Classé nuisible par une loi de 1875, le gypaète barbu, le plus grand des vautours d’Europe, ne volait plus dans le ciel français depuis les années 1920. Mais, depuis 1978, plusieurs programmes de réintroduction ont permis peu à peu de reconstituer quelques noyaux de population dans les Alpes, le Vercors, les Grands Causses et les Pyrénées, créant ainsi une sorte de corridor qui permet à ces grands rapaces de se rencontrer et de se reproduire. Sur le territoire des Grands Causses, 36 gypaétons ont été relâchés, en provenance de centres d'élevage, mais seulement 11 individus, essentiellement des mâles, sont restés sur le territoire. Ne trouvant pas de femelle à féconder, il n'y a encore jamais eu de reproduction. Et chez le gypaète barbu, ce n’est pas si simple puisque, quand un couple parvient à se former, un seul œuf sera pondu par an, et le jeune gypaéton, s’il survit, ne se reproduira pas avant l'âge de sept ans… C’est pourquoi les équipes du parc des Cévennes et du parc naturel régional des Grands Causse, misent sur la réintroduction de deux nouveaux gypaétons femelles, une opération qui a été organisée récemment, et dans la plus grande discrétion. Cette opération, intégrée dans le programme européen « Life Gyp'Act » a plusieurs objectifs :

- réintroduire l'espèce et favoriser la formation de couples dont le nombre n'est que de 4 à 5, entre les Alpes et les Pyrénées,

- favoriser le brassage génétique des différents noyaux de population,

- tenter de réduire les mortalités accidentelles avec les infrastructures énergétiques (lignes électriques, éoliennes, destructions volontaires…),

- développer les campagnes de sensibilisation,

- créer de nouvelles aires d'équarrissage naturel en proposant aux éleveurs du territoire de substituer l'équarrissage industriel pour nourrir les volatiles sur des aires autorisées.

Concernant ce dernier point, certains se souviennent encore de la guerre des cadavres d'animaux d'élevage dans les années 1990, et des procès intentés par les écolos pour faire interdire l'équarissage naturel, et obliger les éleveurs à recourir à l'équarissage industriel. Comme quoi, le monde change...

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