L’Europe vient de communiquer sur le loup, et le moins que l’on puisse dire est que le prédateur se porte bien. Selon la Commission : « en 2023, Canis lupus a fait son retour dans 23 pays de l'Union européenne, avec une population estimée à environ 20 300 individus. Dans l'ensemble, le nombre de loups dans l'UE augmente… ». Mais cela s’accompagne aussi d’une vague de mécontentement, et ce regain de population lupine ne se fait pas sans heurts, principalement à cause des attaques contre du bétail, donnant lieu à des prises de position parfois enflammées entre partisans et opposants du carnivore. A l'automne 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait personnellement perdu son vieux poney, tué par un loup, dans la propriété familiale du nord de l'Allemagne. Quelque temps après, elle plaidait pour abaisser le niveau de protection des loups gris, aujourd'hui encore « strictement protégé ». Bien que des mesures d’élimination soient plus facilement rendues possibles chez les éleveurs victimes du prédateur, son acceptation passe mal chez les professionnels. « Les relations de proximité entre humains et loups sont très anciennes puisque nos chiens actuels descendent de populations de loups. C’est la plus ancienne domestication animale » précisait Nicolas Lescureux, chercheur au CNRS, qui travaille sur les relations entre humains et animaux. « Dans les années 1970, avec la prise de conscience que l'environnement devenait important, le loup gris a été classé espèce protégée en Europe, par la Convention de Berne » ajoute Guillaume Chapron, chercheur à l'Université suédoise des sciences agricoles. En France, en 2022, selon le rapport d’une parlementaire, chaque loup coûtait la bagatelle de 100 000 € par an…