En affectant la physiologie, le fonctionnement et le comportement des animaux prédatés, et seulement blessés, leurs chances de survie sont gravement hypothéquées. Le facteur le plus handicapant tient dans l’amenuisement de la capacité de fuite, qui altère l’instinct et rend la proie, sujette au stress, encore plus fragile. Moins mobiles, les individus blessés sont plus facilement détectés et, pour la facilité de leur capture, préférés des prédateurs pour qui le bilan énergie dépensée/énergie récupérée est positif. Cependant, bien que l'idée que les prédateurs choisissent les proies les plus vulnérables soit courante dans la littérature écologique et les récits populaires sur le comportement animal, cette hypothèse n'a été formellement testée que récemment (Krumm, 2010). Ainsi, la compréhension des conséquences écologiques des proies blessées a largement bénéficié à l'étude du comportement de leurs prédateurs dans quatre axes :

- l’efficacité énergétique : la chasse est gourmande en énergie. Poursuivre, capturer et maîtriser une proie en bonne santé nécessite un effort considérable, souvent avec un risque élevé d'échec. Une proie blessée, en revanche, est plus facile à capturer, car elle est moins capable de fuir ou de se défendre. En préférant une proie affaiblie, le prédateur maximise ses chances de succès tout en réduisant la quantité d'énergie dépensée (Moir & Weissburg,  2009) ;

- la diminution des risques : chasser une proie en bonne santé peut être dangereux, surtout si cette proie est capable de se défendre. Une proie blessée ou affaiblie est moins susceptible de riposter efficacement, ce qui réduit le risque de blessure pour le prédateur ;

- l’opportunisme : les prédateurs sont souvent des opportunistes qui prennent ce qui est le plus facilement accessible. S'attaquer à une proie blessée est l’opportunité de se nourrir avec un effort minimal. La nature privilégie l'efficacité, et les prédateurs sont adaptés pour exploiter ces opportunités ;

- la survie et la sélection naturelle : préférer des proies blessées peut également être vu sous l'angle de la sélection naturelle. En capturant les animaux les plus faibles ou blessés, les prédateurs renforcent indirectement la population globale de la proie, en éliminant les individus les moins aptes, ce qui contribue à la survie des plus forts et à l'amélioration de la qualité génétique de l'espèce.