Il y a exactement 117 ans, dans son édition du 23 décembre 1906, « Le Petit Journal » relatait une partie de chasse particulièrement mouvementée, qui laissa, près d’Arroncheo, au Portugal, quelques morts sur le terrain et de nombreux blessés. Ce jour-là, les valets de limiers avaient détourné une énorme compagnie de plusieurs dizaines de sangliers, trente à quarante selon certains, près d’un cent selon les autres. Laies en chaleur et mâles en rut se sentant pris en tenaille par les chiens et les chasseurs, ne sachant plus par quel côté ils pouvaient fuir, ont fait face. Dans les violents heurts qui suivirent, les meilleurs chiens subirent les charges mortelles des bêtes noires, et, en deux minutes, seize chiens, parmi les meilleurs de la meute, furent tués sur place, alors qu’une vingtaine d’autres, horriblement décousus, fuyaient le champ de bataille, cuisses, gorges et flancs ouverts. Au milieu de la mêlée, le Roi du Portugal et le prince héritier, accompagnés du marquis de Ferra et du comte de Molina, subissaient aussi les assauts des sangliers. Les chevaux de ces derniers prirent peur, jetant à terre leurs cavaliers. Le premier se fractura l’épaule dans sa chute, quant au second, il fut traîné, le pied coincé dans l’étrier sur plus de cent mètres. Il s’en tira avec de très sérieuses contusions, griffures au visage, épaule démise et entorse à la cheville. Mais la plus honorable victime de la journée fut le roi Carlos lui-même, qui vit son cheval périr entre ses jambes, atrocement éventré par un grand vieux sanglier, « plus haut qu’un âne » ont raconté les témoins…