Dans le cadre d'une auto-saisine, le CNPN alerte sur un développement désordonné des installations photovoltaïques qui menace les zones naturelles. « Le développement actuel de l'énergie photovoltaïque se fait-il actuellement au détriment de la biodiversité ? ». Oui, répond en substance le CNPN qui a mis en ligne une série de recommandations pour assurer ce développement dans le respect des écosystèmes. « L'un des inconvénients majeurs de l'énergie photovoltaïque est qu'il s'agit d'une des productions d'énergie qui consomme le plus d'espace, du fait de son faible facteur de charge » pointe le document. Or, les objectifs de développement de cette énergie sont importants, puisque le Président de la République, dans son discours de Belfort, en février 2022, fixait un objectif de 40 gigawatts installés en 2028, pour atteindre ensuite 100 GW en 2050. A la fin de 2023, les capacités installées s'élevaient à 20 GW, soit la moitié de cet objectif intermédiaire. Cette croissance rapide ne va pas sans quelques ajustements, et malgré les obligations d'équipement des toitures et des parkings, la limitation de l'emprise des centrales photovoltaïques à 25 ha en milieu forestier, et l'encouragement de l'agrivoltaïsme, la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables du 10 mars 2023, et ses textes d'application, « n'exclut aucun milieu naturel d'un équipement éventuel, même au sein des aires protégées », déplore le CNPN, soulignant que les récentes statistiques du ministère de la Transition écologique font état de l'installation d'1 GW durant le seul premier trimestre 2024. « Alors que l'ambition répétée par tous les acteurs institutionnels est d'équiper d'abord les zones artificialisées, l'installation de ces centrales sur des espaces naturels et semi-naturels s'amplifie, au point que de nombreux scientifiques alertent les instances publiques sur le risque d'incohérence entre le développement des énergies renouvelables sur des milieux naturels et semi-naturels, d'une part, et les enjeux de préservation des puits de carbone et de la biodiversité, d'autre part », pointe l'avis qui déplore en plus que : « nombre d'écosystèmes sont détruits car considérés à faible enjeu, malgré les espèces qu'ils abritent… La taille des projets s'accroît avec des emprises atteignant parfois 500 ha sur les étangs de Fos-sur-Mer, et même 680 ha pour le projet Horizeo porté par Engie et Neoen en Gironde… Les objectifs en matière d'énergie photovoltaïque doivent être mis en œuvre sur les espaces artificiels comme les parkings et les toits, même si c'est plus cher et plus compliqué » conclut Maxime Zucca, membre du CNPN et pilote de cette auto-saisine.