L’historien rappelle que, malgré les progrès technologiques, l’histoire matérielle de l’humanité est marquée par une croissance continue de l’utilisation des ressources. Il critique le discours dominant, qui repose sur l’idée qu’une innovation technologique suffira à résoudre les problèmes climatiques. Pourtant, les émissions de CO₂ continuent d’augmenter, même lorsque des technologies plus efficaces sont adoptées, comme ce fut le cas avec la machine à vapeur ou les moteurs électriques. Pour Jean-Baptiste Fressoz, la notion de transition énergétique joue un rôle d’aveuglement. Elle permet de différer des décisions difficiles, comme réduire la taille de l’économie ou revoir l’usage des ressources. « L’idée qu’une économie entièrement décarbonée sera possible en 2050 justifie la procrastination et entretient l’illusion d’un futur technologique salvateur », déplore-t-il. Un exemple frappant est celui des avions à hydrogène, souvent présentés comme une solution d’avenir, alors que les ingénieurs eux-mêmes restent sceptiques quant à leur faisabilité. Ce type de discours, selon l’historien, masque les véritables enjeux : comment réduire la demande énergétique et utiliser le CO₂ de manière rationnelle et sociale. Jean-Baptiste Fressoz invite donc à réfléchir à l’utilisation du CO₂ dans une économie encore partiellement carbonée en 2050. Il propose d’investir dans des projets ayant une utilité sociale, comme des infrastructures pour l’eau dans les pays en développement, plutôt que dans des projets économiquement rentables mais peu utiles, comme des gratte-ciel ou des autoroutes dans les pays riches. En conclusion, l’historien appelle à dépasser le discours simpliste de la transition énergétique pour engager une réflexion sur la sobriété et la rationalisation des usages des ressources. Selon lui, seule une remise en question profonde de la taille de l’économie et de ses priorités pourra réellement répondre aux défis climatiques.
alabillebaude
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