... Il est aussi fréquent de noter une forte infestation parasitaire. Une étude des contenus ruminaux de plusieurs chevreuils provenant de différents départements a montré que les plantes ingérées étaient mal digérées, et ne correspondaient pas au régime alimentaire habituel des chevreuils. En règle générale, la panse reflète l’alimentation des trois derniers jours, avec des plantes en différents stades de décomposition. Des insectes, tiques, asticots et poils ont aussi été trouvés, suggérant un léchage excessif des animaux. Parmi les végétaux habituellement consommés par les chevreuils, tels que la ronce, le lierre et les glands, certaines observations atypiques ont été faites, dont la présence de maïs, voire des germes de maïs dans quelques panses, de prunus padus (plante diurétique), de poacées (luzule, fétuque) en grandes quantités, de suspicions de moisissures, notamment sur les glands. Tous ces éléments pointent vers la consommation de ressources inhabituelles et mal adaptées à la physiologie digestive et aux besoins énergétiques du chevreuil, ce qui pourrait expliquer la dégradation de son état corporel ainsi que l’infestation parasitaire secondaire observée. Un tel changement dans la diète pourrait être lié à un bouleversement floristique dans l'écosystème, à un stress végétal rendant les ressources habituelles inaccessibles, ou à une compétition accrue pour la nourriture entre les ruminants sauvages (notamment cerfs et chevreuils), causée par les changements climatiques et les conditions environnementales particulières de cette année. Le diagnostic de ces mortalités repose donc sur l’analyse de l’évolution de l’écologie alimentaire. Le réseau SAGIR nous permet d’exclure certaines étiologies et de formuler des hypothèses sur le stress environnemental en cours. Enfin, plusieurs éléments observés remettent en question l'adaptation du chevreuil au changement climatique, ainsi que celle des cervidés en général. À titre d’exemple, on rapporte depuis quelques années des cas d’absence, ou de rupture, de diapause embryonnaire chez le chevreuil, ainsi que des intoxications végétales chez le cerf, y compris chez des individus en très bon état corporel ».
Mortalité anormale des chevreuils : le réseau SAGIR alerte…
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Mortalité anormale des chevreuils : le réseau SAGIR alerte…