Devant la bonne santé des populations de Marco Polo, le Tadjikistan a instauré des quotas de chasse pour limiter le nombre d’animaux. Pour la saison en cours qui se terminera le premier mars, il avait été accordé 110 autorisations pour les mouflons Marco Polo, 16 pour la chèvre markhor et 16 pour l’urial. Carton quasiment plein pour les prélèvements raisonnés de ces espèces puisque le 1er février dernier, le média tadjik « Asia-Plus » annonçait l’atteinte imminente de la limite des quotas de chasse d’animaux rares pour la période 2023-2024. Originaire de la région centrasiatique, le mouflon tient son nom du célèbre voyageur vénitien qui parcourut l’Asie à la fin du 18ème siècle. Considéré comme rare, le mouflon Marco Polo est l’un des trophées de chasse les plus prisés des hautes montagnes d’Asie centrale, avec l’ibex de Sibérie. Classé quasi-menacé par l’UICN, le mouflon Marco Polo est érigé au rang d’emblème du pays, en raison de son impressionnante stature. Ce sont surtout les cornes des mâles qui confèrent à l’animal son image iconique. L’inscription du parc national du Pamir au patrimoine mondial de l’Unesco, en 2013, n’a fait que renforcer l’idée que la pratique d’une chasse réglementée, dans cette zone naturelle protégée abritant des espèces rares, pouvait aider à sa conservation. Ainsi, au fil des ans, le gouvernement tadjik a fait évoluer les quotas, augmentant le nombre d’animaux pouvant être tués. Succès sur toute la ligne puisque l’instauration de quotas n’interdit pas la chasse des animaux protégés, mais la réglemente sévèrement, dans le but de maintenir un nombre aussi élevé que possible d’animaux, et ainsi continuer à alimenter le secteur de la chasse touristique. Les participants sont triés sur le volet et le gouvernement tadjik n’hésite pas à faire de la chasse du Marco Polo une activité de luxe. Le prix d’une seule licence coûte, au minimum, 55 000 somonis (4 685 euros) pour un mouflon Marco Polo, et et plus de 380 000 somonis (32 349 euros) pour une chèvre markhor. A cela s’ajoutent les frais de guides, de transport et de matériel, d’hébergement et les à-côtés touristiques, bien utile pour l’économie du pays, car grâce à ces recettes des chasses au trophée, le gouvernement tadjik peut financer le développement économique et social du territoire.