Le traumatisme provoqué par une balle correspond à un transfert d'énergie entre le projectile en mouvement et sa cible vivante. Ce transfert est fonction de l'énergie cinétique initiale du projectile. Donc, pour une masse donnée, plus la vitesse initiale du projectile est élevée, plus son pouvoir vulnérant est important. En réalité, ce transfert d'énergie va dépendre également de la nature du projectile. L'effet destructif est, par contre, inversement proportionnel à la masse, ou plutôt à la résistance de celui qui reçoit le coup, et surtout de la zone touchée. Ainsi, un coup de poing dans l'épaule n'aura pas la même conséquence qu'un uppercut au menton, qui peut mettre KO un adversaire. Autrement dit, pour un calibre donné, l’effet de neutralisation ne sera pas le même, selon que l’on tire sur un chevreuil, un sanglier ou un cerf. Pour cette même raison, les boxeurs sont classés par catégories en fonction de leur poids. À la chasse c’est la même chose. Aussi, pour pouvoir juger de l’efficacité réelle d’un projectile, et en tirer les conclusions qui s’imposent, encore faudrait-t-il toujours tirer exactement au même endroit. De nos jours, quelques chasseurs se préoccupent davantage de la quantité de mouvement, pour comparer les calibres entre eux. Mais, cette évaluation n'est pas plus pertinente que la précédente, puisqu'elle est basée sur les mêmes paramètres balistiques fondamentaux. Cependant, ce choix n'est pas sans arrière-pensée, car il existe réellement une relation entre impulsion et quantité de mouvement. Rappelons que l'impulsion d'une force est égale à la variation de la quantité de mouvement du corps qui subit cette force. Par exemple, si l'on désire enfoncer un clou dans un bloc de bois avec un marteau, on peut, soit agir avec une grande force pendant un temps très court, soit agir avec une force plus petite mais pendant un temps plus long. Reprenons cet exemple du marteau dont la masse serait égale à 3 kg, et qui viendrait frapper sans rebondissement la tête du clou à la vitesse de 5 m/s. Si le marteau s'arrête au bout d'un temps estimé à 50 m/s, temps pendant lequel le clou s'enfonce de quelques mm dans le bois, l'impulsion due à la force F = 3x5/0,05 = 300 N, exercée par le marteau sur le bloc de bois vaut : i = 300x0,05 = 15 Nxs. En balistique, la quantité de mouvement peut être considérée comme la capacité d'un projectile à transmettre, lors de l'impact avec la cible, un certain mouvement d'impulsion pour une meilleure pénétration dans le corps d'un animal.

 

Mission impossible ?

Il y a bien une corrélation entre, d’une part, la masse (et indirectement le calibre) et la vitesse d’un projectile (par suite, l’énergie libérée à l’intérieur de l’animal) et, d’autre part, sa capacité à perforer le corps, attribuée à une impulsion due, en partie, à la force de frappe du projectile au moment de l'impact. Mais, ce phénomène physique est présent, certes à des degrés divers, dans tous les tirs, et cela quelle que soit la munition utilisée. De plus, en balistique lésionnelle, ce critère n’est pas une grandeur physique facilement quantifiable, et ne peut donc pas contribuer à définir la munition « idéale Â», spécifique à chaque type de gibier. L'établissement d'un véritable indice de pénétration est beaucoup plus complexe, et doit résulter de plusieurs facteurs, notamment la nature du projectile (balle, matériaux de sa composition, éclats), sa faculté à s'écraser ou à se fragmenter, par opposition à une balle monolityque très effilée à l’avant, sa densité de section, sa vitesse de rotation propre (donc de l'angle de précession) etc… A posteriori, les dommages provoqués en traversant le corps de l'animal, vont dépendre également de la zone létale touchée (cou, apophyse, cage thoracique, reins etc.) et de l'angle d'attaque lorsqu'il percute l'animal. En conclusion, et pour toutes ces raisons, la quantité de mouvement des projectiles n’est pas une donnée balistique directement exploitable, et une valeur élevée ne constitue pas la preuve d’une efficacité destructive. Il en résulte que, pour les chasseurs les moins avertis en matière de balistique lésionnelle, l’introduction de la notion même de quantité de mouvement, bien qu'elle soit couramment mise en avant, ne peut donc que compliquer inutilement les critères de choix des munitions, d’ailleurs déjà suffisamment nombreux. En fait, quelle que soit la chasse pratiquée, il faudra choisir sa balle en fonction du gibier convoité et tirer dans des limites de distances raisonnables, d'où, la multiplicité de combinaisons masse/calibre/vitesse, offerte aux chasseurs par les fabricants de munitions.