Après six ans de travaux, le site parisien du Musée national de la Marine a réouvert ses portes, fin 2023. Ses espaces muséographiques ont été entièrement rénovés et repensés pour transmettre le goût de la mer, la conscience des enjeux et des défis qui la traversent, et retracer son histoire. Or, par le bois qu’elle a, de tous temps utilisé, l’histoire de la marine est intimement liée à celle des forestiers, comme ces grands travaux de boisement, réalisés en forêt de Tronçais, initialement propriété des quatorze paroisses environnantes. Cédée en 1327 aux ducs de Bourbon, la forêt de Tronçais devient propriété du pouvoir royal en 1527, année où elle fut confisquée au Connétable de Bourbon, avec l'ensemble de ses terres. En 1670, Colbert, désireux de doter le royaume de France d'une marine puissante a décidé de planter plus d'un million d'hectares d'arbres dont les troncs et les branches, spécialement sélectionnés, doivent fournir à l'industrie navale une matière première de grande qualité. Il fait ainsi rédiger un catalogue reproduisant les pièces spéciales, « les bois tors », dont le but était de présenter les pièces de bois particulières destinées à la charpenterie de marine. Ironie de l’histoire, la forêt de Tronçais n’a fourni que peu de bois pour les charpentes des bateaux. Trop droit et avec des croissances qui ne confèrent pas les qualités requises pour construire les navires, Tronçais fournit surtout du bois d'ébénisterie. En souvenir de ces temps « historiques », L’ONF a accepté de fournir une borne de la forêt domaniale de Tronçais, dite borne Colbert. Elle faisait partie de 1072 bornes installées à la fin du 18ème siècle sur le périmètre externe de la forêt. Le but de ces implantations était d’une part de définir clairement la limite du domaine royal et d’autre part de protéger la forêt des dégradations qu’elle pouvait subir. Sur une carte datant de 1665 (carte des Fleury), la borne Colbert apparaissait en bordure de l’enclave n°66 qui faisait 5,5 arpents selon les mesures de l’époque. Etroitement liée à l’ordonnance de Colbert de 1669, cette borne revêt une importante dimension historique qui a toute sa place au Musée de la Marine au sein d'un parcours repensé comme une invitation au voyage à travers l’histoire, un carrefour d’échanges scientifiques, un lieu de découverte et de sensibilisation aux enjeux maritimes français et internationaux.