Il ne restera rien de ce vide abyssal laissé par des activistes suisses en quête de nobles causes faciles. Le 11 novembre dernier, l’association « IG Wild beim Wild », autoproclamée conscience écologique de l’Europe, lançait sa grande « Journée mondiale contre la chasse ». Résultat : quelques tweets rageurs et une poignée de militants qui s’indignaient entre deux cafés bio.
Il est des textes si ridicules qu’ils en deviennent inquiétants. Celui du plumitif de service, qui s’improvise psychanalyste, appartient à cette catégorie : un pamphlet déguisé en étude, une bouillie pseudo-scientifique sur « les chasseurs narcissiques et frustrés sexuels ». On croyait les procès d’intention disparus ; les voilà revenus, version radicalisation sociologique helvétique. Dès les premières lignes, le ton suinte : « Que les chasseurs amateurs tirent sur des animaux pour prouver leur puissance sexuelle ou qu'ils le fassent par frustration sexuelle plutôt que de violer ou de tuer directement des femmes, il semble évident que pour les hommes qui vont souvent à la chasse, il s'agit d'un rituel social par lequel ils tuent symboliquement leur propre féminité... ». Le voilà qui ricane ce scribouillard, persuadé d’avoir percé le secret de la bêtise humaine. Mais rapidement le masque tombe : derrière ses airs d’observateur redresseur de conscience, on découvre un idéologue fanatique, prêt à tout pour faire passer des millions de chasseurs pour des psychopathes en puissance. Sa « thèse », si l’on ose employer ce mot, frise le délire : « Les chasseurs se perçoivent comme nettement plus agressifs », écrit-il, avant de filer la métaphore jusqu’à l’absurde : « Ils entretiennent un rapport différent à la violence... ». Puis, crescendo, il en vient à accuser les pères chasseurs d’abuser psychologiquement leurs enfants, d’élever des êtres « incapables d’empathie », voire de créer des « imposteurs narcissiques ». Car ce qu’il décrit n’a rien à voir avec la chasse. Il parle d’un fantasme urbain, d’un croquemitaine qu’il fabrique pour justifier son dégoût. Il confond le chasseur avec le tueur en série, la traque avec le meurtre, la tradition avec la pathologie. Et pour faire bonne mesure, il convoque Freud, les « triades noires », et même Hemingway, exhumé pour illustrer une théorie de café du commerce sur la virilité refoulée...
Quelques brèves de chez nous et... d'ailleurs

Cette nouvelle édition s’annonce particulièrement riche en échanges et en innovations. L’Office français de la biodiversité (OFB) sera une fois encore présent, aux côtés du réseau des Agences régionales de la biodiversité et des Parcs nationaux, au sein du Village Territoires et Écologie, organisé par les Ministères de l’Aménagement du territoire, de la Décentralisation et de la Transition écologique. Ensemble, ces acteurs publics iront à la rencontre des élus et des agents territoriaux pour présenter les outils, dispositifs et accompagnements destinés à soutenir la mise en œuvre de politiques locales en faveur de la biodiversité et de la transition écologique. L’objectif de cette mobilisation collective : écouter les besoins des collectivités, partager des solutions concrètes et promouvoir des partenariats innovants capables d’accélérer la transformation durable des territoires.
Le stand de l’OFB proposera notamment des démonstrations et retours d’expériences illustrant comment la nature peut devenir un levier de performance et de résilience pour les villes et villages de France. Plusieurs séquences thématiques viendront rythmer la présence de l’OFB durant le salon. Parmi elles :
Elargi à beaucoup de composantes ayant un rapport avec la chasse, exception faite des armes et des voyages, et conforté par des animations festives aux couleurs très locales, ce week-end prolongé est resté centré sur le commerce de la viande de grand gibier. Comme chez nous, la mise en valeur de toute venaison, et en particulier celle du sanglier et du gibier rouge, est un thème qui préoccupe les instances dirigeantes de la chasse.
Le marché de Bouillon, fort d’un savoir-faire issu d’une expérience de plus de 30 ans, offre un bel exemple en la matière. Les bouchers locaux ont bien compris qu’avant tout, il fallait provoquer l’envie d’acheter : des préparations simples mais originales, une présentation des produits irréprochable, des mets à déguster sur place servis sur assiette ou encore en sandwiches, des formules diversifiées tels les colis composés de divers morceaux, ou encore des carcasses de chevreuils et petits sangliers à emporter. On faisait donc la queue à l’arrière des camions frigos, pour obtenir la pièce choisie.
Durant trois jours ce sont des milliers de visiteurs qui se sont pressés le long de la Semois pour profiter de toutes ces bonnes choses, dans une ambiance des plus festives et conviviales, mêlée aux odeurs de sanglier à la broche, aux fanfares sonnées par les trompes de chasse et aux rythmes syncopés des jazz bands, ponctués par les déambulations du groupe carnavalesque des Sangliers d’Arlon. Si cette année, au Game-Fair à Lamotte-Beuvron, notre Fédération Nationale des Chasseurs proposait gracieusement aux visiteurs de savoureuses préparations, le public était majoritairement issu du monde de la chasse. A Bouillon, les acheteurs sont très majoritairement des non-chasseurs, amateurs de cette viande de gibier, la plus naturelle qui soit, ou curieux de découvrir cette venaison de qualité. Un gisement de consommateurs pour une filière venaison à la fois durable et rentable… 





Lors de l’ouverture, Tamás Marghescu, ambassadeur du CIC, a appelé à une coopération renouvelée entre chasseurs et agriculteurs. Il a plaidé pour la création de pôles d’action nationaux capables de mobiliser des financements et d’obtenir des résultats tangibles sur le terrain. Les rapports présentés par les délégations de plusieurs pays (Bosnie-Herzégovine, Serbie, Bulgarie, Kosovo, Ukraine, Roumanie et Slovaquie) ont tous souligné le déclin des populations de lièvres et de faisans, imputé à l’usage intensif de pesticides et à la disparition des habitats naturels.
Le président du forum, le Dr Imrich Šuba, a présenté les succès slovaques en matière de restauration du gibier grâce aux subventions agricoles pour les bandes fleuries et les « voies vertes » qui favorisent le retour du petit gibier. De son côté, le Dr Péter Hajas a insisté sur l’importance d’une chasse responsable et d’une agriculture régénératrice intégrant haies, cultures de couverture et réduction du travail du sol. Les participants ont également visité des faisanderies locales et un musée de la chasse, avant de conclure autour d’un dîner célébrant le patrimoine rural commun. À l’issue des débats, trois priorités ont été fixées : la création d’un système de suivi du petit gibier à l’échelle régionale, la lutte contre l’usage illégal de pesticides, et la mise en place de plateformes nationales de coopération entre chasseurs, agriculteurs et ONG. Le Forum 2025 a confirmé que la restauration du petit gibier passe par une alliance solide entre écologie, éthique et économie rurale.
Les membres du réseau (Unep, RNF, UPGE, CINOV TEN, CIBI, KALISTERRE, REVER, AGéBio, Astee) ont partagé de nombreuses actualités, tout comme les partenaires institutionnels : DGALN, CDC Biodiversité, IPBES, UICN, CRERCO, CBN, MNHN, CNRS et l’Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire. Parmi les nouveautés marquantes figure la publication de la norme ISO 17620, qui encadre la conception et la mise en œuvre du gain net de biodiversité (BNG) dans les projets de développement. L’OFB met en ligne deux nouvelles publications pédagogiques sur les « Solutions fondées sur la Nature », complétées par une revue de presse et une sélection de podcasts. L’agenda des prochains événements invite les acteurs du secteur à échanger et diffuser les bonnes pratiques. Quelques repères terminologiques permettent de mieux cerner le champ d’action :
Dans cette optique, le groupe technique « Milieux humides » de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB), élabore actuellement des indicateurs permettant d’évaluer la santé et l’évolution de ces écosystèmes fragiles, soumis à de multiples pressions humaines et au changement climatique. Parallèlement, de nombreux Observatoires territoriaux de la biodiversité (OTB) se développent à différentes échelles, régionales, départementales, intercommunales ou encore à l’échelle des parcs naturels. Portés par des structures diverses (collectivités, établissements publics, associations, etc.), ces observatoires contribuent activement à la valorisation et au partage des connaissances sur la biodiversité locale. Leurs approches variées constituent un atout majeur pour renforcer la compréhension des dynamiques écologiques à l’échelle des territoires. Cette webconférence vise à répondre à plusieurs questions essentielles :
Cette classification souligne son potentiel destructeur : en cas de prolifération, il pourrait avoir un impact majeur sur les forêts françaises. En conséquence, sa détection entraîne automatiquement la mise en œuvre de mesures de lutte obligatoires destinées à éradiquer le foyer et à empêcher toute dissémination. Le nématode du pin attaque principalement les conifères, et tout particulièrement les pins. Il s’introduit dans les tissus de l’arbre, bloque la circulation de la sève et provoque ainsi la mort rapide des sujets infestés. Le parasite se déplace d’un arbre à l’autre grâce à certains coléoptères vecteurs, responsables de la propagation de la maladie. À ce jour, il ne présente aucun danger pour la santé humaine ou animale, mais constitue une menace sérieuse pour l’équilibre des écosystèmes forestiers. Face à cette découverte inédite sur le territoire national, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine a décidé de réunir sans délai l’ensemble des acteurs concernés (services de l’État, collectivités, filière forestière et experts scientifiques) afin de définir un plan d’action immédiat. Celui-ci visera à prévenir la propagation du nématode vers d’autres massifs forestiers, notamment par des restrictions de circulation du bois et des contrôles renforcés. Ce parasite avait déjà été détecté en Europe : d’abord au Portugal en 1999, puis en Espagne en 2008, où il a provoqué des pertes considérables dans les forêts de pins. Jusqu’à présent, la France était restée épargnée grâce à des programmes de surveillance et de prévention rigoureux. Cette première détection marque donc un tournant majeur pour la protection des forêts françaises et mobilise pleinement les autorités afin de préserver durablement le patrimoine sylvicole national.
Cette réunion se déroulera en présence de Matthieu Lefèvre, ministre délégué chargé de la Transition écologique. Monique Barbut, ancienne dirigeante du WWF France apporte un profil atypique pour ce poste : son expérience dans les ONG environnementales et sur la scène internationale lui confère une expertise solide sur la biodiversité, les négociations climatiques et la gestion durable des territoires. Cette expérience pourrait favoriser un climat constructif et la recherche de synergies entre la chasse et la protection de la nature. Pour Willy Schraen, l’entretien constitue une opportunité de présenter les pratiques de chasse responsables et de discuter de leur articulation avec les politiques environnementales. Les échanges devraient aborder plusieurs axes : la réglementation, la conservation des espèces et des habitats menacés, et la cohabitation entre chasseurs, agriculteurs et acteurs de la biodiversité. L’évaluation des initiatives existantes et la promotion de programmes de sensibilisation à la préservation de la nature devraient également figurer au cœur des discussions.
À moyen terme, cet entretien pourrait avoir des retombées concrètes et stratégiques.
Cette année, le spectacle majestueux de leur halte migratoire a laissé place à l’épizootie de grippe aviaire dont le virus, hautement pathogène et extrêmement contagieux entre oiseaux, décime les populations à une vitesse alarmante. Les grues, affaiblies, désorientées, s’effondrent parfois sur les berges ou meurent en plein vol. Si cette souche d’influenza aviaire ne se transmet pas à l’homme ni aux mammifères, elle menace gravement les équilibres écologiques et la filière avicole locale. Dans la Marne et la Haute-Marne, la faune sauvage comme les élevages sont désormais placés sous haute surveillance. Face à cette situation dramatique, les autorités locales, les associations naturalistes et les communes se sont mobilisées. Des zones de confinement ont été instaurées autour des principaux foyers. Des bacs de récupération d’oiseaux morts ont été mis en place, et les habitants sont appelés à la plus grande vigilance : ne pas manipuler les carcasses, signaler toute découverte aux services vétérinaires, et, en cas d’intervention nécessaire, se protéger avec masque, gants et sacs plastiques. L’objectif : éviter toute propagation supplémentaire. Mais malgré ces mesures strictes, l’inquiétude grandit chez les éleveurs. Les pertes économiques et le traumatisme psychologique sont considérables dans un secteur déjà fragilisé par les précédentes vagues de grippe aviaire. À Montier-en-Der, le célèbre festival international de la photo animalière, prévu dans les prochains jours, pourrait lui aussi être affecté. Des restrictions de déplacement et des zones interdites d’accès ont été instaurées. Les organisateurs et naturalistes redoutent que cette catastrophe écologique ne bouleverse durablement les migrations à venir.
Sous la houlette d’Olivier Parmentier, jeune président entamant sa deuxième année de mandat, soixante faisans ont été lâchés pour l’occasion. « Chacun est reparti avec son trophée, dans le respect des règles et de la sécurité », précise-t-il, rappelant que le tir sur les lièvres et lapins était interdit cette année pour préserver la faune locale. La matinée s’est conclue par un apéritif et un déjeuner, préparés par Bernard et Christian, anciens cuisiniers et membres fidèles de l’association. Comptant 184 adhérents, dont quelques jeunes et six femmes, Lou Roucas continue de promouvoir une chasse raisonnée. Les « Vieux fusils », garants de la mémoire cynégétique, veillent sur la biodiversité et sur l’entretien du plateau, véritable patrimoine naturel vitrollais. (Photo DR : B.B.)
Les enquêteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont recensé des dizaines de victimes, certaines scènes ayant même été filmées par les auteurs. Le 30 avril 2025, le tribunal de Châteauroux les avait relaxés, invoquant la nullité d’un acte d’enquête : des caméras avaient été posées sans autorisation d’un magistrat. Une décision vécue comme un déni de justice au regard des faits. En appel, le Ministère public demandera des peines exemplaires : jusqu’à quatre ans de prison, 60 000 euros d’amende, le retrait des permis de chasse et la confiscation des armes. Au-delà du procès, cette audience rappelle une évidence : le braconnage n’a rien à voir avec la chasse.
Ce phénomène, souvent désigné sous le terme de tourisme cynégétique, attire une clientèle nationale et internationale en quête d’expériences authentiques, de contact avec la nature et d’un certain imaginaire de liberté sauvage. Dans plusieurs régions du monde, qu’il s’agisse des vastes réserves d’Afrique australe, des domaines forestiers français ou des territoires nord-américains, la chasse constitue un facteur non négligeable d’attractivité. Elle génère des retombées économiques significatives à travers la location de terrains, les taxes, l’hébergement, la restauration et les services connexes (guides, transport, équipement). En Europe, des territoires comme la Sologne en France ou la Castille en Espagne vivent en partie grâce à ces revenus. En Afrique, le tourisme de chasse représente pour certains pays un outil de financement de la conservation de la faune et des parcs naturels. Cependant, cette intégration de la chasse au tourisme ne va pas sans soulever des tensions. D’un côté, elle participe au maintien d’activités rurales et à la préservation de traditions locales. De l’autre, elle questionne la durabilité de la relation entre exploitation et protection de la nature. Les nouvelles attentes des touristes, plus sensibles à l’éthique et à l’écologie, conduisent à repenser la place de la chasse dans le paysage touristique contemporain. Elle se trouve ainsi à la croisée des chemins : entre valorisation patrimoniale et remise en cause morale, entre ressource économique et enjeu de durabilité...
Les spécialistes de la faune observent depuis quelques années un déplacement des animaux vers les zones habitées. La cause ? Le retour des grands prédateurs, notamment du loup, qui regagne les massifs français après des décennies d’absence. Pour échapper à la pression de ce redoutable chasseur, nombre d’espèces préfèrent désormais s’approcher des villages, des routes et des exploitations agricoles. L’homme, présenté sous la forme du danger, devient donc un refuge. Ce retournement de situation illustre à quel point les équilibres écologiques ont été bouleversés. Là où le loup, protégé par la loi, retrouve peu à peu sa place, il entraîne une réaction en chaîne : les proies modifient leurs habitudes, les territoires se resserrent, et la cohabitation entre faune et population humaine s’intensifie. « On voit des chevreuils, des grands cervidés ou des sangliers venir se nourrir à quelques mètres des habitations. Ils savent qu’ici, le loup n’osera pas s’aventurer » explique un garde forestier. Mais cette proximité soulève aussi des tensions. Les agriculteurs redoutent des dégâts concentrés sur les cultures, les automobilistes craignent les collisions, et les associations de protection animale s’inquiètent d’une nouvelle forme de dépendance des espèces envers l’homme. La frontière entre nature sauvage et territoire humain devient floue, au risque de brouiller les comportements naturels des animaux. Ironie du sort : dans son instinct de survie, la faune sauvage semble avoir compris ce que bien des écologistes nous reprochent : l’homme reste un prédateur raisonné, plus prévisible que ceux à quatre pattes. Comme quoi, le « super-prédateur » que nous sommes, destructeur de tant d’habitats, devient à présent, pour la faune effrayée, la planche de salut. Une drôle de victoire pour l’espèce humaine.