Le mot trophée vient du grec « tropaion », et ce terme fait référence à une coutume indo-européenne, vieille d’environ six mille ans. Elle consistait à suspendre, en place publique, des objets pris à l’ennemi sur le champ de bataille, afin de commémorer la victoire. Ces Indo-européens, colonisateurs guerriers, venaient des steppes du nord de la Mer Noire. Cet usage du trophée de guerre, s’est ensuite étendu à la chasse. Les guerriers grecs, chasseurs entre deux conflits, se paraient de défenses de sangliers, de canines et de griffes d’ours. Les Gaulois fixaient, pour décorer leurs casques, des ailes et des cornes, et en Europe centrale, le char de Strettweg, (600 ans av JC, musée de Graz en Autriche) est orné d’un cerf, qui pourrait être une représentation de Cernunnos, dieu de la mythologie gauloise. Après la longue période des croisades en terre sainte (1095-1291), nos insatiables ancêtres engagèrent la guerre de Cent ans contre l’Angleterre (1337-1453). Conflit larvé, entrecoupé de trêves plus ou moins longues, sans de véritable grande bataille, mais qui sera marquée par une occupation anglaise qui explique en partie le développement parallèle de la vénerie dans nos deux pays. Génie politique, passionné de chasse, Gaston Phoebus écrivait entre 1387 et 1389 son livre de chasse, un traité de vénerie qui sera considéré comme un ouvrage de référence jusqu’au 19ème siècle. Bien que les anti-chasse dénoncent, entre autres, cette tradition du trophée, une récente enquête commandée par la FACE et à destination du Parlement européen, met en lumière l'importance mondiale de la chasse pour la conservation, en abordant en particulier cette question des trophées. Le désir, légitime, des chasseurs de conserver un souvenir de leur chasse est largement soutenu, comme l’indiquent les résultats de cette enquête, à la condition cependant que l’animal ait été chassé légalement et dans le respect des réglementations internationales. Cette reconnaissance souligne aussi le rôle de la chasse dans la conservation des ressources à régénération naturelle et la protection des espèces, soulignant la compréhension nuancée et l’acceptation des pratiques de chasse par le public.