Enfant du pays né en 1839, et décédé dans un tragique accident de train à 70 ans, Jacques Philizot, infatigable, avait de fortes moustaches à la gauloise, mais aussi des jarrets d'acier. Piqueur chez Eugène Guenot-Grandpré, maitre du vautrait de Corbigny, puis chez de Neuilly au château de Coulon, il fit même une période exotique chez le préfet d'Oran, qui courait sangliers et panthères vers 1875. L’histoire vraie qui suit relate son exploit insensé, tel que le journal local l’a publié : 
« Jacques Philizot, dit le Guerrier, ainsi surnommé pour sa guerre sans fin contre les loups et les sangliers, est resté fidèle à la vénerie. Il y a quelques années, un louvetier était venu faire une battue dans les gorges et fourrés de Montreuillon, qui abritaient des bandes de loups redoutables. Le rendez-vous se trouvait au pont aqueduc qui fait franchir l’Yonne à une rigole d’alimentation du canal du Nivernais. Le piqueur, homme d’un courage à toute épreuve, paria avec un de ses collègues qu’il passerait à cheval sur ce pont. Le pari fut tenu, et bientôt il apparut sur l’aqueduc, à 33 mètres de hauteur, sur un petit trottoir d’un mètre à peine de large, avec une balustrade qui n’avait que 60 centimètres de haut. Le moindre écart, c’était la chute fatale. Or, au milieu du pont, le cheval prit peur. Les spectateurs poussèrent un cri d’épouvante en voyant l’animal se cabrer, mais, maitrisé et calmé aussitôt par son incomparable cavalier, il continua son chemin et atteignit l’autre côté du pont. Le pari était gagné… Vous raconter la fête qu’on offrit au vaillant piqueur serait trop long. Le héros de l’aventure dit simplement : « Messieurs, j’ai gagné mon pari et j’en suis fier, mais jamais je ne recommencerai. Il n’a tenu qu’à un fil que je le perdisse. Or, autant qu’à la mienne, je tiens à la vie de mon cheval. Elle m’est trop précieuse pour que je l’expose inutilement ». Le cheval, marqué à la cuisse d'un bois de cerf, était le nommé « Autrichien » en rappel de son pays d'origine. Le Guerrier servit ensuite chez M. Philippe Dupin, à Raffigny, qui entretenait une vingtaine de griffons provenant de chez M. Etienne de la Caenche, des chiens très chasseurs et mordants. C’est dans cet équipage que, lors d’une chasse particulièrement animée, il traversa un bras de l'étang de Vaux à la poursuite d'un grand vieux sanglier, qu'il tua raide d'un coup de carabine, sans mettre pied à terre. Après la démonte de ce petit vautrait, il entra comme garde chez M. Guillemain de Talon, où il termina sa carrière…