La nouvelle lune

Pour les amateurs d’affût et d’approche, la nouvelle lune est souvent synonyme d’une activité nocturne minime, car l’obscurité totale rend les déplacements du gibier plus difficiles. De ce fait, un animal comme le chevreuil serait plus naturellement observable de jour durant cette période. Il est intéressant de noter à ce sujet que, globalement, la nouvelle lune permet de voir trois à quatre fois plus de chevreuils en journée, par rapport aux autres phases lunaires. A la suite d’une longue nuit obscure, les animaux seraient donc plus visibles tôt le matin, et dès la fin de l’après-midi. Paradoxalement, les sangliers ne semblent pas trop affectés par cette absence de luminosité, et les plus longs rapprochés ont souvent lieu pendant cette phase. Mais, le noble art de la chasse aux chiens courant conserve toujours sa part de mystère. On entend souvent dire des meilleurs limiers, qu’ils sont parfois lunatiques… à moins que ce ne soit le gibier lui-même ! Dans un document de la FACCC (Fédération Française des Associations de Chasseurs aux Chiens Courant), on peut lire ceci : « un chien courant doit être capable de maintenir l’animal de chasse, en fonction des conditions climatiques ou atmosphériques, lesquelles conditionnent, selon l’époque, la qualité de la voie et sa persistance ». Comme on le voit, les clairvoyants fondateurs de la FACCC avaient déjà intégré la mystérieuse inconnue.

 

Le premier quartier

Lors du premier quartier (lune croissante), l’astre apparaît tôt dans l’après-midi, mais disparait rapidement, entre 22 et 23 heures. Les animaux ont donc tendance à bouger assez tard en fin d’après-midi, puisqu’ils bénéficient, pendant quelques heures, d’une clarté suffisante pour s’alimenter. Ensuite, la partie sombre de la nuit redeviendra calme, mais sera réactivée de très bonne heure le lendemain matin, dès le petit jour.

 

La pleine lune

Elle se lève juste avant le coucher du soleil pour disparaître aux premières lueurs du jour. Cette période est, en général, d’intense activité nocturne. Plus calme le matin, elle déclenche un besoin alimentaire à mi-journée, aux alentours de midi. Très souvent, les sangliers attendent une couverture nuageuse, ou profitent de l’ombre des arbres pour se déplacer. N’avons-nous pas tous déjà entendu quelques anciens chasseurs d’expérience prétendre que le sanglier « a peur de son ombre ». Les valets de limiers ont souvent constaté que, durant cette période de pleine lune, les remises restent proches d’une nuit à l’autre, alors qu’elles sont plus distantes lors des autres phases lunaires, plus avares de lumière. Lors de la pleine lune, les compagnies de sangliers ont tendance à se faire « piéger » par le jour. C’est souvent ainsi que l’on rencontre des animaux baugés dans des remises inhabituelles, comme des haies en plaine, des bosquets insignifiants ou quelquefois en plein grand bois. Si le sanglier semble « craindre » la luminosité de la pleine lune, sa chasse à l’affût et à l’approche souffre de ses sorties tardives, car les heures légales sont vite atteintes. En revanche, les dispositions offertes aux chasseurs de l’Est de l’Hexagone (Alsace-Moselle) concernant le tir de nuit, prédisposent ce type de prélèvement. Même si les animaux sortent tard et préfèrent bénéficier de l’ombre portée par la lune sans s’exposer à découvert, ils ne restent pas inactifs une nuit entière, et leur pic d’activité se situera entre 22 heures et 4 heures. Il permet aux chasseurs bien équipés, et prudents, de bénéficier de possibilités de tirs très avantageuses. A ce sujet, et dans le cadre de la lutte contre les dégâts et la maitrise des populations de sangliers, il est fort possible que ces dispositions soient étendues, à l’avenir, à l’ensemble du territoire national.

 

Le dernier quartier

Enfin, lors du dernier quartier de lune (lune décroissante), qui apparait entre 23 heures et minuit, on constate une activité plus intense en seconde partie de nuit. Pendant cette phase lunaire, les animaux se couchent très tôt, avant le lever du jour. La seconde période d’activité aura donc lieu en milieu d’après-midi. D’un point de vue général, on peut dire que les mouvements lunaires ont un effet maximal sur le déplacement du gibier en moyenne pendant 5 jours avant la pleine lune, et 4 ou 5 jours avant et après la nouvelle lune. Plus l’astre « éclaire », plus les animaux sont actifs la nuit, et pas forcément loin de leur précédente remise, du moins pour le sanglier qui rechigne à s’exposer à la clarté. A l’inverse, moins la lune éclaire et plus les animaux seront actifs de jour. Si l’influence de la lune sur le gibier est palpable, elle conserve malgré tout une large part de mystère. La présence sur le terrain et l’observation demeurent localement les meilleurs moyens de se faire un avis sur son territoire, selon ses spécificités, et compte tenu de ce que l’on sait déjà. Une certitude tout de même, si la lune influence le comportement du gibier, elle joue aussi sur celui du chasseur. Nous sommes nombreux à avoir souvent constaté qu’un chasseur change parfois radicalement d'attitude… en présence d’une belle lune. Quant à son influence, n’en parlons pas !