L'expérience conjointe menée par l'Académie du Climat et le Muséum national d’Histoire naturelle a permis de sonder la perception de la nature chez de jeunes citadins. À travers 420 dessins réalisés par des élèves de CE2 à CM2 issus d’une vingtaine d’écoles parisiennes, un constat préoccupant émerge : une représentation fragmentaire et largement biaisée de la biodiversité. Invités à dessiner spontanément ce que représente pour eux la « nature », les enfants ont livré des images dominées par quelques espèces emblématiques. Près de 80 % des dessins contiennent moins de trois espèces animales, révélant une vision appauvrie du vivant. Les mammifères dominent (31 %), souvent incarnés par des loups, des renards ou des chats. Les oiseaux (25 %), très stylisés, sont fréquemment représentés en vol sous forme de « V ». Les insectes, pourtant omniprésents dans la réalité, sont peu évoqués (12 %), principalement sous les traits de papillons, abeilles ou coccinelles. Cette perception est en décalage frappant avec la réalité biologique. Les insectes représentent environ 70 % de la biodiversité animale mondiale, contre à peine 0,5 % pour les mammifères. Des groupes entiers, tels que les amphibiens, les crustacés ou les insectes moins « charismatiques » comme les criquets ou les libellules, sont quasiment absents des représentations enfantines. Selon Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS, cette vision réductrice s’explique en grande partie par l’environnement urbain et les références culturelles des enfants, souvent nourries de livres, de films ou d’images numériques. L'étude souligne l’importance cruciale de reconnecter les jeunes générations à la nature réelle, en favorisant l'observation directe de la biodiversité locale, notamment en ville.
Que révèlent les dessins de 420 écoliers parisiens invités à représenter la « nature » ?
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Que révèlent les dessins de 420 écoliers parisiens invités à représenter la « nature » ?