Depuis la fin des années 1990 et la fermeture de l’établissement de Giat Industries du Mans, la France n’a plus la capacité de produire les munitions de petit calibre utilisées par ses forces armées, ce qui l’oblige à s’approvisionner auprès de fournisseurs étrangers. Par le passé, cela a parfois posé des problèmes, notamment au niveau de la qualité des cartouches livrées. Pourtant, la Direction générale de l’armement (DGA), a régulièrement soutenu que relocaliser une capacité de production de telles munitions ne serait guère viable économiquement, alors qu’il n’y a aucune difficulté à s’approvisionner à l’étranger. En 2015, un rapport publié par deux députés contesta cette vision en posant la question de savoir si la France serait toujours certaine d’être apprivisionnée en cas de conflit majeur. En outre, selon les deux parlementaires, réinstaller en France une filière industrielle exigerait 100 millions d’investissement, avec une rentabilité assurée à partir d’une production annuelle de 60 millions de cartouches, sous réserve qu’un niveau de commandes constant soit assuré durant les cinq premières années. Dans le sillage de ce rapport, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, décida de restaurer une capacité de production française de munitions de petit calibre en s’appuyant sur l’entreprise NobelSport, spécialiste des cartouches pour la chasse et le tir sportif, ainsi que TDA Armement, filiale de Thales, et la société Manurhin. Et de parler d’un « acte de souveraineté nationale », après la signature d’un protocole d’accord avec les acteurs impliqués dans ce dossier. Mais, la Revue stratégique de 2017 eut raison de cet élan, estimant que la production de munitions de petit calibre n’était pas stratégique. Depuis, le Délégué général pour l’armement reprend les arguments qui avaient jusqu’alors avancés contre la relocalisation d’une telle capacité de production. En outre, de telles munitions n’étant pas considérées comme stratégiques au regard du droit européen, il aurait été juridiquement compliqué de justifier une non-mise en concurrence au niveau européen afin de privilégier une filière française…
Quelques brèves de chez nous et... d'ailleurs