Les lois récentes, qui visent à améliorer la conservation des oiseaux, soulignent la nécessité de leur exploitation durable. Toutefois, les niveaux de prélèvement ne peuvent être durables que si les mécanismes sont bien compris et… appliqués. Les conséquences de la récolte sur la démographie des populations sauvages ont été étudiées pour une gamme de taxons incluant les ongulés, les carnivores, les poissons et les oiseaux (Zbinden, 2018). Il en ressort que, jusqu'aux années 1920, les modèles démographiques restaient simples, et ne tenaient généralement pas compte de la structure par âge ou par taille. Ce sont les travaux de Lotka (1925), suivis de Leslie (1945) et Usher (1966), qui ont fourni des informations plus précises sur les taux de croissance, quand il y avait récolte. Le développement des modèles de capture-marquage-recapture (CMR) depuis les années 1960, a permis d'estimer de manière beaucoup plus fiable, des paramètres démographiques fondamentaux tels que la survie annuelle, la taille de la population et son taux de croissance. La chasse aux oiseaux, qui a une importance culturelle et/ou économique majeure dans de nombreuses régions du monde, est cependant soupçonnée de modifier les trajectoires démographiques des populations, pouvant menacer potentiellement leur viabilité à long terme. En cause, les activités humaines : agriculture, changement d'habitat, collisions, prédation. En Europe, on estime qu'au moins 52 millions d'oiseaux sont abattus chaque année. La Directive Oiseaux en recense 65 espèces, pour lesquelles la chasse est autorisée dans au moins un pays de l'UE. En Amérique du Nord, ce sont environ 11 millions de canards, près de 3 millions d'oies et plus de 11 millions de tourterelles tristes (Zenaida macroura) qui sont abattus légalement pendant la saison de chasse, appartenant aux 170 espèces chassables répertoriées par le « Migratory Bird Treaty Act ». L'un des principaux objectifs de la théorie de la gestion des récoltes est donc de déterminer le nombre d'individus qui pourront être récoltés sur le long terme, tout en maintenant l'état de conservation des populations et en soutenant leurs services écosystémiques… sans omettre d'évaluer la pression possible des autres facteurs limitants : maladie, météorologie, prédation.