Pour cela, j’ai choisi une méthode relativement simple. Je me présentais aux animaux, habillé de beige. Alors qu’ils connaissaient ma voix, mon odeur et mon habillement habituellement sombre, à mes appels la compagnie s’approcha rapidement, mais arrivée à 10 mètres de moi, ils s’arrêtèrent et la laie meneuse poussa un bref cri d’alerte. Ils prirent la fuite aussitôt, comme s’ils étaient en face d’un étranger. Mes appels et les tentatives de séduction n’eurent absolument aucun effet. Je remis sur le champ mes « habits de sanglier » et j’ai suivi la compagnie. Après 200 mètres environ, je les entendis dans une remise de pins et je les approchais en leur parlant doucement comme ils en avaient l’habitude. Tout était rentré dans l’ordre. Ils me suivirent jusqu’au véhicule où ils reçurent leur maïs. Quelques jours plus tard, j’ai voulu voir s’ils pouvaient distinguer les couleurs bleu, brun et noir, du vert. Ils connaissaient bien le vert de mes vestes et habits habituels. Lorsque je venais habillé en brun, bleu ou noir, ils se comportaient à mon égard comme s’il n’y avait rien de changé. Le lendemain, j’enfilais mon pantalon habituel, mais en ajoutant un pull-over de couleur rouge clair. Lorsque la compagnie arriva, les bêtes m’observèrent avec méfiance en gardant leurs distances. Il leur fallut beaucoup de paroles rassurantes pour qu’elles se calment peu à peu, mais il me fut impossible de les toucher. Cette fois aussi, je changeais d’habits pour reprendre mes vêtements habituels. Aussitôt, les relations et les contacts courants redevinrent normaux. Une laie me permit même de procéder à son toilettage, alors qu’auparavant, cela eut été impossible. Ces essais démontrent à l’évidence que les sangliers sont au moins capables de faire la différence entre les couleurs intenses et les couleurs neutres. Le rouge semble provoquer la réaction la plus vive, alors qu’ils différencient plus difficilement les couleurs sombres telles que le bleu, le noir, le brun ou le vert. Mais il est également possible que leur méfiance ne soit pas alertée par des couleurs sombres ou neutres. Depuis lors, je ne me suis plus inquiété de ma façon de m’habiller en utilisant des chemises ou de pulls bruns, bleus ou verts indifféremment et sans rencontrer une quelconque difficulté avec ma compagnie ».
Ainsi donc, le bleu laisserait le sanglier indifférent ? À la réflexion, nous avons tous vu dans nos campagnes des chasseurs en « bleu de travail », réaliser des tableaux de sangliers enviables. Le bleu fluo, au fond des bois... voilà une autre hypothèse pour rendre nos forêts encore plus colorées…