Animal emblématique de l'Afrique, l’éléphant de savanes a reconquis une grande partie de son aire de répartition d'origine grâce à des mesures de conservation rigoureuses. Dans la zone de conservation transfrontalière Kavango-Zambezi (KAZA), en Afrique australe, qui fait la taille de l’Espagne, les animaux ont pu se multiplier rapidement. Cependant, cela n'est pas sans problèmes pour les populations, car les éléphants détruisent de plus en plus les récoltes, les provisions, les semences pour une population qui vit essentiellement de l'agriculture de subsistance, sans occulter les personnes qui sont blessées ou tuées, lors d'affrontements. La concentration d’animaux, sur les surfaces encore disponibles est telle que des chercheurs de l’université de Potsdam, en Allemagne, qui mènent des recherches sur le terrain ont qualifié les pachydermes de « tueurs climatiques ». Les animaux modifient des paysages entiers en raison de leur forte densité, détruisant leur propre habitat et celui de dizaines d’autres espèces animales et végétales, leur bilan carbone est de plus en plus défavorable, et ils n’apportent, en l’absence de chasse, aucune valeur ajoutée. Dénonçant une Europe qui s’érige en forteresse verte contre la chasse, la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud déplorent le manque de concertation. Figure de proue de la revendication, le président du Botswana, le docteur Masisi, a déclaré : « Trop de pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, ont un point commun : bien qu’ils fassent partie d’accords commerciaux internationaux (CITES, UICN…), Londres, Berlin et Paris manquent cruellement de concertation avec les partenaires… Nous, les défenseurs de la faune sauvage les plus performants au monde, en particulier en ce qui concerne notre espèce majestueuse qu'est l'éléphant, j'aimerais que le monde reconnaisse les sacrifices que nous consentons pour réussir ainsi… ». Quant au ministre namibien de l'Environnement et du Tourisme, Pohamba Shifeta, il ajoute : « Les espèces sauvages ont besoin d'une gestion durable et réglementée pour garantir la conservation de leurs populations et de leurs habitats, ainsi que pour éviter tout dommage à notre agriculture et à nos forêts. Dans notre pays, les revenus provenant de toute forme d'utilisation durable sont essentiels pour atteindre nos objectifs nationaux et internationaux en matière de protection du climat en préservant les habitats, en garantissant les droits de l'homme par l'emploi et la sécurité alimentaire, et en développant une économie florissante de la faune sauvage grâce à un tourisme et une chasse équilibrée… Alors que tous les grands mammifères terrestres ont été exterminés en Europe et sont en train de revenir lentement, l’Afrique australe n’a jamais oublié comment vivre avec, et à leurs côtés. Les pays du Nord feraient bien de s’informer là où la conservation réussie des espèces, la préservation des emplois, l’éducation et la sécurité alimentaire ainsi qu’une contribution massive à la protection du climat mondial sont des enjeux quotidiens : en Afrique australe, en Asie centrale et en Amérique du Nord… ».