Des carcasses d’impalas, de koudous et de gnous suspendus à un rail d’abattoir attendent d’être transformées en steaks, saucisses et burgers… « Nous voulons ajouter une dimension à nos assiettes en proposant de la viande de gibier biologique » a expliqué Khorommbi Matibe, responsable « économie de la biodiversité » au ministère de l’Environnement sud-africain. Le but, pour sauver la faune sauvage et aider à sa conservation, étant de développer un secteur créateur d’emplois, et de fait, par ceux qui en bénéficient de protéger leurs revenus, c’est-à-dire la faune sauvage, intelligemment et efficacement gérée. Destination privilégiée du tourisme animalier, cynégétique et photographique, l’Afrique du Sud produit actuellement 60 000 tonnes de viande de gibier par an, mais seule une petite partie (environ 10%, dont 5% partent à l’exportation) finit dans les boucheries et supermarchés. C’est dire que, selon le gouvernement, 90% de cette ressource naturelle sont chassés et consommés de manière informelle. En 2022, un peu plus de 3 000 tonnes d’autruches, de crocodiles et de zèbres ont été expédiées vers l’Union européenne, la Chine et les Emirats arabes unis. En mars dernier, le gouvernement sud-africain a indiqué vouloir booster le secteur, qui, de 225 millions d’€ en 2020, passerait à 1,3 milliard d’€ à l’horizon 2035. Prenant à contrepied les « protecteurs des animaux » qui ne font qu’aggraver la situation, l’Afrique du Sud a développé, de longue date, une approche de la conservation fondée sur l’idée que les fermiers sont plus enclins à s’occuper de la faune sauvage s’ils peuvent en tirer profit. Le fameux « si ça paie, ça reste… » étant de plus en plus à l’ordre du jour, les effets secondaires, non visibles, sont bénéfiques pour la planète car pour nourrir le gibier, pas besoin de défricher ni de déboiser, et il rejette beaucoup moins de méthane que le bétail, source importante d’émissions de gaz à effet de serre. « Le nombre d’animaux sauvages est passé d’environ 500 000 dans les années 1960, à plus de 20 millions aujourd’hui… » a rappelé Khorommbi Matibe.
alabillebaude
La chasse... demain !