La retraite manquée

Sur la paillasse du chenil, Pollux, somnolent et dédaigneux, restait couché. Le brouet était pourtant servi, à pleines auges… « Pollux ! Alors mon vieux Pollux, à la soupe mon beau, à la soupe ! ». Le concentré remplissait les auges. Il dégageait un fumet flatteur que les chiens, alignés et aux ordres, aspiraient. Ils attendaient l’autorisation de l'engloutir. « La Feuille », le premier piqueux, y avait mis une hure d’un vieux solitaire, après en avoir extrait les défenses et les grès. À son signal, les soixante anglo-français se jetèrent sur les auges à gueules friandes, le fouet vif, hargneux comme à la curée. Sur le bat-flanc, Pollux restait couché. Ah, ce Pollux ! Aux rendez-vous, dans les instants proches de l'attaque, quand les chiens commençaient à tirer sur les couples, les boutons de l'équipage le montraient aux néophytes, droit sur ses pattes, fier dans son manteau de feu, de blanc et de noir. « Vous voyez celui-là, c’est Pollux, notre meilleur chien de tête. Il est toujours aux avant-postes. Suivez-le et il vous emmènera à l’hallali ! »…

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Le sanglier de Bacchus

Cent quarante-trois bouteilles de vin pour un sanglier de 53 kilos, qui dit mieux ? Nous sommes dans un petit village de l’un de ces beaux départements de l’Est de la France. Quelques centaines d’âmes y vivent paisiblement, à quelques kilomètres du chef-lieu. Comme partout, regroupés en association communale, les chasseurs de la bourgade, au nombre de seize, ont pour territoire la plaine qui ceint le village et les bois communaux. C’est donc sur ces trois cents hectares de forêt que l’aventure a commencé. Mais revenons à ce dimanche matin de décembre 2006. Comme tous les dimanches matin de la saison de chasse au bois, les sociétaires se rendent à la « baraque » pour neuf heures. Il faut en effet laisser le temps aux deux agriculteurs du village, de terminer leur tâche. Cela permet aux chasseurs de faire un petit détour dans le pays et de passer chez Sébastien, le boulanger. Il n’est pas chasseur Sébastien, mais il les aime bien et cela pour deux raisons. D’une part, ils sont sympathiques et d’autre part, ils sont tous des bons clients...

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La fin de la « Vittel Délices »

Pétillante et fraîche comme une eau de source, voici l’histoire qui, depuis un demi-siècle fait toujours sourire dans la plaine lorraine... 

 

Limaille est un petit village tout en longueur, où les fermes et les quelques commerces s’alignaient des deux côtés de l’unique rue, le long des larges usoirs. Ce jour-là, à l’heure de l’apéritif, trois chasseurs s’accoudaient au zinc du café Dupette : le grand Roger, le Riquet et l’Ernest. S’il n’y avait leur passion commune pour la chasse, rien n’expliquait leur amitié tant ils étaient différents. Bel homme, le Roger posait le type même du grand gaillard toujours habillé avec élégance, le Riquet passait déjà son temps à se plaindre et l’Ernest, agriculteur à la retraite jouait le mentor de l’équipe…

 

Par Christian Busseuil

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« La croix blanche », le secret de Jules…

Quand les sangliers ont à faire face à Astérix et Obélix et… à une croix blanche ! Hubert ne boit pas souvent du Château La Pompe, et il ne tourne pas 7 fois sa langue dans sa bouche. C’est une bien « grande gueule » que les « cochons » craignent comme la peste. Imaginez un peu, même s’il n’est pas tombé dans la potion magique : le bougre étalonne plus d’un quintal et 2 mètres 10 de hauteur, et je ne vous parle pas de l’envergure… Le poids de sa personnalité est à l’avenant, et j’ai le privilège de faire partie des rares personnes pouvant se targuer d’avoir toute sa protection, car un jour je lui avais cédé mon poste de battue. J’avais jugé moqueur et indécent qu’il lui soit attribué systématiquement le poste 19, celui le plus éloigné de notre parking de chasse. Les postes étaient tirés au sort bien sûr, mais le 19, trois fois de suite, ça faisait beaucoup. Le sort s’acharnait-il sur le bonhomme ? Hubert, le bien nommé, est complètement, viscéralement et étrangement féru de « cochons ». Lui-même ne sait pas pourquoi ça le tient aux tripes. Il respire, sent, sue et rêve d’eux en permanence. Sa femme, elle, est toute menue. On aurait pu croire qu’Hubert l’avait ainsi choisie pour la dominer, mais leur différence de morphologie lui permet tout simplement de mieux se poser en protecteur. Car Hubert a un cœur tendre. Grande gueule, certes, mais un cœur de velours…

Par Jean-Paul Cappy

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Le tiers-an au pied pigache

Le berger regardait venir Chandon, le garde... Il cheminait à travers les pâturages qui descendaient en pente douce vers une large dépression, occupée par un sombre massif forestier de chênes et de hêtres, là où les eaux de la plaine réapparaissaient en sources fraîches, au milieu de roches ruiniformes. Au-delà, c'était l'horizon infini du plateau de Langres. A quelques lieues, la Seine naissante dessinait ses premiers méandres, agrémentant d'un peu de fantaisie ce rude et sévère paysage. A l'approche du garde, les chiens ne firent pas un mouvement. « Salut à toi, Magicien ! Je t'apporte ce que tu m'as demandé. Ces Messieurs ont chassé hier et ils ont tué des bécasses ». « Salut à toi, Chandon ! »...

Par C.M.

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Ma première ouverture

C'était il y a bien longtemps, cette première ouverture... Dans le récit, plein de tendresse dissimulée, que nous a fait parvenir Jean-Paul Cappy, l'auteur partage sa première journée de chasse, en compagnie de son oncle et d'«Oscar 6»... En guise de conclusion, pleine de bon sens, il nous livre cette réflexion, bien dans l'air du temps et... du réchauffement climatique :

« Ce qui n'a presque pas changé, c'est la date de l'ouverture générale, ici, le second dimanche de septembre. En revanche, ce qui a changé, c'est le climat, et à cette date, les chiens et les chasseurs ont vite très, très chaud, avec les conséquences que l'on sait. Avant, il suffisait de mettre de l'eau dans la casquette et de la faire ruisseler sur le visage, pour repartir comme si de rien n’était. Aujourd'hui, la solution la plus sage est de rentrer après une bonne heure de chasse. Mais il y en a une autre : et si on retardait la date d'ouverture de quelques semaines ? Deux ou trois suffiraient. Beaucoup le demandent, mais les FDC et l’administration n'y sont pas favorables. Pourquoi ? D’autant plus que ça ne changerait rien sur la durée de la saison, puisque la date de fermeture serait retardée d’autant ! Du coup, on pourrait faire l'ouverture générale partout, même dans les vignes, car aujourd'hui, il y a belle lurette que les vendanges sont finies début octobre. Ça éviterait ce type d'ouverture à tiroir, préjudiciable au gibier et à la sécurité, car les promeneurs et randonneurs sont encore nombreux dans la nature en septembre, et tout le monde se retrouve sur les mêmes territoires, au même moment. Alors, cher président de la FNC, cher Willy, vous le demanderez quand, ce décalage des ouvertures ? ».

Jean-Paul Cappy, 9 septembre 2022

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Par la culotte

 

C’était mon premier petit gibier, très petit même... Il pendait par les deux pattes, serrées au fil électrique. Quand j’y repense, j’ai honte…

 

Par Jean-Paul Cappy

 

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Feu Monsieur le Comte

Il n’y avait pas une fleur, mais sur le cercueil, soigneusement rangés, se trouvaient la toque, le fouet, la dague et la tenue d'équipage du défunt…

 

Derrière la voiture, tirée par un cheval, qui menait la dépouille de feu Monsieur le Comte à sa dernière demeure, suivait une trentaine de chiens du vautrait, sous le fouet des deux piqueux. Derrière encore, les quatre plus anciens boutons observaient, d’un regard triste, la meute. Ainsi l’avait voulu Monsieur le Comte qu'on allait enterrer…

 

Par C.M.

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​​​​​​​Le loup, le patou et le berger

Ils étaient venus, ils avaient constaté. Il y avait des gradés, des gardes avec l’insigne, un de la DDTM, un de la fédé, un voisin éleveur, le vétérinaire et un autre qu’il ne connaissait pas, surement un des écolos, peut être un garde du Parc… Il avait des jumelles, mais à quoi pouvaient-elles servir maintenant ? Lui, pauvre berger, il avait pleuré. Puis il avait fait venir l’équarisseur, puis fait les papiers. Il avait réinspecté sa clôture près de la bergerie, descendu le troupeau de la montagne, calmé les bêtes. Puis il s’était couché, fatigué, éreinté… Il avait dormi profondément une ou deux heures, pas plus. Il avait rentré le chien, la garde était inutile ici-bas. La nuit passée, les loups n’avaient même pas eu peur. Savaient-ils que le chien était blessé à la cuisse, souffreteux, fiévreux ? Heureusement le vétérinaire l’avait dit hors de danger. Habituellement les loups avaient peur des chiens, ce n’était plus le cas, ils n’avaient même plus peur des hommes, on disait qu’il y avait eu trop de croisements avec les chiens sauvages…

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Chasse au tigre en forêt de Meudon

Le 12 juin 1897, un événement insolite marquait les esprits dans les environs de Paris : un tigre s’était échappé de la ménagerie de Versailles, semant la panique avant de trouver refuge dans la forêt de Meudon. Ce fait divers spectaculaire fut rapporté dès le lendemain par « Le Petit Journal », un quotidien réputé pour ses récits captivants et ses illustrations dramatiques qui faisaient souvent sensation. L’article, signé par « Les Piérides », décrivait avec force détails cette fuite hors du commun, évoquant la frayeur des habitants et les recherches engagées pour capturer l’animal. Cependant, ce récit ne fit pas l’unanimité auprès des lecteurs, certains émettant des doutes sur la nature exacte de l’animal en question. En effet, plusieurs témoignages faisaient état d’une incohérence : le « tigre » évoqué ressemblait davantage à une panthère. Cette remarque fut confirmée par un lecteur attentif, qui s’appuyait sur l’illustration publiée par « Le Petit Parisien », un autre journal ayant relaté l’affaire. Selon lui, l’image en question, bien exécutée, ne laissait guère de doute sur l’identité de l’animal. Cette confusion donna lieu à un débat dans les colonnes des journaux, où lecteurs et chroniqueurs s’affrontaient sur des détails zoologiques. Si certains continuaient de défendre la version officielle d’un tigre, d’autres s’interrogeaient sur la capacité des reporters à identifier correctement un grand félin en pleine course. Une telle méprise pouvait-elle être attribuée à l’effroi provoqué par l’évasion, ou à l’envie de dramatiser encore davantage l’histoire pour captiver les foules ? Quoi qu’il en soit, cet épisode permit à la presse de l’époque d’illustrer une fois de plus son rôle central dans la société : non seulement relater les événements, mais aussi susciter débats, émotions et curiosité scientifique. La question reste cependant ouverte : s’agissait-il d’un tigre majestueux ou d’une panthère agile ? Les archives ne permettent pas de trancher définitivement, mais cet incident continue d’alimenter l’imaginaire collectif, comme un écho des temps où les hommes vivaient encore fascinés par les mystères du règne animal…

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Sur la bonne voie

 

Cette histoire, non pas de chasse, mais de sanglier, m’a été contée par un cheminot retraité, un ancien de « la vapeur » attaché à un vaste dépôt de triage et de réparations de locomotives de l’Est de la France... 

Par Jean-François Guerbert

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Une billebaude en Sologne, à la place d’un poste à pigeons

Extrait n° 10 du tome 4 de « Bonheurs de chasse »

 

Février s’écoule et nous sommes bien en hiver. Janvier avait oublié les froids, la neige et le gel. La pluie tombait régulièrement jusqu’au refroidissement annoncé. Un tapis de neige vient de napper la nature, plus de dix centimètres recouvre tout. Un froid sibérien vient compléter l’ambiance et le thermomètre affiche moins huit degrés. Un appel téléphonique de mon ami Pierre, il m’offre l’opportunité de chasser la palombe dans son domaine et je lui confirme mon envie en acceptant sa proposition…

 

Par Hubert Lafutaie

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