Doter ces « fonctionnaires bénévoles de l’État » d'un statut renforcé, et faciliter leur recrutement et leur formation, va marquer un tournant significatif dans la gestion des populations des grands ongulés sauvages. Cette initiative sous-entend une évolution dans la manière dont l'État perçoit le rôle des chasseurs traditionnels, dans la résolution des problèmes de surpopulation animale. En cherchant à institutionnaliser et à renforcer administrativement le corps de la louveterie, l’Etat exprime une certaine défiance envers la capacité des seuls chasseurs à réguler efficacement les grands animaux sauvages. Cela reflète une transition vers une approche où la chasse sera de plus en plus reléguée au domaine des loisirs, tandis que la responsabilité critique de la gestion des populations d'animaux sauvages, sera confiée à un corps directement placé sous l'égide de l'Administration. A choisir entre aider les chasseurs à payer les dégâts, ou réduire les dégâts en renforçant le corps de louvetiers (toujours bénévoles mais un peu mieux aidés matériellement) l’Etat semble avoir tranché du côté qui lui coûtera le moins cher. Le bras armé de l’Administration se muscle, les exposés des motifs de cette proposition de loi expliquent pourquoi, dans la présentation de la députée Madame Sophie Pantel...
« Mesdames, Messieurs,
La louveterie est une institution ancienne, profondément ancrée dans l’histoire de notre pays. Créée au Moyen Âge pour lutter contre les grands prédateurs, elle a progressivement évolué pour devenir une composante essentielle de la régulation de la faune sauvage. Aujourd’hui, les lieutenants de louveterie, nommés par le préfet, interviennent bénévolement notamment pour le compte de l’État, principalement dans le cadre des battues administratives visant les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD). Leur rôle est crucial dans un contexte de recomposition des équilibres écologiques : les populations de certaines espèces animales se développent fortement, avec des conséquences parfois majeures pour l’agriculture, les forêts, la sécurité routière, ou encore la biodiversité alors même qu’en parallèle, le nombre de chasseurs diminue. Face à ces enjeux, les missions de louveterie sont appelées à croître en intensité, en technicité et en responsabilité....