Depuis le 19 septembre 2022, le gouvernement avait suspendu les tirs de « régulation » du grand cormoran sur les eaux libres, et deux mois plus tard, le juge des référés du Conseil d'État rejetait la requête déposée par la Fédération Nationale de la Pêche en France, visant à faire suspendre l'arrêté. On comprend donc la satisfaction de la FNPF quand elle a pris connaissance de la décision rendue le 8 juillet 2024 par la Haute Juridiction administrative, qui enjoint aux ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique de prendre un arrêté fixant des plafonds départementaux de destruction de grands cormorans en eaux libres, pour la période 2022 à 2025. « En s'abstenant de fixer des plafonds départementaux, les ministres ont privé les préfets de la possibilité d'accorder des dérogations pour les eaux libres, aux interdictions de destruction de grands cormorans, quand ils constatent que la prédation de cet oiseau occasionne dans ces eaux des risques pour des espèces de poissons protégées, ou dont l'état de conservation est défavorable, alors qu'aucune étude ne permet à ce jour d'exclure ce risque » a estimé le Conseil d'État. Le grand cormoran, qui consomme chaque jour entre 300 et 500 grammes de poisson est aujourd’hui en bon état de conservation en France, et ses populations connaissent une croissance dynamique dans les 55 départements où il est présent. Les chiffres annoncés ensuite sont probablement sous-estimés puisque le Conseil d’Etat s’appuie sur un effectif total, pour la France, de 11 136 couples nicheurs et un effectif moyen d'oiseaux hivernants de 98 000 individus, alors que, et seulement pour le seul lac du Der en Champagne-Ardenne, ce sont entre 4000 et 6000 couples nicheurs qui s’y sont installés. Bien évidemment, la LPO s’est offusquée de cette décision jugeant que : « Tenter de rendre un oiseau responsable du déclin de certaines espèces de poissons ne doit pas en masquer les causes véritables : pollution et dégradation de la qualité des eaux, barrages et discontinuité écologique, réchauffement climatique et sécheresses meurtrières. L'enjeu n'est pas de sauvegarder le loisir de quelques pêcheurs, mais bien de préserver la biodiversité. Nous serons particulièrement attentif à la méthodologie employée pour fixer les quotas de destruction… ». N'y a-t-il donc personne pour leur expliquer que si les eaux sont trop basses, les cormorans se fracasseront le crâne en plongeant...