Des chercheurs de l’OFB ont mené une étude, entre 2018 et 2021, pour estimer l’effectif de 24 espèces d’oiseaux d’eau vivant sur le lac Fitri, ainsi que les prélèvements effectués sur ces mêmes espèces par la population locale pour se nourrir. Les premiers résultats de cette étude viennent d’être publiés. Dans cette étude, il ressort que les oiseaux d'eau sont une ressource naturelle exploitée en complément de l’activité de pêche. Pendant quatre ans, de 2018 à 2021, 24 espèces d’oiseaux d’eau ont été dénombrées par suivi aérien selon la méthode du « Distance sampling ». Le nombre d'oiseaux prélevés a été estimé grâce à des entretiens menés auprès de 105 pêcheurs, sur les 5 500 présents sur ce territoire.
Un risque élevé de surexploitation a été identifié pour quatre espèces : l’Oie de Gambie (Plectropterus gambensis), l’Ibis sacré (Threskiornis aethiopicus), les pélicans (Pelecanus sp) et la Grue couronnée (Balearica pavonina), cette dernière étant menacée au niveau mondial. Il s’agit donc de la première approche quantitative des prélèvements d'oiseaux d’eau en Afrique, qui devrait aider à la planification stratégique de plusieurs accords environnementaux, tels que l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie et la Convention de Ramsar. Elle pourrait également contribuer à mettre en œuvre une gestion adaptative des ressources naturelles (y compris les oiseaux) dans les plans de gestion des sites Ramsar. Cette étude a été réalisée dans le cadre du Projet Ressource, le site des zones sahéliennes du Programme de gestion durable de la faune sauvage (SWM Programme), cofinancé par le Fonds français pour l’environnement mondial et par l’Union européenne.