Les choix migratoires des oiseaux intriguent les scientifiques et suscitent un vif débat, en particulier autour de la « migration différentielle », c'est-à-dire la variation des distances migratoires. Bien que des hypothèses classiques existent pour expliquer ces variations, les recherches ont stagné en raison de tests redondants. Une étude met en lumière la taille corporelle des migrateurs et critique le fait que de nombreuses hypothèses associent cette taille à la distance de migration, sans distinguer les mécanismes sous-jacents. Les auteurs proposent donc deux nouvelles hypothèses basées sur l'efficacité du vol, visant à minimiser le temps et l'énergie dépensés pendant la migration, afin de réduire les risques. De plus, ils affinent deux versions de la dominance sociale, chacune reposant sur des mécanismes différents liés d’une part à la distance migratoire et d’autre part, à l'accès à la nourriture. En tout, ce sont 12 hypothèses qui ont été examinées, dont sept mettent l'accent sur la limitation alimentaire, un facteur majeur de la migration différentielle. L’analyse de 145 études révèle que peu d'entre elles évaluent explicitement ces hypothèses dans le contexte de la migration différentielle. Les auteurs invitent leurs collègues scientifiques à focaliser la recherche sur les liens intra-espèces plutôt qu'inter-espèces, car ils peuvent expliquer la migration entre différentes classes démographiques. Une analyse comparative plus approfondie entre espèces permettrait d'approfondir la compréhension des schémas migratoires actuels et de leur évolution. Le cadre proposé, associé aux nouvelles technologies de suivi des animaux, pourrait améliorer notre compréhension des facteurs influençant la distance migratoire et les décisions prises par les oiseaux pour rejoindre leurs zones d’hivernage et de reproduction.