Le Petit Journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement - Autrement Chasse -

La psychologie du chasseur : quand l’instinct prédateur prend le pas sur la vigilance

Le sujet est d’importance, ce qui nous fait revenir sur cette déclaration du porte-parole des chasseurs de la Somme, qui, à l’orée de cette nouvelle saison cynégétique, déclarait : « la sécurité est suffisante ». À l’appui de son discours, des chiffres rassurants : l’an dernier, aucun incident n’a été recensé dans son département. Les vingt mille pratiquants sont soumis à des règles précises, participent à des échanges réguliers avec les riverains et dialoguent avec les associations de randonneurs ou de joggeurs. Sur le papier, la cohabitation semble équilibrée, presque exemplaire. Mais au-delà du règlement, demeure une zone grise rarement évoquée : la psychologie du chasseur au moment précis où il devient prédateur. Un tir de chasse n’est pas seulement un geste technique. C’est l’aboutissement d’un processus mental qui plonge le pratiquant dans une forme de tunnel perceptif. Lorsque l’animal surgit, le corps du chasseur se tend, ses sens se focalisent, son attention se resserre comme un faisceau lumineux. Cet état, que les psychologues rapprochent du « flow », décrit dans d’autres pratiques sportives, active une part archaïque de l’humain : l’instinct de prédation. La proie n’est plus un élément parmi d’autres du paysage, elle devient le centre unique de l’univers perceptif. Tout ce qui gravite autour, bruit de pas, mouvement dans les fourrés, un randonneur qui s’approche... peut être momentanément effacé de la conscience. Cette focalisation, en apparence banale et même nécessaire pour viser avec précision, comporte un revers. Elle induit une perte partielle de vigilance. Les chasseurs eux-mêmes le décrivent : à l’instant où l’animal surgit, « on ne voit plus que lui ». Ce phénomène psychologique, documenté en neurosciences, s’appelle l’exclusion attentionnelle. Le cerveau, saturé par la tâche prioritaire, relègue au second plan toutes les informations concurrentes. Ce mécanisme est un atout pour la survie lorsqu’il s’agit de traquer une proie dans un environnement hostile. Mais transposé dans nos campagnes modernes, où la nature est partagée par joggeurs, photographes, promeneurs et agriculteurs, il devient une source de risque...

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Un panneau routier inédit pour protéger le plus grand lézard d’Europe

Un panneau de signalisation attire depuis quelque temps la curiosité des automobilistes en Ardèche. Sur une petite route de campagne, au cœur de la commune de Châteaubourg, on peut lire en lettres capitales le mot « LÉZARD » accompagné du dessin d’un reptile. Une signalétique insolite, rarissime en France, mais qui répond à un objectif bien précis : protéger une espèce menacée. L’initiative, mise en place en partenariat avec le réseau Natura 2000 et la communauté de communes, vise à préserver le lézard ocellé, un animal emblématique du sud de la France. « Nous cherchons avant tout à sensibiliser la population à la présence de ces reptiles dans ce secteur », explique Lucille Skurzak, secrétaire de mairie. Ces lézards, reconnaissables à leur robe sombre parsemée de taches jaunes et à leurs flancs bleutés, privilégient les milieux méditerranéens secs et ensoleillés, où ils trouvent abri dans les fissures de rochers ou les murets de pierres. À Châteaubourg, ce sont justement les murs de soutènement bordant la route qui servent de refuge. Or, cette proximité avec la chaussée constitue un danger : les animaux risquent régulièrement l’écrasement. Les autorités locales espèrent donc que la présence du panneau incitera les automobilistes à ralentir. D’autant que, contrairement aux petits lézards des murailles que l’on aperçoit couramment, l’ocellé se remarque aisément. Les mâles peuvent atteindre 90 centimètres de long, faisant de lui le plus grand lézard d’Europe. Les femelles, plus petites, mesurent en moyenne 45 centimètres. Protégé par la loi française, le lézard ocellé figure parmi les espèces « vulnérables » de la liste rouge des reptiles de métropole. Son déclin est lié à la raréfaction des milieux favorables, mais aussi aux menaces directes liées aux activités humaines. Pour enrayer cette tendance, un Plan national d’action 2020-2029 a été lancé. Il prévoit à la fois des études scientifiques, des mesures concrètes de protection des habitats et une meilleure diffusion de l’information auprès du grand public.

ONF : renaissance de la goélette Miguel Caldentey

Classée « Monument Historique » depuis 1988, la goélette Miguel Caldentey incarne plus d’un siècle d’histoire maritime. Construite en 1913 à Palma de Majorque pour transporter des marchandises vers les Amériques, elle fut vite reléguée au cabotage méditerranéen en raison de la concurrence de la vapeur. Après avoir survécu jusqu’à la fin du 20e, elle subit une tempête en 1999, sombra en 2004, puis fut sauvée spectaculairement en 2007. Depuis, sa restauration est devenue un chantier emblématique, ancré à la fois dans la tradition navale et dans une démarche sociale. Dès 2008, les travaux sont confiés au chantier de charpenterie de marine du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise. Financé par des partenaires publics et locaux, le projet associe insertion professionnelle et formation : des personnes en parcours d’insertion, mais aussi des élèves et enseignants, participent activement à la reconstruction. Les étapes, supervisées par la DRAC, ont permis de redonner vie à ce navire de 30 mètres, désormais remis à flot. En 2020, une nouvelle phase s’ouvre avec le retour de la goélette à Port-Vendres, sous l’égide du Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU). Ce dernier, propriétaire depuis 2008, fédère un large réseau de soutiens : collectivités, institutions patrimoniales, mécènes et associations. L’objectif : achever les aménagements intérieurs et, surtout, reconstruire le gréement selon les règles de l’art...

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La chasse en images : un concours pour célébrer la nature et ses instants magiques

La chasse ne se résume pas à l’acte en lui-même. Elle est faite de moments suspendus : les premières lueurs de l’aube, le chant discret de la forêt, le frisson d’un regard échangé avec le gibier. Ces instants précieux constituent une véritable source d’inspiration pour les photographes. C’est précisément cette essence que le concours « Photo de chasse européenne de l’année » souhaite capturer et partager. Après une première édition prometteuse lors du salon « Jagd et Hund 2025 », l’événement revient pour une deuxième phase ambitieuse. Porté par Messe Dortmund et la FACE (Fédération européenne pour la chasse et la conservation de la nature), ce concours s’adresse aussi bien aux photographes amateurs qu’aux professionnels de toute l’Europe. Les participants peuvent désormais soumettre leurs clichés en ligne et tenter de séduire un jury d’experts ainsi que le public. L’objectif est de mettre en lumière la diversité des expériences de chasse, la richesse culturelle et les valeurs profondes qui l’accompagnent. Les organisateurs insistent cependant sur un point essentiel : seules seront retenues les images reflétant l’esthétique de la chasse (lien avec la nature, respect du gibier, traditions vivantes...). Les photos mettant en scène des chasseurs posant avec leurs captures seront systématiquement exclues. Les clichés sélectionnés seront exposés au cœur du salon « Jagd et Hund » qui se tiendra du 27 janvier au 1er février 2026 à Dortmund. Devant un large public, les lauréats seront dévoilés et récompensés par des prix prestigieux. Une occasion unique pour les photographes de partager leur vision et d’inscrire leur travail dans un événement reconnu internationalement...

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La période post-envol chez les oiseaux : un maillon clé de l’écologie aviaire

La période post-envol, comprise entre le départ d’un oisillon du nid et sa dispersion ou migration, représente une étape encore peu explorée du cycle de vie des oiseaux. Alors que plusieurs travaux ont étudié cette phase pour certaines espèces ou groupes taxonomiques, il manquait jusqu’ici une vision globale des tendances en matière de comportement et de survie. Une étude vise à combler cette lacune en synthétisant les connaissances disponibles, en mettant en lumière les manques persistants et en identifiant de nouvelles perspectives de recherche. Un constat central ressort : la littérature scientifique sur le sujet demeure scindée entre les études portant sur les oiseaux nidicoles (qui naissent très dépendants des soins parentaux) et celles consacrées aux oiseaux précoces (capables de se déplacer rapidement après l’éclosion). Ces deux ensembles utilisent souvent une terminologie distincte et se citent peu mutuellement, créant une fragmentation des savoirs. Pourtant, malgré des différences biologiques (durée d’incubation, masse corporelle ou maturation des ailes), les analyses montrent de fortes similitudes dans leurs comportements post-envol. Ainsi, la survie tend à augmenter avec l’âge chez les deux groupes, illustrant une vulnérabilité accrue dans les premiers jours hors du nid. Le choix de l’habitat révèle également des convergences : les juvéniles privilégient des environnements denses et complexes, offrant à la fois camouflage et protection contre les prédateurs. De même, leurs déplacements sont réduits dans les phases précoces afin de limiter les risques de détection...

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Climat 2040 : l’Europe en retard sur ses promesses, entre ambitions vertes et fractures économiques...

La décision sur l’objectif climatique 2040 de l’Union européenne, initialement prévue pour la réunion des ministres de l’Environnement du 18 septembre, a été repoussée à octobre, signe des divisions persistantes entre États membres. Ce report illustre la difficulté d’équilibrer ambition climatique, compétitivité économique et équité entre pays. La loi européenne sur le climat fixe déjà l’horizon de la neutralité carbone en 2050, mais elle exige aussi qu’un cap intermédiaire pour 2040 soit juridiquement contraignant. En juillet, la Commission européenne a proposé une réduction nette de 90 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, assortie de mécanismes de flexibilité comme l’utilisation limitée de crédits carbone internationaux à partir de 2036, l’intégration de technologies d’élimination permanente du carbone dans le système ETS, et des passerelles entre secteurs. Ces ajustements visaient à rendre la proposition politiquement viable, mais ils ne suffisent pas à lever les inquiétudes. La France, par exemple, a plaidé pour que la décision soit prise par les chefs d’État, et non par les ministres, estimant que l’ampleur de l’engagement appelle un arbitrage au plus haut niveau. D’autres, comme la Hongrie et la Slovaquie, redoutent que le seuil de 90 % ne pénalise lourdement leurs industries, encore fortement dépendantes des énergies fossiles. Les tensions se cristallisent aussi autour du rôle des crédits carbone : certains pays y voient une soupape de flexibilité bienvenue, tandis que d’autres craignent un affaiblissement des efforts domestiques. Le décalage de calendrier pourrait retarder la soumission de la contribution européenne au titre de l’Accord de Paris pour 2035, attendue d’ici 2025, ce qui risquerait de fragiliser la crédibilité internationale de l’UE à l’approche de la COP30 au Brésil...

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Loups : appel à mobilisation en Haute-Marne

La mobilisation s’organise et elle s’annonce massive. Face à une situation devenue intenable pour de nombreux éleveurs, la première manifestation contre la prolifération du loup aura lieu ce jeudi 25 septembre à 10 heures à la cabane de chasse de Millières, en Haute-Marne. Ce rendez-vous marque le début d’un mouvement qui pourrait bien s’étendre dans tous les départements concernés par la prédation, tant la colère et l’inquiétude gagnent les campagnes françaises. Depuis des mois, les témoignages d’attaques se multiplient. Troupeaux décimés, pâturages fragilisés, nuits blanches pour garder les bêtes : la réalité quotidienne des éleveurs n’est plus soutenable. À travers cette première mobilisation, il s’agit d’unir les voix, de montrer que le monde rural refuse de se résigner et entend défendre son avenir. Les organisateurs appellent chacun à venir nombreux, avec cornes de chasse, casseroles ou crécelles, pour faire entendre une détermination sans faille. Ce n’est pas seulement la survie d’un mode de production agricole qui est en jeu, mais bien celle d’un mode de vie, de traditions séculaires et d’un modèle agricole français qui nourrit nos territoires. D’autres départements pourraient emboîter le pas et rejoindre ce mouvement. Si tel est le cas, ce sont des milliers de citoyens, d’éleveurs, de familles entières qui prendront la rue pour rappeler aux décideurs que la protection des animaux d’élevage et des campagnes ne peut plus attendre. Communiqué de la FDSEA, des JA 52 et de la FDLP 52 : « Rendez-vous jeudi 25 septembre à 10 heures à la cabane de chasse de Millières (https://maps.app.goo.gl/DWwl/l6GzuEVSdSqsc9). Assez, c'est assez ! Nos troupeaux, nos pâturages et notre mode de vie sont menacés par une prolifération incontrôlée du loup. Unissons nos voix pour défendre nos territoires et nos traditions. Venez nombreux faire entendre notre colère et exiger des actions concrètes pour protéger nos animaux, nos élevages et notre avenir : pour cela, n'hésitez pas à venir avec des cornes de chasse, des casseroles, des crécelles, etc... Mobilisons-nous pour défendre notre modèle agricole français ! Merci de garer les véhicules le long de la départementale et non dans les champs, au regard du temps. Pour la réussite de cette journée, nous invitons les participants à respecter les biens et les personnes ».

« Loup y es-tu ? Oui, partout… mais pas trop quand même ! »

Le Plan National d’Actions sur le loup et les activités d’élevage 2024 ressemble à une immense machine à subventions. Pas moins de 39,7 millions d’euros d’aides publiques ont été déversés pour soutenir les éleveurs face aux prédations lupines, une hausse de 8,7 % par rapport à 2023. Ces financements couvrent un panel impressionnant de mesures : 1 169 nouveaux chiens de protection, l’entretien de plus de 9 000 patous déjà en activité, des aides forfaitaires pour près de 2 800 éleveurs, et même le recrutement de près de 2 000 bergers salariés pour surveiller les troupeaux. À cela s’ajoutent les clôtures électriques, financées en moyenne à hauteur de 2 287 € par dossier, histoire de rendre la vie plus difficile aux prédateurs aux crocs acérés. En clair, la République protège ses brebis à coups de millions, tout en s’arrangeant pour calmer la colère des éleveurs qui voient leurs bêtes réduites à l’état de steaks gratuits pour Canis lupus. Derrière ces chiffres mirobolants, se dessine un paradoxe : on finance la protection comme jamais, mais le nombre d’attaques continue, lui, de progresser. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 4 176 constats indemnisés ou en cours, soit +4,2 % par rapport à l’an dernier, et surtout plus de 11 000 victimes recensées (+5,7 %). De quoi donner l’impression que plus on dépense pour protéger, plus le loup se frotte les pattes griffues...

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Les préoccupations environnementales des Français...

En 2024, les enquêtes menées par le Service des données et études statistiques (SDES) révèlent une évolution notable dans les priorités environnementales des Français. Le changement climatique, longtemps évoqué de manière abstraite, est désormais associé à des catastrophes naturelles vécues concrètement. Les inondations et crues récentes, perçues comme conséquences directes du réchauffement, expliquent que ces événements soient devenus une source majeure d’inquiétude. Ainsi, la part des personnes les citant comme préoccupation principale a presque doublé entre 2022 et 2024. Le réchauffement climatique en lui-même recule légèrement, tandis que la pollution de l’air, jadis en tête, occupe désormais la troisième place. D’autres thématiques, telles que la pollution de l’eau ou la disparition d’espèces, suscitent moins d’inquiétude, mais apparaissent souvent comme préoccupations secondaires. En revanche, les déchets ménagers ou les nuisances sonores restent très marginaux dans les réponses. Ces hiérarchies varient selon le lieu de vie et la catégorie sociale : les habitants des grandes villes évoquent davantage la pollution de l’air et le bruit, tandis que les ruraux se montrent plus sensibles aux risques naturels. De même, les cadres expriment une forte inquiétude pour le climat, quand les ouvriers privilégient davantage la prévention des catastrophes. Au quotidien, les principaux désagréments relevés concernent le manque de transports en commun, la pollution atmosphérique et le bruit. Les risques naturels, bien que moins cités en premier, deviennent plus préoccupants lorsqu’on prend en compte les choix secondaires...

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L’ambroisie : un fléau coûteux pour la santé et l’environnement

Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie s’est progressivement installée en France, importée par inadvertance à la fin du 19e siècle, à travers des semences agricoles ou du fourrage militaire. Cette plante invasive, de la famille des Astéracées, est devenue l’une des principales préoccupations des pouvoirs publics. Son caractère hautement allergisant et sa prolifération rapide représentent un enjeu sanitaire et économique majeur, avec un coût estimé à plus de 26 millions d’euros par an, rien que pour les soins liés aux allergies. L’ambroisie à feuilles d’armoise est aujourd’hui présente sur la quasi-totalité du territoire, après avoir conquis Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Sa cousine, l’ambroisie trifide, encore plus imposante, commence également à inquiéter. Ces espèces se propagent d’autant plus facilement qu’elles n’ont pas emporté avec elles leurs ravageurs naturels, ce qui rend leur régulation particulièrement complexe. Un seul plant peut produire des milliers de graines capables de rester viables plusieurs années dans le sol, assurant ainsi une expansion continue. Les conséquences sont multiples. Sur le plan sanitaire, le pollen de l’ambroisie provoque de violentes réactions allergiques : rhinites, conjonctivites, asthme, atteignant des centaines de milliers de personnes chaque année. Cette situation engendre une forte pression sur le système de santé : consultations médicales, traitements antihistaminiques, arrêts de travail. Le coût réel dépasse largement l’estimation officielle de 26 millions d’euros, si l’on prend en compte la baisse de productivité et l’impact sur la qualité de vie. Sur le plan agricole et environnemental, l’ambroisie concurrence directement les cultures, en étouffant les jeunes plants de tournesol, de maïs ou encore de légumes. Certaines espèces atteignent jusqu’à quatre mètres de haut, formant de véritables barrières végétales. À terme, elles menacent la biodiversité locale en occupant les sols au détriment des plantes indigènes. Face à ce fléau, un dispositif réglementaire spécifique a été instauré en 2017 dans le Code de la santé publique. Préfets et communes doivent mettre en place des plans de lutte, soutenus par des référents locaux formés pour identifier et coordonner les actions. La participation citoyenne est également essentielle : chacun peut arracher les plants sur sa propriété ou signaler leur présence via la plateforme signalement-ambroisie.fr ou son application mobile.

ONF : 380 kilomètres de dunes sous surveillance...

Face à l’accélération des aléas climatiques, l’ONF change d’échelle dans la gestion du littoral. Responsable de 380 kilomètres de dunes domaniales le long de l’Atlantique, l’Office lance son Plan de gestion destiné à structurer et optimiser ses actions pour les cinq prochaines années. Éléments naturels mobiles, les dunes atlantiques sont soumises à de multiples pressions. Le changement climatique amplifie les menaces d’érosion marine, d’érosion éolienne et de submersion. Or, ces cordons dunaires jouent un rôle déterminant de barrière protectrice contre l’océan. Chaque année, les équipes de l’ONF interviennent par des techniques de génie écologique et civil pour consolider ces milieux. Mais l’intensité croissante des phénomènes oblige désormais à dépasser la simple réaction ponctuelle pour développer une vision prospective et cohérente à moyen terme. Le plan repose sur une méthode d’analyse diachronique, c’est-à-dire l’étude de l’évolution des variables morphologiques et environnementales au fil du temps. L’objectif est de prédire les trajectoires des dunes et d’anticiper les interventions nécessaires. Ce cadre d’action permet de mieux évaluer l’impact des aléas naturels sur plusieurs enjeux clés :

- les zones urbanisées et infrastructures,

- les équipements d’accueil du public,

- les parcelles forestières,

- la biodiversité dunaire.

Cette analyse établit des niveaux de risque localisés et propose des itinéraires techniques adaptés à chaque contexte, alliant rigueur scientifique et pragmatisme de terrain. Le plan se veut également un outil collaboratif. Dès l’automne, il sera diffusé auprès de l’ensemble des équipes de l’ONF travaillant sur le littoral : techniciens, chefs de projets, aménagistes. L’enjeu est de bâtir une base commune de connaissances pour faciliter la décision, coordonner les actions et optimiser les moyens déployés. Cette mutualisation des savoir-faire doit renforcer la cohérence des interventions et accroître leur efficacité. Pensé sur cinq ans, le plan s’inscrit dans une démarche de résilience à long terme.

PestiRiv : une étude inédite sur l’exposition aux produits phytopharmaceutiques

L’étude nationale PestiRiv, conduite par Santé publique France et l’Anses en 2021-2022, apporte pour la première fois en France des données d’ampleur sur l’exposition des populations vivant à proximité de cultures, en prenant la viticulture comme exemple. Elle a concerné près de 2 700 participants (adultes et enfants) répartis dans 265 sites viticoles et non viticoles, situés dans six grandes régions. L’objectif était de mesurer l’imprégnation des riverains par 56 substances utilisées en protection des cultures, grâce à des prélèvements biologiques (urines, cheveux), des échantillons environnementaux (air extérieur, air intérieur, poussières domestiques, parfois fruits et légumes de jardin), ainsi que par des questionnaires sur les habitudes de vie et de consommation. Les résultats confirment que les habitants proches des vignes présentent une exposition plus importante que ceux éloignés de toute culture, en particulier lors des périodes de traitement. Cette observation vaut tant pour les adultes que pour les enfants, et concerne différentes catégories de substances, qu’elles soient spécifiques à la vigne (folpel, métirame) ou d’usage plus large (glyphosate, cuivre, spiroxamine). Les phénomènes de dérive lors des applications ou de volatilisation après traitement expliquent en partie la présence de résidus dans l’environnement et les habitations. Il est important de noter que certaines substances n’ont pas montré de différences d’exposition, soit parce qu’elles proviennent aussi d’autres usages domestiques ou non agricoles (cas des pyréthrinoïdes), soit parce que leur utilisation dans les vignes a été faible pendant la période étudiée. Par ailleurs, les conditions météorologiques particulières du printemps et de l’été 2022 (peu de pluie, chaleur) ont pu limiter le nombre de traitements, ce qui suggère que l’exposition pourrait varier selon les années. Les agences soulignent que les deux principaux facteurs d’exposition sont la quantité de produits utilisés et la proximité des habitations. Pour réduire l’exposition, elles recommandent de limiter les traitements au strict nécessaire et de réduire leur dispersion, dans le cadre notamment de la stratégie nationale Ecophyto 2030.