Entre deux mots
Ainsi que l’a écrit François Vatable Brouard (1556-1626), sous le pseudonyme de François Béroalde de Verville : « On ne fait pas plus cas des couilles que des pauvres. On les laisse à la porte et jamais ils n’entrent ! », ouvrant la voie, que peu d’ailleurs barrait, à une débauche de termes qui ont fait et font encore les beaux jours de nos adolescents et de leurs aînés. De cette époque, les parties du sanglier sont devenues les « suites », afin que le verrat soit propre à souer la truie, et le maquin la laie. Dans le même registre, le vocabulaire rural s’enrichissait, pour tous les autres animaux domestiques et sauvages, d’images de rhétoriques. Du bélier qui béline la brebis, à la vache qui se fait taurir par le taureau, en passant par le bouc qui boucise la chèvre et le cerf qui dague ses biches, toutes les allusions furent utilisées pour traiter cette question que la religion condamnait impitoyablement. « Le sujet est tabou, alors passons outre », ont décidé nos aïeux, qui en remirent une couche. Chez les campagnards, les coucougnettes, les précieuses, les rognons (blancs), les bourses, les roustons, les joyeuses, les boboles, les baloches, les roupettes, les valseuses et autres roubignolles rivalisèrent d’humour avec les termes des scientifiques qui ne parlaient que de parties génitales, choses de la vie, testicules et organes reproducteurs. Dans ce milieu, où sont mesurées et comparées les performances, ils déclarèrent qu’un tiers-an normal pouvait émettre, avec sa paire de « glands » de plus d’un kilo (soit le centième de son poids), un quart de litre d’éjaculat, soit six fois plus qu’un étalon et cent fois plus qu’un homme, au cours d’une saillie qui pouvait durer plus de cinq minutes. De quoi faire des envieux…
A toute vapeur !
- Les plus vieilles spéculations connues sur la fonction des testicules sont à attribuer à Pythagore, philosophe et mathématicien grec (env –580/-504 avant JC). Selon le savant, une vapeur descend des différents organes du mâle, puis se concentre dans ses testicules pour former le sperme. Celui-ci se coagule dans le vagin et forme un embryon qui grossira dans l’utérus. Cette théorie est dite patrocline, puisque tout vient du père. La mère ne sert qu’à nourrir l’embryon de son sang, raison pour laquelle il ne pouvait acquérir les caractéristiques de sa mère.
- Aristote (-384/-322 avant JC) reprend à peu près la théorie de Pythagore, mais il assimile le sperme à du sang hautement purifié qui se mélangerait à un sang moins pur. Dans cette conception, c’est le sang purifié, le sperme, qui contient la forme physique et la force de vie. Ces spéculations d’Aristote seront acceptées jusqu’à la Renaissance.
- Au 16e siècle, l’anglais William Harvey (1578-1657), à la suite de méticuleuses observations, vint à conclure que c’était l’œuf qui procurait à l’embryon toutes ses caractéristiques et qu’il n’y avait ni mélange de sang pur et impur, ni coagulation. Comme les oiseaux, les mammifères devaient aussi pondre des œufs, mais des œufs si petits qu’on ne pouvait les voir…
- Ce fut donc en 1667 que Régnier de Graaf, en observant des ovaires, crut avoir découvert ces œufs de mammifères. En fait, il avait découvert ce qu’on appelle aujourd’hui les follicules de l’ovaire, de petits sacs renfermant les ovules, les fameux corps jaunes.
- Dix ans plus tard, en 1677, le Hollandais Leewenhoeck, grâce au microscope, découvrit les spermatozoïdes. Découverte déconcertante, car à quoi pouvaient bien servir ces innombrables animalcules. En fait, c’est un assistant de Leewenhoeck, Louis Hamm, qui le premier a observé les spermatozoïdes, mais c’est Leewenhoeck qui publia les résultats.
- Enfin, en 1827, l’ovule sera identifié par Van Baer…