Alors que l’on recensait dans les Pyrénées, en 2022, la présence de 76 ours responsables de 331 attaques pour 590 animaux tués ou blessés, et un coût de 12,6 millions d’euros (soit la bagatelle de 165 789 € par ours), la projection que vient d’établir l’Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) et le Conseil Général de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Espaces Ruraux (CGAAER), interpelle. Se basant sur la dynamique de la population ursine dans la cordillère cantabrique en Espagne, ces deux institutions recommandent : « de préparer les Pyrénées à la possibilité d'accueillir 350 ours à l'horizon 2050, notamment sur les territoires où ils ne sont pas actuellement présents », et ils précisent également : « il conviendra de réviser le protocole de gestion des ours « en difficulté ou dangereux » dans la perspective de rencontres entre humains et ours potentiellement plus nombreuses… ». Et ils tirent de leurs travaux ces éléments que les éleveurs pyrénéens apprécieront :
- la cohabitation ou coexistence de l’ours avec les activités humaines en général et agricoles en particulier est sensible partout, mais ne constitue pas systématiquement un sujet politique.
- les mesures de protection mises en œuvre dans les différents pays sont toujours issues du triptyque : clôtures, chiens et bergers. Elles sont adaptées aux situations nationales ou locales et la mission n’a pas identifié d’autre mesure efficace qui pourrait être mise en œuvre en France.
- l’effarouchement des ours ne constitue pas un sujet de crispation comme en France, l’effarouchement de femelles gravides n’est notamment pas un sujet.
- le parangonnage ne permet pas de comprendre pourquoi le nombre d’animaux tués ou blessés par les ours est beaucoup plus important dans les Pyrénées qu’ailleurs, même si le mode d’élevage pastoral spécifique à la France, la taille et le nombre des troupeaux semblent être des facteurs déterminants.
- il met par contre en évidence l’importance des dégâts sur les ruches, les cultures fruitières et vivrières ainsi que les déchets (ordures).
- les autres pays ou régions étudiés ne conditionnent pas le paiement des indemnisations à la vérification de l’efficacité des mesures de protection, à l’exception de la Slovénie et du Trentin, sans que la mission ait pu vérifier la mise en œuvre de cette disposition.
- aucun des pays ou régions étudiés ne finance, comme la France, les salaires de bergers supplémentaires (30% du coût des mesures de protection en France).
- la mise à disposition des informations liées à l’ours est souvent mieux réalisée dans d’autres pays, ce qui renforce la confiance vis-à-vis des institutions publiques.
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