Le sabot est fendu en deux doigts qui peuvent s’écarter fortement pour donner plus d’adhérence sur les rochers. La sole est très souple et l’arête du sabot fine et très dure, permet une bonne accroche sur des terrains parfois à la limite du praticable. Une cloison interdigitale recouverte de poils facilite les déplacements dans la neige. Le mâle est appelé « bouc » et les jeunes, chevreaux ou cabris à la naissance, puis éterle et éterlou par la suite. Peu de critères permettent de différencier les sexes, surtout pour les jeunes sujets, si ce n’est, pour un œil averti, les postures de miction. Le mâle urine entre ses pattes alors que la femelle urine en arrière de ses pattes postérieures. Les deux sexes possèdent des glandes rétrocornales (à la base des cornes). Ces glandes plus développées chez les boucs en période de rut permettent un marquage olfactif (rochers, arbres). L’allure générale du mâle est plus compacte que celle de la femelle. La masse corporelle des boucs est plus portée vers l’avant, et le cou plus large et plus épais que celui des femelles…
Reconnaissance des sexes
Le dimorphisme sexuel peu marqué des chamois rend difficile la distinction des mâles et des femelles. Avant un an, cette distinction n’est guère possible, faute de critères fiables. Seule l’observation des chevreaux qui urinent peut le permettre. A l’âge adulte, les mâles ont un aspect plus massif que les femelles, qui, elles, demeurent fines et élancées. Le pinceau pénien est très visible chez les vieux boucs, moins visible chez les jeunes. Les cornes sont constituées d’une structure osseuse recouverte d’un étui, dont la principale composante est la kératine (protéine des ongles et du poil). Les cornes sont permanentes et grandissent tout au long de la vie de l’animal par cernes successifs annuels, ce qui permet d’avoir une idée assez précise de l’âge. Celles des boucs sont plus épaisses et les crochets plus « refermés ». Celles de femelles sont en principe plus fines et les crochets sont plus « ouverts ». La toison des chamois est de couleur assez variable d’un sujet à l’autre. Elle va du beige clair au brun foncé, avec les taches des joues plus claires. Le pelage devient plus grisonnant en hiver. D’une façon générale les isards sont plus clairs que les chamois. Le pelage se renouvelle en deux mues annuelles (printemps et automne). Herbivore exclusif ruminant, les chamois et les isards consomment en grande majorité les plantes herbacées (graminées), et les jeunes pousses des arbres et arbustes, ainsi que les fruits qui poussent dans leur environnement. En période hivernale, ils peuvent consommer des plantes plus ligneuses, (bourgeons, rameaux ou écorce) des arbres et arbustes, qui sont souvent les seules accessibles par temps de neige. Les mousses et lichens font aussi partie du menu hivernal. L’eau est indispensable et celle contenue dans les végétaux consommés semble suffisante. Les chamois et isards sont friands de sel qu’ils chapardent volontiers aux troupeaux domestiques en estive.
Comportement
Les chamois et isards vivent en groupe nommé « chevrée ». Le domaine vital d’un chamois ou d’un isard est très variable. L’étendue du domaine est très certainement liée à l’environnement immédiat qui doit fournir ressource alimentaire, sécurité et confort suffisants. Certains individus ou certaines chevrées sont plus casaniers et se contentent de quelques dizaines d’hectares, alors que d’autres, peut-être plus exigeants ou plus aventureux peuvent exploiter plusieurs centaines d’hectares. Notons à ce sujet que le relief accidenté de la montagne rend très relatif la notion de surface. Les domaines exploités l’été sont très différents de ceux parcourus en hiver, même si, par endroit, ils peuvent se confondre en partie. Les amplitudes climatiques en montagne étant très marquées, les déplacements se font selon un gradient d’altitude. Les chevrées, composées essentiellement de femelles avec leurs jeunes, sont beaucoup plus sédentaires que peuvent l’être les jeunes boucs en voie d’émancipation ou les mâles adultes. En prenant de l’âge, les vieux boucs deviennent moins vagabonds. Comme pour d’autres espèces d’ongulés de montagne (mouflons et bouquetins), peu d’études sur le comportement nocturne des chamois et isards ont été effectuées. Bien que l’activité principale au cours de la journée soit centrée sur la recherche de nourriture, ces phases sont entrecoupées de période de repos, propre à la rumination, de déplacements et de relations sociales entre les différents membres de la chevrée. Les éterles et éterlous sont particulièrement actifs (activité ludique). En période de rut, les mâles deviennent plus actifs, voire agressifs et consacrent peu de temps à la recherche de nourriture. Dotée d’une vue perçante, chamois et isards surveillent en permanence leur environnement. Ayant peu de moyens de défense face à un prédateur, les chamois et les isards placent leur salut dans la fuite. Avant l’arrivée et l’explosion démographique des loups, peu de prédateurs s’intéressaient à ces animaux, si ce n’est les chiens errants ou l’aigle royal qui peut parfois tenter sa chance sur un nouveau-né. Mais le cours de la vie a changé et les chamois et isards paient aujourd’hui, et très cher, la présence de Canis lupus. Si on y ajoute les avalanches et coulées de neige printanières qui peuvent provoquer des coupes claires dans une chevrée, la survie de ces deux espèces est menacée.