Dans un style incisif, Dominique Bidou, ancien directeur au ministère de l'Environnement, critique, non pas l’utilité des rapports des agences gouvernementales, mais leurs publications trop tardives, rendant ainsi leur impact sur les politiques publiques pratiquement nul. Citant des exemples, il rappelle le rapport sur les nouvelles technologies génomiques (NTG) prônant la prudence, resté soigneusement ignoré jusqu'à ce que la France, sans ciller, approuve sans réserve les propositions de la Commission européenne. Quel dommage ! Auparavant, le rapport sur le glyphosate, prêt depuis 2016, avait sombré dans l'oubli bureaucratique, ne voyant la lumière qu'à la suite d'une injonction pour non-divulgation de documents administratifs. Et maintenant, c'est le rapport sur les effets des pyréthrinoïdes pendant la grossesse sur le neurodéveloppement des enfants, daté de février 2025 mais publié seulement le 24 avril, qui aurait dû guider les législateurs lors de l'élaboration de la loi de mars 2025 sur la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture. Trop tard, encore une fois ! Face à cette cascade de retards et d'inactions, la solution évidente, selon Dominique Bidou, serait de faire des économies en supprimant ces organismes incapables de protéger efficacement les citoyens des dangers évidents qui les menacent. Une telle décision donnerait raison à ceux qui voient, dans les mesures environnementales, des entraves nuisibles à la prospérité économique, ignorant ainsi le coût bien supérieur de la détérioration de l'environnement par rapport aux coûts des mesures préventives. Comme l'a souligné un commissaire européen lors d'un débat parlementaire sur la restauration de la nature, chaque euro investi dans l'environnement rapporte au moins huit euros en retour. Les politiques environnementales sont donc non seulement rentables, mais indispensables, même si elles dérangent ceux qui préféreraient que rien ne change. L'auteur appelle donc instamment les pouvoirs publics à utiliser efficacement les rapports des agences comme l'ANSES, l'INSERM et l'INRAE pour orienter les politiques, plutôt que de sacrifier la santé et l'environnement au profit d'illusions économiques à court terme... et qui coûteront cher à long terme.