D’énormes quantité de carbone sont figées dans cette couche de terre gelée, mais, sous l’effet du réchauffement, pourraient être émises dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre. Afin de freiner la menace, des scientifiques allemands suggèrent de s’inspirer de l’expérience du parc du Pléistocène, une réserve naturelle russe située dans le nord-est de la Sibérie, qui a mis en place une vaste expérimentation visant à recréer les écosystèmes de l’ère glaciaire. Les chercheurs de l’université de Hambourg estiment que pour préserver 80% du pergélisol, il faudrait simplement augmenter les populations d’herbivores, domestiques ou sauvages. Les animaux, en cherchant leur nourriture, dispersent la neige en l’écrasant au sol, ce qui la rend plus compacte et isolante, maintenant ainsi le froid dans les couches inférieures. Sans intervention, 40% du pergélisol pourrait fondre avant la fin du siècle.
Le pergélisol (permafrost en anglais), existe depuis des centaines de milliers, voire des millions d'années. Il s'est formé au cours des périodes glaciaires, lorsque des régions du globe ont connu des climats extrêmement froids. Plus précisément, le pergélisol s'est principalement constitué durant le Pléistocène, une époque qui a commencé il y a environ 2,6 millions d'années et s'est terminée il y a environ 11 700 ans. Pendant cette période, les températures étaient suffisamment basses pour que de vastes régions, notamment dans l'hémisphère nord, soient recouvertes de glaciers et de terres gelées. Le pergélisol s'est formé et maintenu dans ces conditions extrêmes, se retrouvant parfois à plusieurs centaines de mètres de profondeur dans certaines régions comme la Sibérie, l'Alaska et le Canada. Cette couche de sol, gelée en permanence, contient non seulement de la glace, mais aussi des matières organiques figées, comme des restes de plantes et d'animaux datant de ces périodes anciennes.