La saison de chasse ne se déroule pas comme prévu pour de nombreux chasseurs. La FNC s’en trouvera sans doute satisfaite, car cela entre dans le deal passé avec l’Etat, et les FDC s’en réjouiront puisque ça devrait minorer le montant des dégâts payés aux agriculteurs… mais ça n’est pas si simple. Alors que nous sommes aux deux-tiers de la saison 2024/2025, force est de constater que les sangliers, normalement présents en nombre en cette période de l’année, semblent avoir déserté une grande partie des territoires. Si les prévisions de l’été dernier laissaient espérer une saison prolifique, les constats actuels déconcertent les observateurs et les chasseurs. Les raisons de cette absence, estimée à environ 15 à 20% des effectifs, sont multiples et complexes, et plusieurs hypothèses sont avancées pour l’expliquer, bien que, pour le moment, tout reste au conditionnel. Voyons les causes probables de la situation :

- des conditions climatiques défavorables : après deux années sèches et chaudes, 2024 a été très riche en épisodes pluvieux. S’ils ne sont pas graves sur de courtes périodes, ils ont probablement anéanti un certain nombre de portées au moment du pic des naissances, de fin mars à la mi-mai, avec un facteur aggravant, une température basse qui n’a pas permis aux marcassins de maintenir la chaleur corporelle nécessaire à leur survie ;

- une nourriture trop humide qui a desservi les femelles allaitantes. Avec des apports alimentaires chargés d’eau, le lait a aussi été moins riche en matières grasses, retardant de fait la prise de poids des nouveau-nés. Et quand on sait que la dizaine de jours qui suit les naissances est cruciale, on a peut-être là une deuxième cause de surmortalité ;

- les interventions ponctuelles demandées par les agriculteurs, en particulier les opérations de tirs de nuit qui touchent toutes les catégories de bêtes noires. Les mâles, solitaires plus discrets sont plus rarement vu que les compagnies, dans lesquelles émergent les plus gros, donc des laies adultes, plus facilement repérables. Tuées de préférence aux bêtes rousses, peut-être aussi ont-elles manquées dans la reconstitution des effectifs ;

- un effet naturel d'autorégulation : les populations de sangliers, bien que dynamiques, suivent des cycles d’abondance et de diminution naturels. Peut-être assistons-nous à une phase de recul de leur population après plusieurs années de prolifération ?

Pour les chasseurs, cette situation entraîne des conséquences directes : sorties infructueuses, frustration croissante, mais aussi des impacts économiques sur les territoires où la chasse constitue une activité importante. Au-delà de la déception, il faut donc attendre des réponses plus précises, qui viendront avec les prélèvements réalisés les deux prochains mois…