L’un des piliers de la gestion de la faune sauvage est la notion selon laquelle elle est guidée par la science. Aldo Leopold, forestier et écologue, qui a fortement influencé le développement de l'éthique environnementale moderne et le mouvement pour la protection des espaces naturels, l’un des pères de la gestion, en a posé les bases dans son manuel de 1933, intitulé « Game Management ». En préambule, il écrivait : « la science est l’outil approprié pour mettre en œuvre la politique de la faune ». Mais d’autres éminents spécialistes ont remis en question la formulation de l’expression. Ils se sont demandé si sa signification était vraiment représentative de la manière dont l’interface science-politique fonctionne dans la gestion de la faune sauvage, suggérant qu’elle implique que la science dicte la politique, alors qu’en fait la science n’est que l’un des nombreux facteurs contributifs que les décideurs prennent en compte lors de l’élaboration de cette politique. La perspective fait toujours débat, ce qui a amené le Dr Dan Decker, de l’Université Cornell, à apporter un vent de fraîcheur sur l’intention qui se cache derrière la formulation originale. Après avoir établi que la politique de la faune était créée à partir d’ingrédients issus de la science, des valeurs, du jugement professionnel et de la politique, le travail de gestion de la faune doit être guidé par les meilleures données scientifiques disponibles. Il en ressort qu’un système typique de gestion de la faune sauvage comprend plusieurs éléments, notamment :
- la capacité de la population humaine à assurer la durabilité de la faune sauvage,
- l’acquisition des connaissances par la recherche et la synthèse de la science existante,
- l’analyse et l’évaluation des connaissances relatives aux problèmes ou aux questions,
- l’élaboration de recommandations de gestion aux décideurs politiques,
- l’élaboration de politiques, telles que les limites de saison et de prélèvements,
- la mise en œuvre de la politique, qui est la gestion telle qu'elle est définie dans les plans de gestion,
- la collecte de données, après la mise en œuvre, pour évaluer les résultats, améliorer la base scientifique et affiner les recommandations politiques.
Cela nous rappelle que la science est essentielle à la gestion de la faune sauvage, et que nous devons veiller à ce qu’elle reste l’élément fondamental des connaissances des espèces et de leur résilience.