L’organisation des chasses

Pour les battues qui se déroulent sur les 3 000 ha de l’Amicale, entre 20 et 25 membres de l’ACCA sont habituellement présents, sur les trente adhérents. Le lieu de rendez-vous, à la cabane de chasse, est sur la commune de Saint-Michel de Vax (81). Le local, judicieusement aménagé, comprend un cadre dédié au traitement de la venaison, très bien équipé et fonctionnel. Au terme de chaque battue, la venaison est partagée entre les participants à la battue, ainsi que les propriétaires fonciers et la commune. Sur ce territoire maillé de prairies, de bois feuillus, de conifères, d’étendues de genévriers et buissons noirs, les bêtes noires sont chez elles, et s’y défendent âprement. Le matin de la battue, le pied est fait par plusieurs chasseurs, souvent à l’aide de chiens de pied. A leur retour vers 10 heures, le point est fait pour décider l’ordre et le lieu des diverses traques. Un petit casse-croute suit, puis c’est le rond, l’attribution des postes et on chasse jusqu’en milieu d’après-midi, avant de partager le repas. Les piqueurs suivent à pied les chiens courants, qui sont repris quand ils ont franchi les limites de la chasse, et relâchés à nouveau dans la traque. Les postés, eux, attendent patiemment que les menées viennent jusqu’à eux, et quand c’est nécessaire pour plus d’efficacité, resserrent les rangs. A noter la présence de nombreux miradors de tir sur le territoire, pour améliorer la sécurité et les tirs fichants. Nous sommes dans une équipe où le chien courant est prépondérant, avec plusieurs meutes qui alternent avec leurs qualités intrinsèques. Ce sont Guy Rignac avec des Bruno du Jura et des Rouge du Comminges, François Amilhau avec des Ariégeois, Fabien et Jacques Guesdon avec des chiens de pays et des griffons, puis Christophe Bousquet dit « puce », avec des Rouge du Comminges et des Bruno. Dans ce biotope chargé de végétation, il faut des chiens gorgés, vaillants, requérants, capables de rapprocher et de mener parfois longuement. Les directeurs de battue sont Fabien Guesdon et Christophe Bousquet qui connaissent très bien le territoire et sont méticuleux dans l’organisation et la sécurité de la battue. Chez les Bousquet, le sanglier c’est une histoire de famille, d’abord le papa, Michel, puis le fils, Christophe, cheville ouvrière de l’équipe, et Milo, le petit dernier, fils de Christophe, qui fait son apprentissage de la chasse au sanglier, un sacré trio !

 

La battue du mercredi 14 décembre 2022 :

J’ai rendez-vous ce matin-là à 7h30, dans une commune proche, Saint-Antonin-Noble-Val(*), avec Thierry Cabanes, le président de la FDC 82 qui chasse habituellement avec l’équipe de Laussier. J’arrive sous la pluie, mais la météo prévoit une embellie dans la matinée, et c’est tant mieux. Quelques kilomètres d’une route champêtre, et nous arrivons à la cabane de chasse de Saint-Michel de Vax pour la prise de contact avec les chasseurs locaux et le président François Gaillard. Les traceurs sont déjà à pied d’œuvre, et le cahier de battue rempli indique que nous serons 32 à la battue, 23 postés et 9 piqueurs. En attendant leur retour, le café et les viennoiseries nous font agréablement patienter. A 8h30, tout le monde est de retour pour le rapport qui va permettre aux responsables de la battue de décider l’ordre des attaques. Les traces sont nombreuses, la pluie a cessé, tout se présente donc pour le mieux. Christophe Bousquet organise le rond, donne les consignes de sécurité, puis le plan de la battue est dévoilé avec trois traques au programme. Les postes de la première traque sont attribués : elle aura lieu au lieu-dit « Le Cul de sac », une enceinte de 150 hectares environ. Dès que les postés sont en place, les Porcelaine et Rouge du Comminges sont découplés. Ils empaument immédiatement la voie d’une compagnie qui sera mise sur pied un petit quart d’heure après. Un ragot d’une cinquantaine de kilos sera vu par corps, puis il fera change sur une bête rousse. Un beau ragot, mené par « Nala » tiendra le ferme un bon moment, avant de fausser compagnie au chien. A la fin de cette première battue, aucun animal n’a été tiré et le compteur est toujours à zéro. Nouveau déplacement pour rejoindre les postes de la seconde batture au lieu-dit « Castagnarède ». Sur les cent hectares de l’enceinte, les meutes de Fabien et François Guesdon, ainsi que celle de François Amilhau, lèveront une forte compagnie de sangliers peu après le découplé. La menée, vive et sonore, durera une trentaine de minutes. Deux sangliers passeront de vie à trépas, prélevés par François Amilhau et Ludovic Barrau dit « Ludo ». La fin de traque est sonnée vers 13h30. La troisième et dernière battue, à « Gabach », sera la plus grande avec trois meutes découplées sur une compagnie en forlonger, mais remisée peu après. Les chiens remontent patiemment la voie jusqu’à la bauge où la compagnie éclatera sous la pression des courants. Nous sommes aux premières loges car trois sangliers nous partiront dans les pieds ou presque. Jordan Cabares en stoppera un par un superbe tir. Puis les menées se séparent… Dominique Cabares tuera une bête noire aux Placettes, Jean-Pierre Bernazuc, un autre au bois du Frère, et vers 15h30, une bête rousse me passera si près que je n’ai même pas eu le temps de la mettre dans la « boite ». A 15h45, la fin de battue est sonnée. Les chiens, qui ont magnifiquement levé et mené, ne se font pas prier pour rejoindre les voitures et leur caisse respective. Puis, retour à la cabane pour « peler » les victimes du jour, ce qui sera fait en un temps record. La photo avec le tableau immortalisera cette battue avant le retour… de la pluie. Après l’effort, le réconfort, bien évidemment dans la joie et la bonne humeur, en partageant une excellente « fideua » préparée par les deux excellents cuisiniers du groupe. Et, comme toute bonne battue se termine par quelques histoires lestes et quelques chansons qui quelquefois le sont moins, nous n’avons pas dérogé à la tradition, dans la joie et la bonne humeur. Merci à tous les membres de l’Amicale, aux traqueurs, aux directeurs de battues, au président François Gaillard et au président de la FDC 82 Thierry Cabanes, pour leur accueil chaleureux, et cette journée pleine de souvenirs, qui m’a permis de découvrir une belle chasse aux chiens courants sur un superbe territoire.

 

(*) La commune de Saint-Antonin-Noble-Val est située dans le Tarn et Garonne, en confluence de la rivière la Bonnette et de l’Aveyron. Elle se trouvait autrefois au carrefour de trois anciennes provinces du sud-ouest : le Rouergue, l’Albigeois et le Quercy. Cette position idéale a grandement influé sur son développement, l’eau y occupant une place primordiale. Au cours des siècles, elle porta le nom de Saint-Antonin, puis de Libre-Val à la Révolution, Saint-Antonin-Libre-Val ensuite et, en 1962, elle est devenue Saint Antonin-Noble-Val, du nom de la vallée baptisée Nobilis Valis par les Romains. De nombreux atouts architecturaux (patrimoine bâti, colombages, passages couverts, gorges de l’Aveyron, falaises du Roc d’Anglars, cirque de Bone ou gisement préhistorique de Fontales) en ont fait un centre économique, culturel et touristique incontournable du département. Cette cité est forte de presque 1900 habitants, a une superficie de 10 612 hectares étagés de 110 à 395 mètres. Son site est protégé par les gorges de l’Aveyron, le Roc d’Anglars, voisin de la superbe forêt de la Grésigne et de ses 27 700 hectares. L’agriculture y tient, avec le tourisme, une place prépondérante.