Chaque commune dispose de sa structure de chasse avec à sa tête, Nicolas Mangieu pour Boissières, Michel Faure pour Calamane, Christian Delbut pour Maxou, Sébastien Treneule pour Nuzejouls et Jonathan Boully pour Saint Pierre Lafeuille. Le territoire chassable voisine les 5 000 hectares pour le sanglier, avec un biotope maillé de surfaces boisées avec beaucoup de châtaigniers et des prairies et cultures diverses. Le sanglier est chassé à partir du 15 aout (si dégâts aux cultures), ou de fin septembre jusqu’à fin mars, deux jours par semaine. Le territoire est propice à la bête noire qui s’y plait et s’y développe avec ardeur, et nécessite l’attention des chasseurs locaux pour contrôler son expansion. Il est chassé en battue au chien courant qui ici a droit de cité, et à qui l’on voue un grand respect passionnel. Les propriétaires des meutes sont Francis Bartolo, Jonathan Boully, Benjamin David, Christian Delbut, Thierry Lafon, Guy Massou et Jean-Michel Reste. Ils ont pour la plupart des chiens de pays, adaptés au territoire, aguerris et dégourdis, bons sur le pied, le rapproché et la menée, capables d’efforts soutenus et durs au mal. Ils payent aussi parfois cher leur engagement, par des blessures que leur inflige le sanglier, qui vend chèrement sa peau.

 

Un tableau annuel flatteur

Le tableau sanglier, bon an mal an, oscille de 60 à 75 prises, ce qui est appréciable. La cabane de chasse est située au lieu-dit « Lagarrigue » à Boissières, incontournable pour la vie de l’équipe. Elle est dotée de tous les aménagements, y compris pour la venaison, partagée d’abord entre les propriétaires apporteurs des droits de chasse, puis entre les chasseurs de l’équipe. Concernant le plan de chasse chevreuil, il y a une attribution par commune pour un total de 130 animaux. Ils sont chassés en battue avec mutualisation des journées, auxquelles participent les chasseurs locaux. A noter aussi que Thierry Lafon a souvent organisé, sur ces territoires, soit des concours de chien de pied ou des journées découverte pour les jeunes, ce qui est à son honneur. En tous cas, c’est une belle équipe, qui vit bien et fait honneur à la chasse, c’est certain. Mais nous allons revenir, avec entrain, au cœur de ce bel évènement : la battue féminine du 24 novembre 2024, qui a mobilisé toutes les énergies locales. Qu’on en juge : Marina Guenin, l’omniprésente secrétaire avait cette idée en tête depuis un certain temps. Il fallait donc mobiliser les énergies, rassembler les dianes chasseresses autour du projet et trouver un créneau de date. Bingo, après maints efforts et RDV constructifs, nous voilà au pied de l’évènement. Ce dimanche matin, à l’invitation de Thierry Lafon, je devais être à la cabane entre sept heures 30 et 7 heures 45 pour partager le café, puis partir faire les traces. A mon arrivée, je sens une effervescence particulière, celle qui précède les grands moments… Et joie supplémentaire, j’ai le plaisir de retrouver, avec émotion, Georges Borne et Guy Massou, qui ont partagé mes débuts de chasseur de sanglier sur ces territoires, puis aussi mes amis Christian Delbut et Jean-Michel Reste, excellents conducteurs de chiens et beaucoup de jeunes chasseurs aussi, signe évident d’une équipe dynamique. Une fois le café et les viennoiseries avalés, c’est le départ pour faire les traces, où ces dames auront le plaisir de conduire les chiens de pied en binôme ou seules. L’objectif est le retour à la cabane pour neuf heures 30 pour faire le rond et décider de l’attaque.

 

Faire le pied

Avec Thierry Lafon, mon conducteur qui connait le territoire mieux que le fond de sa poche, nous observons sur plusieurs secteurs les évolutions des conductrices du jour avec leur chien courant. A l’heure dite, retour à la cabane pour le compte-rendu. Les attaques sont multiples, mais Marina, cerise sur le gâteau a, à la « baignoire », trois rentrées se dirigeant vers une combe abritée et touffue où les sangliers pourraient être baugés, car le chien de pied manifeste énergiquement, sur les traces du matin. Marina, directrice de la battue du jour, donne les consignes de sécurité, écoutées dans le silence et l’attention des participants. Les postes sont attribués. Il y aura 17 postés, 10 piqueurs, 6 accompagnants et pas moins de 15 chasseresses. Avant le départ pour les postes et le lieu du découpler, nous prenons tous ensemble un « en-cas » réconfortant, avant d’affronter l’évènement. Puis c’est le signal du départ. Les postés gagnent en silence leur poste, puis nous allons au découpler à la fameuse « baignoire » où 15 à 20 courants seront mis à la voie. Avec Thierry nous allons nous positionner sous la ligne électrique, située au-dessus du découpler pour entendre et essayer de prendre des photos. Au coup de trompe, les chiens sont découplés, empaument immédiatement la voie avec un train soutenu, et moins de dix minutes après, sont à la bauge à « Bertouille » où ça « barde grave ». Les sangliers, bousculés, giclent dans plusieurs directions. A une centaine de mètres, nous voyons deux superbes ragots qui se défilent dans la colline voisine poursuivis par trois courants qui cognent sur la voie. La première menée des deux ragots se dirige vers « l’alégrier », une seconde menée va vers Régnac à Calamane, où nous nous rendons pour découpler des chiens supplémentaires ci-besoin. Un joli petit ragot gicle devant nous dans un pré, et immédiatement Thierry découple trois courants sur sa voie. Ce sanglier sera mené plus d’une heure, puis tiré à la « Daillouse ». Blessé, ce sera Marina qui, bien postée au « cirque de l’Avocate », mettra fin à ses jours d’un tir précis. Bravo à elle.

 

Convivialité aussi…

Les menées dureront jusqu’après 12 heures 30, et deux ragots supplémentaires y laisseront leur peau, un tué à « Combe Croze » par le président Boully, et l’autre dans la côte de Liffon, par Julien Calmeilles. A 12 heures 45, le coup de trompe de fin de battue retentit. Les courants sont repris, les sangliers tués récupérés, et retour à la cabane pour l’éviscération et le débriefing. Les Dianes chasseresses se sont régalées en participant pleinement aux actions, et ont fait honneur à une éthique irréprochable de la chasse. Puis ces tâches accomplies, nous nous rendons à la salle des fêtes de Saint Pierre Lafeuille pour partager un repas succulent, préparé de main de maitre par Thierry Plantade et ses adjoints, dans une ambiance chaleureuse, avec la présence du maire de la commune. Rendez-vous est pris pour une nouvelle battue féminine l’an prochain, encore plus belle. Moi, le vieux baroudeur de la chasse au sanglier, je me suis régalé au sein de cette équipe qui chasse de la manière que j’aime. Bravo Mesdames, pour le plaisir procuré par votre passion. Cela fait du bien de vivre de tels moments sur la voie de la bête noire en si bonne compagnie.