Une équipe française coordonnée par un scientifique du CNRS 1, met en lumière l’impact néfaste de l’exposition chronique au tébuconazole, un des fongicides les plus utilisés en agriculture en Europe, sur la reproduction des moineaux. Les résultats de ces recherches, parus dans la revue Environmental Research, révèlent un lien direct entre l’exposition à ce fongicide et des anomalies de croissance des poussins de moineaux, ainsi qu’une mortalité plus importante chez ces jeunes oiseaux, notamment chez les femelles. Des travaux de recherche avaient déjà mis en évidence la responsabilité de l’intensification de l’agriculture et par extension celle de l’usage d’herbicides ou d’insecticides, tels que le glyphosate, sur le déclin des oiseaux agricoles depuis plusieurs décennies. Néanmoins, l’impact des fongicides, utilisés notamment pour lutter contre le mildiou ou l’oïdium, demeurait très peu étudié. Pour ce faire, les scientifiques ont comparé le succès de la reproduction d’un groupe de moineaux domestiques témoin et celui d’un groupe exposé au tébuconazole dans des proportions similaires aux conditions réelles. Bien que l’exposition à ce fongicide n’ait pas affecté la santé des individus du second groupe, des effets néfastes sur les dates d’entrée en reproduction, le nombre d’œufs pondus et le succès d’éclosion, ont été constatés sur les poussins. Ces derniers, et notamment les femelles, présentaient en effet une croissance altérée (près de 10% plus petits) et un taux de mortalité deux fois plus élevé après l’envol du nid, que celui du groupe témoin, passant de 20 à 47%. Des études plus poussées restent nécessaires pour mieux documenter la contamination des animaux sauvages par cette substance et les perturbations physiologiques qu’elle peut engendrer.