Adapté aux territoires
Si on ajoute à ces critères physiques du chien, la qualité de la voie, chaude ou ancienne, les récris seront plus ou moins espacés, nuancés d’espoir ou de désappointement, lancés dans des fréquences de gammes plus ou moins hautes, que seul, un maître attentif à sa meute, pourra déchiffrer. Des abois en forme de complainte, à la menée à vue, le chien de chasse « chantera » bien différemment derrière l’animal qu’il brigue. De la quête du vrai chien courant « qui poursuit en donnant de la voix un gibier qu’il ne voit pas », aux petits chiens qui n’ont du « courant » que ce leurs maîtres veulent bien en interpréter, et qui donnent généreusement de la voix seulement « à vue », les moments forts de la battue seront bien divergents. De quelques secondes intenses, il est vrai pour ces derniers, aux menées de plusieurs heures pour les premiers, les modes et surtout l’environnement exigeront des auxiliaires adaptés aux territoires. Des chiens lourds et bien gorgés pour les grands massifs de plaine, des chiens plus légers pour la moyenne montagne, des chiens de « petit pied » pour les territoires restreints, les chasseurs trouveront dans nos belles races sélectionnées de quoi satisfaire leur passion de la chasse et leur attachement aux chiens, cette meilleure moitié de l’Homme. C’est donc instinctivement que le chien court après le gibier, exploitant ce sens primitif qui subsiste à l’état latent chez tous les canidés, exacerbé souvent par l’éducation et le dressage, mais qui peut être atténué, voire disparaître par la suite d’accumulation d’habitudes inverses, qui peuvent émousser sa sensibilité émotionnelle. C’est malheureusement ce qui se passe dans les sélections qui, pour coller au plus près des standards établis conventionnellement, ont tendance à privilégier aujourd’hui, la beauté sur le travail. Nos races actuelles sont de détermination récente, il ne faudrait pas qu’elles en soient définitivement figées, au risque de trop s’éloigner des réalités du terrain. Et ce ne sont pas les sélectionneurs et éleveurs qui ont mélangé les races pour en fixer les meilleures qualités qui nous contrediront.
Les voies…
Elles ne sont pas toutes impénétrables, et celles-ci indiquent le passage d’un animal de chasse par les empreintes et le sentiment :
- voie de bon temps (ou chaude) : voie fraîche de moins de deux heures,
- voie de vieux temps (ou froide) : voie ancienne de plusieurs heures,
- voie du relevé ou de hautes erres : voie de la veille,
- voie doublée : voie d’un animal qui a effectué un contre pied,
- voie de beau revoir : voie bien marquée sur une terre « amoureuse »,
- voie surplée : voie lavée par la pluie,
- voie surneigée : voie recouverte d’une mince pellicule de neige ou de givre,
- voie lavée : voie d’un animal qui a été à l’eau et qui « lessive » son volcelest,
- voie réchauffée : voie sur laquelle le soleil a redonné du sentiment,
- voie de change : voie différente de celle de l’animal de chasse,
- Collé à la voie : chien qui suit parfaitement les traces du gibier qu’il poursuit,
- voie balancée : voie difficile sur laquelle le chien travaille de droite à gauche,
- voie de contre : chien qui part sur le contre pied de l’animal de chasse,
- voie de créance : chien qui travaille sur un gibier unique, en toute confiance,
- suraller la voie : se dit d’un chien qui rencontre une voie sans en donner connaissance…