Les loups, l’estomac vide, car ils ne trouvaient plus de nourriture, oubliant leur peur ancestrale des hommes, devinrent une véritable menace, faisant chair de tout, hommes et animaux victimes des conflits. Ils n’hésitaient plus à attaquer les vivants pour survivre, et cela s'est produit pendant la Seconde Guerre mondiale où, en Union soviétique : « Ceux qui tombaient au sol, épuisés par la faim, par la fatigue ou à cause des blessures devenaient une proie désirable et encore chaude pour les loups qui, comme les vautours, suivaient les combattants de près pour festoyer… » témoignait le lieutenant Maurizio V., de Milan, publié dans « Il Giornale » du 5 octobre 2016. Un autre témoignage, du major Guglielmo Fabrocini du 5° Régiment Alpinos, cité dans le livre « Nikolajewka c'ero anch'io », collection éditée par Giulio Bedeschi et publiée en 1972, rapporte : « D'autres événements et souvenirs sont clairs dans mon esprit : la belle journée, claire et glaciale, les taches de sang sur la neige immaculée, les coups de feu contre les loups sont soudain apparus… ». Napoléon Bonaparte aussi, lors de l'invasion de la Russie, constate ces problèmes de loups, notamment lors de la retraite de décembre 1812. « Les meutes se nourrissaient des morts, des blessés et des disparus… Au cours des années 1812-1813, des loups furent capturés dans le Tyrol, et aussi dans le Cadorino, et ils n'ont jamais été revus après la fin des guerres avec la Russie… » écrivait A. Catullo en 1838, ajoutant : « Bêtes étrangères d'une taille et d'une férocité incroyables, venant de Russie suite au retrait de l'armée de Napoléon… ».

 

D’autres attaques

Dans la région de Belfort, en 1871, pendant la guerre de Prusse franque, le lieutenant-colonel Friedrich Wilhelm von Rauch, commandant du 3° Régiment de hussards de Brandebourg et du 16° Régiment de hussards du Schleswig-Holstein, rapportait ceci : « Sur trois de nos soldats qui se sont perdus la nuit, un seul a survécu. Seuls de tristes restes, éparpillés çà et là, des ossements, des lambeaux sanglants et les selles ont été retrouvés des deux autres et de leurs chevaux. A en juger par les pistes, trente ou quarante loups semblent avoir été impliqués dans cette attaque ». Un cas encore plus retentissant s'est passé pendant la première guerre mondiale, sur le front de l'Est, pendant l'hiver 1916-1917, dans la région entre Kovno (aujourd'hui Kaunas), Vilna (aujourd'hui Vilnius) et Minsk. Une meute de loups, composée de centaines d’individus, en raison des destructions causées par le conflit, a commencé à attaquer et à dévorer non seulement des civils, mais aussi des soldats russes, allemands et austro-hongrois qui étaient seuls ou en petits groupes, pénétrant la nuit même dans les tranchées. Les prédateurs à quatre pattes étaient tellement agressifs que les soldats russes de la 30ème Division d'infanterie commandée par le général Eris Khan Sultan Giray Aliev, et les soldats allemands du 41° Corps de réserve Winckler Group, commandé par le général Alexander von Linsingen, ont conclu une trêve locale, et ont formé des patrouilles mixtes pour traquer et exterminer la meute. Ils ont réussi en utilisant des fusils de chasse, des mitrailleuses, du poison, des pièges et des grenades à main, mais au bout de plusieurs mois de lutte. Plusieurs journaux ont relaté ces événements, « Associated Press » du 15 janvier 1917, « The Sun » du 27 février 1917 et le « New York Times » des 16 janvier et 29 juillet 1917. Si la trêve la plus célèbre entre combattants est celle de Noël 1914, qui, sur le front occidental, avait duré une nuit, celle décrétée localement à Kovno s'est poursuivie pendant cinq bons mois. Alors aujourd’hui, qui se trompe au sujet de ce prédateur ? Les nouveaux écolos bobos qui n’ont vu, du loup, que des images d’Epinal, ou les cent générations qui nous ont précédés ?