Selon les dernières statistiques de l’ONF, plus de 50% des surfaces des forêts domaniales, appartenant à l’Etat, sont en situation de déséquilibre forêt-ongulés à cause d’une surpopulation de grands cervidés, chevreuils et sangliers. « La chasse, une activité parfois incomprise du grand public, est nécessaire au renouvellement de la forêt » précise l’Office, qui ajoute cependant : « La chasse, on peut l’aimer ou la détester, mais une chose est sûre : en l’absence de grands prédateurs, cette activité, gérée par l’ONF dans les forêts domaniales françaises, est indispensable à l’équilibre et à la bonne santé des écosystèmes forestiers ». Certes, il faut reconnaitre que nous avons une bonne part de responsabilité, mais qui doit cependant être partagée avec le détenteur du droit de chasse lui-même. Déplorant l’augmentation considérable des ongulés en 40 ans, et justifiant d’agir vite face au réchauffement climatique, Ludovic Lanzillo, expert national chasse, pêche et équilibre forêt-ongulés à l’ONF explique : « Le danger pour les forêts est réel. Présents en trop grand nombre, ces animaux consomment en quantité importante les jeunes arbres, compromettent ainsi la croissance et le renouvellement des peuplements forestiers et appauvrissent la diversité des essences, notamment celles adaptées au changement climatique… En 2022, la situation ne s’est pas améliorée, même si elle varie selon les territoires. Les régions Grand Est, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté demeurent très concernées, mais les ongulés forestiers n’épargnent pas les forêts d’Auvergne, de Lozère, du Limousin, du Sud-Ouest et bien d’autres encore… »
La présence des ongulés, en France, a fortement changé. Selon l’OFB, le cerf occupait plus de 49% des surfaces boisées en 2019, contre 25% en 1985. « Quant aux sangliers, ils ne causaient pas de problème en petite densité, mais leur nombre a été multiplié par six en trente ans » complète Ludovic Lanzillo. Tous les ans, la gestion liée à la surabondance des grands animaux en forêt coûterait environ 15 millions d’€ supplémentaires à l’ONF, principalement en coûts de plantations pour combler les vides, et en opérations de protection des semis et des jeunes plants. « A ceux qui disent que ce déséquilibre est une invention, je les invite à aller sur le terrain avec les forestiers pour voir l’étendue des dégâts et comprendre les conséquences économiques et écologiques induites par ce phénomène », continue-t-il. C’est bien évidemment ce que font les chasseurs toutes les semaines, pour constater que… le gibier est loin d’être le seul responsable, en témoignent d’anciens forestiers qui estiment que la gestion de l’Office, pour équilibrer son budget, a tapé un peu trop fort dans le capital forestier depuis une vingtaine d’années. Le réchauffement climatique ne servirait-il, en certains endroits surexploités, qu’à masquer les erreurs du passé ? En gestion forestière, il ne faut pas oublier ce que disaient les anciens : « en forêt, quand on replante, c’est qu’on s’est trompé… ». Mais concluons par la plaquette de l’ONF qui souligne l’utilité de la chasse, moyen d’intervention irremplaçable pour gérer les populations d’animaux sauvages. Et c’est, sans aucun doute, la meilleure nouvelle de la journée !