDC.

Nouvelle détection du virus de la vallée du Seneca

Ce Picornaviridae, qui est à l’origine d’une maladie vésiculaire chez les porcs domestiques et les sangliers, a été détecté en Angleterre, dans plusieurs élevages. Le diagnostic a été confirmé par RT-PCR, à partir d’échantillons de vésicule. Les symptômes observés étaient des boiteries associées à des lésions vésiculaires, qui disparaissent rapidement, principalement chez les truies post-gestation. La présence du virus de façon asymptomatique a aussi été observée chez les jeunes sangliers, marcassins et bêtes rousses. Contrairement à la situation aux Etats-Unis, il n’y a pas eu de mortalité épidémique de nouveau-nés. La contamination peut survenir par contact direct ou de façon indirecte. Le séquençage du virus britannique a permis de déterminer qu’il s’agit d’un clade distinct de celui du virus américain, bien que les deux possèdent une origine commune. Aucun cas de transmission à l’Homme n’est connu à ce jour. Le principal problème avec la circulation de ce virus, est la similarité clinique avec la fièvre aphteuse, la stomatite vésiculeuse et la maladie vésiculaire des porcs (toutes trois notifiables à l’OIE et réglementée).

Les bâtisseurs du printemps

La période des giboulées annonce la renaissance de la nature. C'est aussi le temps des architectes ailés,  plus précoces que les terrestres, donc les plus pressés de restaurer ou de bâtir le berceau de leur future progéniture. Pour qui connaît une corbeautière ou une héronnière, c'est un signe qui ne trompe pas. Avec le retour des propriétaires de ces nids hauts perchés, le printemps n'est pas loin, même si l'hiver tarde à lui laisser la place. Si les corvidés, grâce à l'augmentation des surfaces ensemencées depuis l'automne, en tirent l'essentiel de leur nourriture, l'échassier gris, en raison de son statut de protection, est plus à la peine et a dû s'adapter, de même que sa cousine blanche, l'aigrette. Mais cela irrite parfois, car leur démographie galopante pose désormais le problème d'une cohabitation délicate avec l'homme. « De plus en plus de colonies de freux ont tendance à se déplacer de la campagne vers les parcs urbains, ce qui occasionne pas mal d'ennuis pour les riverains de ces corbeautières, surtout si elles dominent des parkings de stationnement. Pour tenter d'y remédier, un peu partout en France, des municipalités ont pris des mesures drastiques (enlèvement des nids, effarouchement), pour inviter les indésirables à pondre ailleurs. En revanche, le problème est différent pour les hérons cendrés. Comme les héronnières se trouvent généralement dans des secteurs boisés en campagne, les intéressés ne salissent pas les véhicules, mais leur appétit prononcé pour la faune halieutique n'est pas du goût des associations de pêche, des pisciculteurs... et des chasseurs, car le grand bec absorbe également tous les levrauts, perdreaux et faisandeaux qu'il rencontre. Selon le dernier inventaire de l'avifaune de l'Hexagone, l'éminence grise des marécages a connu un boom démographique impressionnant. Avec environ 10 000 couples nicheurs sur le territoire national dans les années 1980, ses effectifs ont été quasiment multipliés par cinq. Aujourd'hui, l'oiseau semble préférer s'installer en petites colonies de quelques dizaines de couples au détriment des gros rassemblements d'autrefois. Outre ces deux espèces grégaires, la période de mi-mars à mi-avril sonne le temps des amours, ou du réveil pour bien d'autres hôtes.

 

À Madagascar, la génétique éclaire les mystères du potamochère

Quand, comment, avec qui et depuis où le potamochère, le plus gros mammifère de la faune sauvage malgache, est-il arrivé sur la Grande île ? Ce porcin est-il venu seul avant l’arrivée des humains ou a-t-il été introduit plus récemment par les Austronésiens ou par les Bantous, deux peuples à l’origine des habitants actuels de l’île ? Ces questions restaient sans réponse jusqu’à ce que des spécialistes de l’université de Copenhague, du Cirad, du CNRS, de RD et leurs partenaires malgaches, comparent méthodiquement le patrimoine génétique des potamochères locaux à celui de leurs congénères du continent africain. Leurs travaux montrent que ces porcs sauvages de Madagascar sont issus de population du sud de l’Afrique de l’Est, et qu’un groupe est apparu entre -1000 et -5000 ans. Ces potamochères devenus insulaires ont dès lors connu une période de faible diversité génétique, signe qu’ils ont été importés en très petit nombre. La concomitance de ces événements, avec l’arrivée dans l’île de populations austronésiennes, consommatrices de porcidés domestiques, conforte l’hypothèse qu’elles pourraient être à l’origine de cette introduction. Néanmoins l’incertitude de cette datation ne permet pas d’écarter l’hypothèse selon laquelle d’autres peuples sont responsables de l’introduction de Potamochoerus larvatus à Madagascar, laissant à de futures études le soin de résoudre ces derniers mystères…

Plus une forêt est dégradée, plus sa faune est silencieuse

Des chercheurs en forêts tropicales utilisent de plus en plus la bioacoustique pour analyser les paysages sonores des écosystèmes. Ils ont testé une nouvelle approche qui pourrait fournir aux agences de conservation et aux communautés un moyen fiable et peu coûteux de surveiller la santé des forêts tropicales. La méthode divise les groupes d'animaux en larges classes de fréquences acoustiques. Au cours de leur étude, ils ont constaté que les bruits des animaux diminuaient et devenaient asynchrones dans les forêts perturbées par l'exploitation forestière. En revanche, dans les forêts non perturbées par l’activité humaine, règne une cacophonie quasiment continue d’appels et de chants d’animaux. En analysant ce « paysage sonore forestier » les scientifiques mesurent la santé de l’écosystème forestier dans son ensemble. Si, dans les régions tempérées et boréales du monde, les méthodes d’analyse et d’interprétation sont riches et variées, il n’en est pas même sous les tropiques, où les paysages sonores sont incroyablement plus complexes et où il existe relativement peu d’informations sur les sons des espèces. Dans ces milieux, les scientifiques qui ont eu du mal à distinguer les sons de certains mammifères de ceux des amphibiens, travaillent actuellement sur des algorithmes sélectifs, qui seront testés dans d'autres endroits à travers le monde, notamment au Gabon, au Mexique et en Sierra Leone. Bien qu’il n’ait pas participé à cette étude, Almo Farina, professeur honoraire d’écologie à l’Université d’Urbino, en Italie, a déclaré : « La quête pour mieux comprendre l'écologie des sons d'animaux est vitale. La communication acoustique joue un rôle crucial dans la formation des communautés animales, donc toute avancée dans les méthodes d’interprétation des sons est une bonne nouvelle… ». Il met néanmoins en garde contre une corrélation directe entre le paysage sonore et la biodiversité, étant donné le nombre d'espèces qui n'émettent pas de sons et la complexité de l'interprétation des paysages sonores tropicaux, dans lesquels de nombreuses espèces, comme les grenouilles, les insectes et même les oiseaux, utilisent des gammes de fréquences très étroites.