Dans le paragraphe consacré au début du rut, les auteurs s’expriment en ces termes : « Fin août, les cerfs adultes âgés de plus de cinq ans deviennent progressivement intolérants entre eux… Un par un, ils quittent leurs territoires habituels, certains allant directement vers leurs zones traditionnelles de brame ». Comme le montre le graphique sur les séquences de raires, l’activité de rut débute bien avant les premières manifestations de brame. Du point de vue physiologique, comme l’indique l’étude précitée, « la recherche sur les modifications hormonales au début de l’activité de reproduction chez les cerfs, montre que les niveaux de testostérone montent en flèche, déclenchant d’abord le dépouillement des bois, et par la suite, les augmentations saisonnières de la taille des daintiers (testicules des cervidés), le développement de la crinière et des muscles du cou ». Toujours dans le domaine physiologique, le brame interroge, ou plus précisément le brame a-t-il une signification particulière ? De nombreuses études ont été menées ici et là pour analyser ce cri, tout d’abord enregistré, puis numérisé, afin de tenter de percer les éventuels secrets des ondes qui le constituent. Ces signaux sonores ont été livrés à tous les instruments électroniques dédiés à l’analyse des spectres de fréquence et, dans le cas présent, aux raires. Les résultats de ces analyses montrent que la modulation de la voix fait bien partie du langage que constitue le brame. Cette modulation, associée à la fréquence, semblent les classer au sein de différentes familles (victoire, colère, voire défi). Si cette interprétation n’est pas absolument garantie, une chose est certaine, le timbre du cerf monte dans les graves au gré de son vieillissement. Cependant, un cerf dont la voix est placée très bas dans les graves n’est pas forcément vieux. La régularité éventuelle du brame suscite également des interrogations : le brame est-il régulier d’un jour à l’autre ? Pour ce paramètre, l’électronique est impuissante, et l’observation humaine reste la mère des vertus. En tout état de cause, la régularité d’un jour à l’autre dépend de nombreux paramètres supposés, comme le nombre de biches en chaleur ou la concurrence entre les mâles. Le brame du cerf suscite de plus en plus de curiosité de la part du grand public. Cela ne va d’ailleurs pas sans poser des problèmes de tranquillité pour les animaux, et de sécurité pour la circulation. Devant certaines situations devenues difficiles à gérer, des maires ont pris des arrêtés de restriction de circulation pendant le rut… et ce ne sont pas les grands cervidés qui s’en plaindront !